Syphilis
Syphilis

Due à la bactérie Treponema pallidum, la syphilis se transmet par voie sexuelle. Elle peut également se transmettre de la mère à l’enfant au cours de la grossesse. Cette pathologie peut affecter tous les organes et avoir de graves conséquences si elle n’est pas dépistée et traitée.

Mis à jour le 29 novembre 2023

Syphilis : données

Activité de dépistage 

Dépistages remboursés en secteur privé et en secteur public hors hospitalisations (SNDS)

En 2022, 3,1 millions de personnes de 15 ans et plus ont été dépistées au moins une fois pour une recherche de syphilis, soit un taux national de dépistage de 55 pour 1 000 habitants de 15 ans et plus (Figure 1). 

Les deux tiers des personnes dépistées en 2022 sont des femmes, proportion élevée expliquée en partie par le dépistage obligatoire de la syphilis pendant la grossesse. Le taux de dépistage est ainsi près de deux fois plus élevé chez celles-ci (70 pour 1 000) que chez les hommes (39 pour 1 000). Le taux de dépistage est plus important chez les 26-49 ans : 130 pour 1 000 chez les femmes et 62 pour 1 000 chez les hommes.

Figure 1 : Taux de dépistage de la syphilis par sexe et âge chez les 15 ans et plus (personnes dépistées au moins une fois dans l'année pour 1 000 habitants), France, 2014-2022
Figure 1 : Taux de dépistage de la syphilis par sexe et âge chez les 15 ans et plus (personnes dépistées au moins une fois dans l'année pour 1 000 habitants), France, 2014-2022
Source : Assurance maladie, Système national des données de santé (SNDS). Exploitation par Santé publique France

Entre 2014 et 2022, le taux de personnes dépistées au moins une fois dans l’année pour une syphilis a augmenté de 66%. L’augmentation a été plus marquée chez les jeunes hommes de 15 à 25 ans (+155%). Après une diminution du taux de dépistage de la syphilis en 2020, en lien avec l’épidémie de Covid-19, ce taux a ré-augmenté pour atteindre un niveau supérieur en 2022 à celui de 2019 (+11%). Comme pour le dépistage des autres IST bactériennes, c’est en Guyane que le taux de dépistage de la syphilis est le plus élevé (151 pour 1 000), suivi par les autres DROM (entre 102 et 130, à l’exception de Mayotte), puis de l’Ile-de-France (72) (Figure 2).

Figure 2 : Taux de dépistage de la syphilis par région de domicile chez les 15 ans et plus (personnes dépistées au moins une fois dans l'année pour 1 000 habitants), France, 2022
Figure 2 : Taux de dépistage de la syphilis par région de domicile chez les 15 ans et plus (personnes dépistées au moins une fois dans l'année pour 1 000 habitants), France, 2022
Source : Assurance maladie, Système national des données de santé (SNDS). Exploitation par Santé publique France

Dépistages en CeGIDD (données des RAP)

En complément de ces dépistages remboursés par l’Assurance maladie, environ 253 000 dépistages gratuits de syphilis ont été réalisés en CeGIDD en 2022. Ce nombre, qui était en augmentation entre 2016 et 2019, a fortement diminué en 2020 et n’a pas retrouvé encore le niveau de 2019 (-7% entre 2019 et 2022) (Figure 3). Mais compte-tenu de la diminution du nombre de CeGIDD ayant transmis des données IST via les RAP entre ces deux années, il est difficile d’être certain de cette tendance.

Figure 3. Evolution du nombre et du taux de positivité des dépistages de la syphilis en CeGIDD, chez les hommes et femmes cis, France, 2016-2022
Figure 3. Evolution du nombre et du taux de positivité des dépistages de la syphilis en CeGIDD, chez les hommes et femmes cis, France, 2016-2022
Source : données des rapports d’activité et performance (RAP) des CeGIDD. Exploitation Santé publique France

Évolution du nombre de cas, du taux d'incidence et du taux de positivité 

Infections diagnostiquées en secteur privé et traitées (SNDS)

En 2022, le nombre de personnes de 15 ans et plus diagnostiquées pour une syphilis au moins une fois dans l’année en secteur privé a été estimé à environ 6 000, soit une augmentation de 27% par rapport à 2019. 

