Syphilis : données
Activité de dépistage
Dépistages remboursés en secteur privé et public, hors hospitalisations publiques (SNDS)
En 2023, 3,3 millions de personnes ont été dépistées au moins une fois pour une recherche de syphilis, soit un taux national de dépistage de 48 pour 1 000 habitants (Figure 1).
Les deux tiers des personnes dépistées en 2023 étaient des femmes, proportion élevée expliquée en partie par le dépistage obligatoire de la syphilis pendant la grossesse. Le taux de dépistage était ainsi près de deux fois plus élevé chez celles-ci (61 pour 1 000) que chez les hommes (34 pour 1 000). Le taux de dépistage était le même entre les femmes de 15-25 ans (135 pour 1 000) et celles de 26-49 ans (137 pour 1 000). Chez les hommes, la classe d’âge des 26-49 ans était la plus dépistée (68 pour 1 000).
Entre 2014 et 2023, le taux de personnes dépistées au moins une fois dans l’année pour une syphilis est passé de 28 à 48 pour 1 000. Sur les trois dernières années (2021-2023), le taux de dépistage a augmenté de 14%, l’augmentation ayant été plus marquée chez les hommes que chez les femmes (respectivement 21% vs 11%). Chez les femmes, l’augmentation a été la plus forte chez celles de 50 ans et plus (+26%).
Le taux de dépistage de la syphilis en 2023 était le plus élevé dans l’ensemble des DROM à l’exception de Mayotte : Martinique (124 pour 1 000), Guadeloupe (116), Guyane (112), Réunion (86). Dans l’hexagone, les taux étaient plus élevés en Ile-de-France, PACA et Occitanie (Figure 2).
Dépistages en CeGIDD
En complément des dépistages remboursés par l’Assurance maladie, environ 220 000 dépistages gratuits de syphilis ont été rapportés par les CeGIDD en 2023, dans le cadre de la surveillance SurCeGIDD. Ces dépistages ont concerné 66,0% d’hommes cis, 33,6% de femmes cis et 0,4% de personnes trans.
Évolution du nombre de cas, du taux d'incidence et du taux de positivité
Infections diagnostiquées en secteur privé et traitées (SNDS)
Le nombre de personnes diagnostiquées pour une syphilis au moins une fois dans l’année en secteur privé a augmenté depuis 2019. En 2023, le nombre de personnes diagnostiquées a été estimé à environ 5 800, soit une augmentation de 20% par rapport à 2021. Cette augmentation était plus marquée chez les femmes (+27%) que chez les hommes (+19%), notamment dans la classe d’âge des 50 ans et plus (+44% chez les femmes et +34% chez les hommes).
Le taux d’incidence des cas diagnostiqués avec une syphilis en 2023 (personnes diagnostiquées au moins une fois dans l’année) était de 8 pour 100 000, beaucoup plus élevé chez les hommes que chez les femmes (respectivement 16 vs 2 pour 100 000), notamment chez ceux de 26-49 ans (33 pour 100 000) (Figure 3).
Au niveau régional, les taux d’incidence les plus élevés en 2023 sont observés en Guyane (22 pour 100 000), en Ile-de-France (19), en Guadeloupe (13) et à la Réunion (12) (Figure 4).
Infections diagnostiquées en CeGIDD
Le nombre de syphilis récente rapporté par les CeGIDD dans le cadre de la surveillance SurCeGIDD est d’environ 2 500 en 2023.
Ces cas ont concerné 86% d’hommes cis, 12% de femmes cis et 2% de personnes trans (Tableau). L’âge médian des personnes diagnostiquées pour cette IST était de 34 ans : 35 ans chez les hommes cis, 25 ans chez les femmes cis et 30 ans chez les personnes trans. Parmi les personnes pour lesquelles l’information était disponible, 26% étaient nées à l’étranger. Les HSH représentaient 67% des cas, les hommes hétérosexuels 21%, les femmes hétérosexuelles 12% et les FSF 1%. La majorité des patients (83%) avaient eu au moins 2 partenaires sexuels au cours des 12 mois ayant précédé le diagnostic. Des signes cliniques d’IST étaient identifiés lors de la consultation dans 29% des cas. Une séropositivité VIH a été découverte de façon concomitante au diagnostic de syphilis chez 2,3% des cas. La syphilis était diagnostiquée à un stade primaire dans 60% des cas, tandis qu’elle était diagnostiquée à un stade secondaire dans 19% et latent précoce dans 21%.
Le taux de positivité des dépistages, égal à 1,6% en 2023, est stable par rapport à 2022 mais un peu plus élevé qu’en 2021 (1,3%). Lorsque l’information sur les pratiques sexuelles était disponible, le taux de positivité était 6 fois plus élevé chez les HSH (3,4%) que chez les hommes hétérosexuels (0,6%) et 8 fois plus élevé que chez les femmes hétérosexuelles (0,4%) (Figure 5).
En 2023, les taux de positivité des diagnostics de syphilis en CeGIDD étaient les plus élevés en Guyane (5%) (Figure 6) (donnée non disponible pour Mayotte, la Bretagne et les Hauts-de-France).
Cas de syphilis congénitale
L’OMS a fixé un objectif d’élimination de la syphilis congénitale, avec une cible pour la région Europe de moins de 10 cas pour 100 000 naissances vivantes en 2025 et de moins de 1 cas pour 100 000 en 2030.
Les données disponibles actuellement en France ne permettent pas de préciser la fréquence exacte de la syphilis congénitale. A partir des données extraites de la base PMSI sur la période 2004-2007, entre 4 et 6 cas de syphilis congénitale par an avaient pu être confirmés par les établissements de soins. Le nombre de cas identifiés en 2007 correspondait à un taux de 0,7 pour 100 000 naissances vivantes. Les données recueillies ont montré qu’un peu plus de deux tiers des mères n’avaient pas bénéficié de suivi durant leur grossesse. Les données du PMSI ont été à nouveau exploitées sur la période 2012-2019 et les cas repérés ont fait également l’objet d’une validation auprès des établissements de soins. Le taux de réponse ne permet pas de disposer d’une estimation fiable de l'incidence, mais le nombre annuel de cas confirmés de syphilis congénitale est néanmoins plus important que durant les années 2000. Une nouvelle enquête sera lancée d’ici la fin de l’année 2024 afin de recueillir le nombre et les caractéristiques des cas survenus en 2023.
La Guyane connait une situation particulière qui est suivie avec attention localement, en raison d’une recrudescence de cas de syphilis congénitale constatée depuis 2020 sur l’ensemble du territoire et plus particulièrement dans l’Ouest guyanais. Afin de promouvoir et faciliter le dépistage de la syphilis, un arrêté dérogatoire a autorisé l’utilisation du TROD combiné VIH/syphilis.
Ces constats doivent absolument inciter les professionnels de santé à vérifier dans le dossier médical des femmes enceintes, en cours de grossesse, à l’accouchement et avant la sortie de la maternité, que des résultats d’une sérologie syphilis y figurent et à la re-prescrire durant la grossesse en cas d’exposition à risque.