Hépatites aiguës pédiatriques d’origine inconnue

Tout savoir sur la surveillance mise en place autour des cas d’hépatites aiguës pédiatriques sévères d’origine inconnue rapportés en France et dans à l’international. Points de situation et bilan des cas investigués.

Publié le 26 octobre 2022

A la suite du signalement partagé par le Royaume-Uni relatif à des cas d’hépatites aiguës sévères d’origine inconnue chez de jeunes enfants début avril 2022, un circuit de signalement spécifique de cas possibles a rapidement été mis en place en France pour détecter un éventuel signal similaire sur le territoire. Face à l’absence d’excès de cas identifié en France et à la diminution très importante du nombre de cas signalés par le Royaume-Uni depuis le mois de juin 2022, ce circuit spécifique de signalement des cas est suspendu depuis le 01/10/22, mais la surveillance syndromique et les liens avec les partenaires hépato-pédiatres, hépatologues et virologues sont maintenus pour détecter tout signal inhabituel.

Le 5 avril 2022, le Royaume-Uni a rapporté à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) une augmentation inhabituelle d’hépatites aiguës sévères d’origine inconnue, chez des enfants par ailleurs en bonne santé âgés de moins de 10 ans. Ces hépatites n’étaient pas dues aux virus des hépatites A, B, C, Delta ou E et les autres causes les plus connues d’hépatite aiguë n’ont pas été retrouvées (causes médicamenteuses, dysfonctionnements immunitaires, etc.).

Dès réception de ce signal, Santé publique France a sollicité ses partenaires du réseau national de santé publique : Groupe francophone de réanimation et d’urgences pédiatriques, Société Française de Pédiatrie, Société Française d’hépatologie, Centres nationaux de référence des Hépatites B/C/delta, des Hépatites A/E, des virus des gastro-entérites et des virus des infections respiratoires. Un groupe d’experts constitués d’hépato-pédiatres des quatre centres de transplantation hépatique pédiatrique en France (Necker, Bicêtre, Marseille, Lyon), d’hépatologues, de virologues et d’épidémiologistes a ainsi été constitué.

Un circuit de signalement de cas possibles a été mis en place en France pour détecter un éventuel signal similaire sur le territoire, décrire et explorer les éventuels cas détectés. Une définition de cas, une conduite à tenir et des points de situation ont été produits et mis à disposition sur notre site internet tout au long des investigations. Plusieurs cas possibles ont été signalés par les équipes médicales depuis la mise en place de la surveillance sur le territoire national.

Cas d'hépatites aiguës pédiatriques : bilan au 01/10/2022 en France et à l’international

En France :

Dix cas possibles ont été signalés depuis le 3 mai 2022. Il s’agissait de 4 filles et 6 garçons âgés de 2 mois à 14 ans ayant présenté un tableau d’hépatite aiguë entre le 1er janvier et le 7 juillet 2022. Six enfants présentaient au moins un examen microbiologique positif à Adenovirus associé ou non à une maladie sous-jacente connue ou en cours d’exploration, un présentait une infection à SARS-CoV-2 et pour les trois autres aucune étiologie n’était retrouvée lors du bilan initial recommandé. Aucun de ces enfants n’a été transplanté et aucun n’est décédé. Pour 4 enfants sur les 10, les analyses complémentaires réalisées (analyses de métagénomique) n’ont pas permis d’identifier un autre agent pathogène qui aurait pu provoquer une hépatite aiguë.

La majorité des signalements reçus par Santé publique France concernait des enfants présentant des pathologies sous-jacentes connues ou en cours d’exploration et ne correspondaient donc pas à la définition de cas en lien avec le signal international. Ces données étaient différentes de celles observées au Royaume-Uni où les enfants présentant une hépatite aiguë étaient, pour la majorité, en bonne santé par ailleurs.

Sur l’avis des experts hépato-pédiatres, hépatologues et virologues ayant participé au groupe de travail et aux réunions multidisciplinaires, les cas ayant été rapportés par le circuit de signalement, ne représentaient pas un événement inhabituel en France.

Les données sur les passages aux urgences pour hépatite d’étiologie inconnue du réseau OSCOUR® sont stables depuis le début de l’année 2022 et ne témoignent pas d‘un excès de cas. L'analyse des données du PMSI sur les 26 premières semaines de 2022 montre un nombre de séjours hospitaliers comparable au nombre moyen observé sur la même période de 2012 à 2021, quelle que soit la classe d'âge considérée.