Le taux d’incidence des cas diagnostiqués avec une syphilis en 2022 (personnes diagnostiquées au moins une fois dans l’année) est de 10 pour 100 000 personnes âgées de 15 ans et plus. Ce taux est en augmentation, de façon plus marquée en 2022, en particulier chez les hommes. Il reste plus élevé chez les 26 à 49 ans (18 pour 100 000), les hommes de 26 à 49 ans présentant les taux les plus élevés (34 pour 100 000) (Figure 4). 

Le taux d’incidence en 2022 est élevé dans les DROM à l’exception de Mayotte, notamment en Guyane et en Guadeloupe (respectivement 23 et 20 pour 100 000). En métropole, les taux les plus élevés sont observés en Ile-de-France (23 pour 100 000), puis en Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie (Figure 5).

Figure 4. Evolution du taux d’incidence des diagnostics de syphilis en secteur privé par sexe et âge, chez les 15 ans et plus (personnes diagnostiquées au moins une fois dans l'année pour 100 000 habitants), France, 2014-2022
Figure 4. Evolution du taux d’incidence des diagnostics de syphilis en secteur privé par sexe et âge, chez les 15 ans et plus (personnes diagnostiquées au moins une fois dans l'année pour 100 000 habitants), France, 2014-2022
Données non interprétables jusqu’en 2018 en raison de la rupture d’extencilline | Source : Assurance maladie, Système national des données de santé (SNDS). Exploitation par Santé publique France
Figure 5. Taux d’incidence des diagnostics de syphilis en secteur privé, par région de domicile chez les 15 ans et plus (personnes diagnostiquées au moins une fois dans l'année pour 100 000 habitants), France, 2022
Figure 5. Taux d’incidence des diagnostics de syphilis en secteur privé, par région de domicile chez les 15 ans et plus (personnes diagnostiquées au moins une fois dans l'année pour 100 000 habitants), France, 2022
Source : Assurance maladie, Système national des données de santé (SNDS). Exploitation par Santé publique France

Infections diagnostiquées en CeGIDD (données des RAP et SurCeGIDD)

Le nombre de syphilis diagnostiquées en CeGIDD est d’environ 4 100 en 2022, nombre qui est assez stable sur la période 2016-2021 mais a augmenté de 26% entre 2021 et 2022. 

Le taux de positivité des dépistages, égal à 1,6% en 2022, est stable depuis 2016. Chez les femmes cis, hormis une augmentation du taux de positivité en 2020 liée à la diminution des dépistages, ce taux est stable également (0,4% en 2022) (Figure 23). Chez les hommes cis, le taux de positivité est de 2,2% en 2022 et a augmenté par rapport à 2019 pour réatteindre le niveau de 2017. Chez les personnes trans, le taux est de 4,8% en 2022. 

En 2022, les taux de positivité des dépistages de syphilis en CeGIDD sont les plus élevés à La Réunion (4,3%) et en Occitanie (3,1%) (Figure 6). 

Lorsque l’information sur le sexe des partenaires est disponible, le taux de positivité est 8 fois plus élevé chez les HSH que chez les hommes hétérosexuels et que chez les femmes hétérosexuelles.

Figure 6. Taux de positivité des diagnostics de syphilis en CeGIDD, par région des CeGIDD, chez les 15 ans et plus, France, 2022
Figure 6. Taux de positivité des diagnostics de syphilis en CeGIDD, par région des CeGIDD, chez les 15 ans et plus, France, 2022
Source : données des rapports d’activité et performance (RAP) des CeGIDD. Exploitation Santé publique France.

Caractéristiques des cas de syphilis diagnostiqués en CeGIDD et en médecine générale

En CeGIDD (SurCeGIDD et ResIST)

Les cas de syphilis récente diagnostiqués en CeGIDD en 2022 ont concerné 91% d’hommes cis, 8% de femmes cis et 1% de personnes trans (Tableau). L’âge médian des personnes diagnostiquées pour cette IST est de 34 ans : 34 ans chez les hommes cis, 24 ans chez les femmes cis et 35 ans chez les personnes trans. La majorité des cas (59%) était âgée de 26 à 49 ans. Parmi les personnes pour lesquelles l’information était disponible, 25% étaient nées à l’étranger. Les HSH représentaient 80% des cas, les hommes hétérosexuels 11%, les femmes hétérosexuelles 7% et les femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes 1,5%. La majorité des patients (87%) avaient eu au moins 2 partenaires sexuels au cours des 12 derniers mois. Des signes cliniques d’IST étaient identifiés lors de la consultation dans moins de la moitié des cas (41%). Un antécédent d’IST bactérienne au cours des 12 derniers mois était déclaré par 53% des patients. Une séropositivité VIH a été découverte de façon concomitante au diagnostic de syphilis chez 1,6 % des patients. La syphilis était diagnostiquée à un stade primaire dans 64% des cas, tandis qu’elle était diagnostiquée à un stade secondaire dans 16% des cas et latent précoce dans 19% des cas.

En médecine générale (réseau Sentinelles)

Les caractéristiques des cas de syphilis diagnostiqués en médecine générale en 2022, quel que soit leur stade, étaient assez similaires à celles des cas diagnostiqués en CeGIDD. Les hommes représentaient 84% des cas déclarés, dont 82% étaient des HSH (71% de l’ensemble des cas) [4]. Les personnes nées à l’étranger représentaient 14% des cas. Dans l’année précédant le diagnostic, 10% des patients avaient déjà eu une IST bactérienne et 69% déclaraient au moins 2 partenaires sexuels. Parmi l’ensemble des cas, 28% étaient connus comme séropositifs pour le VIH. La syphilis était diagnostiquée à un stade récent dans 76% des cas, tardif dans 11% et indéterminé dans 13%.

Cas de syphilis congénitale

L’OMS a fixé un objectif d’élimination de la syphilis congénitale, avec une cible pour la région Europe de moins de 10 cas pour 100 000 naissances vivantes en 2025 et de moins de 1 cas pour 100 000 en 2030.

Les données disponibles actuellement en France ne permettent pas de préciser la fréquence exacte de la syphilis congénitale. A partir des données extraites de la base PMSI sur la période 2004-2007, entre 4 et 6 cas de syphilis congénitale par an avaient pu être confirmés par les établissements de soins. Le nombre de cas identifiés en 2007 correspondait à un taux de prévalence de 0,7 pour 100 000 naissances vivantes. Les données recueillies ont montré qu’un peu plus de deux tiers des femmes n’avaient pas bénéficié de suivi durant leur grossesse. Les données du PMSI ont été à nouveau exploitées sur la période 2012-2019 et les cas repérés ont fait également l’objet d’une validation auprès des établissements de soins. Le nombre de cas repérés varie entre 21 et 46 selon les années. Globalement, 57% de ces cas ont été confirmés comme des cas de syphilis congénitale par les établissements ayant répondu à la demande de validation. Cette nouvelle exploitation du PMSI semble donc indiquer un nombre annuel de cas plus important que durant les années 2000. 

La Guyane connait une situation particulière qui est suivie avec attention localement, avec une recrudescence de cas de syphilis congénitale constatée dans les données du PMSI sur les années récentes, suite à une alerte lancée en 2022 par les médecins du Centre hospitalier de l’Ouest guyanais. 

Ces constats doivent absolument inciter les professionnels de santé à vérifier dans le dossier médical des femmes enceintes, en cours de grossesse, à l’accouchement et avant la sortie de la maternité, que des résultats d’une sérologie syphilis y figurent et à la prescrire à nouveau en cas d’exposition à risque.

IPLESP, Inserm-Sorbonne Université. Bilan d’activité 2021 du réseau Sentinelles.