A l’international :

  • Au 29 septembre 2022, 
    • 555 cas d’hépatite aiguë d’origine inconnue chez des enfants âgés de 16 ans ou moins ont été rapportés par 20 pays de l’Union Européenne et de l’Espace Economique Européen (277 cas) et le Royaume-Uni (278 cas).
    • 44 nouveaux cas ont été rapportés par rapport au bilan du 25 août avec une diminution importante et continue du nombre de cas rapportés.
  • Au 8 juillet 2022, 1 010 cas probables ont été rapportés par 35 pays dans cinq régions OMS, sans qu’il ne soit possible de savoir s’ils représentent un excès de cas ou s’il s’agit du nombre habituel de cas dans la plupart des pays. Aux Etats-Unis, les cas rapportés ne semblent pas représenter un excès par rapport aux années antérieures.

Dispositif de surveillance et circuit de signalement des cas possibles d’hépatites aiguës pédiatriques en France

Afin de suivre l’évolution des cas possibles signalés sur le territoire, Santé publique France a adapté sa surveillance. Un circuit spécifique de signalement des cas possibles en complément de la surveillance syndromique a été mis en place dès les premiers cas rapportés au Royaume-Uni. Depuis le 1er octobre 2022, ce dispositif est suspendu mais peut être réactivé si la situation devait évoluer. Actuellement, la surveillance des cas repose sur les données des passages aux urgences et les données d’hospitalisation afin de détecter tout événement inhabituel.

Etape 1 : mise en place d’un circuit spécifique de signalement des cas possibles et d’une surveillance syndromique

Le circuit de signalement et d’investigation des cas possibles s’appuyait sur un réseau de cliniciens et de laboratoires incluant les services de réanimation pédiatrique. Son objectif était de détecter sur le territoire un éventuel signal similaire à celui observé au Royaume-Uni.
Une définition de cas a été élaborée en collaboration avec les hépato-pédiatres et les virologues des trois Centres nationaux de référence impliqués. Ellene concernait que l’investigation épidémiologique de l’alerte internationale en cours et n’a modifié en aucun cas la prise en charge diagnostique, clinique et thérapeutique des enfants présentant une hépatite aiguë par les équipes médicales.

Par ailleurs, Santé publique France a régulièrement analysé :

  • les données de passages aux urgences du réseau OSCOUR® pour une sélection de codes diagnostiques compatibles avec une hépatite aiguë d’étiologie inconnue (excluant notamment les hépatites virales A à E) chez les enfants de moins de 18 ans afin d'identifier une éventuelle hausse inhabituelle de ces cas sur la période récente ;
  • les données d’hospitalisation (PMSI) pour pouvoir détecter une éventuelle augmentation du nombre de séjours hospitaliers compatibles avec une hépatite aiguë d’origine inconnue chez les enfants de moins de 18 ans.

Etape 2 : allègement du dispositif de surveillance

Le circuit de signalement dédié mis en place depuis le mois de mai 2022 par Santé publique France et ses partenaires est suspendu à compter du 1er octobre 2022 devant :

  • l’absence d’excès de cas identifié depuis le début de l’année 2022 en France, aussi bien dans les données de passage aux urgences du réseau OSCOUR® que les données d’hospitalisation, 
  • l’absence de signal rapporté par les hépato-pédiatres des centres de greffe hépatique français en termes de nombre de cas d’hépatites sévères touchant les enfants hospitalisés dans ces centres ou de présentation clinique particulière,
  • le nombre très faible de cas signalés avec des caractéristiques démographiques, cliniques et microbiologiques différentes des cas déclarés par le Royaume-Uni et semblant similaires aux caractéristiques des patients habituellement vus dans les services d’hépatologie pédiatrique,  
  • la diminution importante du nombre de cas signalés par le Royaume-Uni depuis le mois de juin 2022.

Ce dispositif pourra être facilement et rapidement réactivé si besoin. Pour cela, les liens avec les partenaires hépato-pédiatres, hépatologues et virologues seront maintenus pour détecter tout signal inhabituel pouvant faire évoquer un événement similaire à celui observé au Royaume-Uni. 
La surveillance de cet événement sera maintenant basée sur les analyses régulières des données de passages aux urgences du réseau OSCOUR® et des données d’hospitalisation (PMSI) pour détecter le plus précocement possible une éventuelle augmentation des recours aux urgences pour hépatite aiguë (excluant les hépatites virales A à E) chez les enfants.

A ce jour, les causes de l’excès de cas et l’étiologie des cas décrits au Royaume-Uni n’ont pas pu être déterminées avec certitude et le nombre de cas a diminué fortement sur les derniers mois. Santé publique France est en relation avec ses partenaires internationaux et notamment l’ECDC et l’OMS pour rester informée du suivi de ce signal, de la situation au Royaume-Uni ou de l’identification d’une cause.