Gonococcie : données
Activité de dépistage
Dépistages remboursés en secteurs privé et public, hors hospitalisations publiques (SNDS)
En 2024, 3,7 millions de personnes ont été dépistées au moins une fois pour la gonococcie, soit un taux national de dépistage de 54 pour 1 000 habitants (Figure 1).
Près des trois quarts des personnes dépistées étaient des femmes, avec un taux de dépistage près de 2,5 plus élevé chez celles-ci (75 pour 1 000) que chez les hommes (31 pour 1 000). Le taux de dépistage était encore plus important chez les femmes de 15 à 25 ans (164 pour 1 000). Ce taux de dépistage est proche de celui des femmes de 26 à 49 ans (157 pour 1 000).
Entre 2017 et 2024, le taux de personnes dépistées au moins une fois dans l’année pour une gonococcie a fortement augmenté (+121%), de façon plus marquée chez les hommes que chez les femmes. Entre 2022 et 2024, une augmentation de 26% de ce taux a été observée (37% chez les hommes et 22% chez les femmes). Cette augmentation est plus importante chez les hommes de 15 à 25 ans (+47%) et ceux de 50 ans et plus (+43%). Cette augmentation est très marquée également chez les femmes de 15-25 ans (+42%).
Parmi les jeunes de 15 à 25 ans, les 15-17 ans sont moins fréquemment dépistés que les 18-25 ans (23 vs 140 pour 1 000). Cependant, leur taux de dépistage a également été multiplié par trois entre 2017 et 2024 (+26% entre 2022 et 2024).

En 2024, le taux de dépistage des gonococcies était plus élevé dans les DROM (116 pour 1 000 en Guyane, 104 pour 1 000 en Guadeloupe, 102 pour 1 000 à La Réunion et 100 pour 1 000 en Martinique). En France hexagonale, ce taux était plus important en Île-de-France (64 pour 1 000), en PACA (61 pour 1 000) et en Occitanie (58 pour 1 000) (Figure 2).

Dépistages en CeGIDD (SurCeGIDD)
Environ 305 000 dépistages gratuits d’infection à gonocoque ont été réalisés par les CeGIDD en 2024. Les deux tiers des personnes dépistées étaient des hommes cis (65,4%), 34,2% des femmes cis et 0,4% des personnes trans.
Evolution du nombre de cas, taux d’incidence et taux de positivité
Étude de prévalence des IST (PrévIST) en 2023
Un seul diagnostic de gonococcie a été confirmé parmi les 4 871 participants (de 18 à 59 ans) à l’étude en France hexagonale, ce qui n’a pas permis d’estimer la prévalence de l’infection dans cette population.
Infections diagnostiquées en secteur privé et traitées (SNDS)
Le nombre de personnes diagnostiquées et traitées pour une infection à gonocoque au moins une fois dans l’année en secteur privé a régulièrement augmenté depuis 2014. En 2024, ce nombre a été estimé à environ 25 800, soit une augmentation de 36% par rapport à 2022.
En 2024, le taux d’incidence des infections à gonocoque diagnostiquées et traitées était de 38 pour 100 000, plus élevé chez les hommes que chez les femmes (55 vs 21). Comme les années précédentes, ce taux était beaucoup plus important chez les hommes de 26 à 49 ans (122 pour 100 000) (Figure 3). Parmi les femmes, celles de 15 à 25 ans présentaient le taux le plus élevé (79 pour 100 000), proche de celui des hommes du même âge (85 pour 100 000).
Le taux d’incidence a augmenté de 35% entre 2022 et 2024. Cette augmentation était plus marquée chez les hommes (+40%) que chez les femmes (+25%), notamment chez ceux de 15 à 25 ans (+51%).
Parmi ces jeunes de 15 à 25 ans, les 15-17 ans avaient un taux d’incidence 11 fois moins important que les 18-25 ans (10 vs 111 pour 100 000). Ce taux a augmenté de 15% entre 2022 et 2024.

Le taux d’incidence en 2024, comme en 2023, était le plus élevé en Île-de-France (83 pour 100 000). Ce taux était également élevé dans les DROM (entre 50 et 58 pour 100 000) (Figure 4).

Infections diagnostiquées en CeGIDD (SurCeGIDD)
En 2024, le nombre de gonococcies rapporté par les CeGIDD est d’environ 13 500.
Parmi les personnes diagnostiquées, 84,9% étaient des hommes cis, 14,2% des femmes cis et 0,9% des personnes trans (Tableau 1). L’âge médian des personnes diagnostiquées pour cette IST était de 28 ans, les femmes cis étant plus jeunes (âge médian de 22 ans) par rapport aux personnes trans (30 ans) et aux hommes cis (29 ans). Parmi les personnes pour lesquelles l’information était disponible, 23% étaient nées à l’étranger. Les HSH représentaient 56% des cas, les hommes hétérosexuels 21%, les femmes hétérosexuelles 14% et les FSF 2%, tandis que 6% des cas ne rapportaient pas de rapport sexuel lors des 12 derniers mois. La grande majorité des cas (89%) avaient eu au moins 2 partenaires sexuels au cours des 12 mois ayant précédé le diagnostic. Lors de la consultation, des signes cliniques d’IST étaient identifiés dans 31% des cas.
En 2024, le taux de positivité des tests en CeGIDD, était de 4,6% (8,9% chez les personnes trans, 6,0% chez les hommes cis, et 1,9% chez les femmes cis). Ce taux a augmenté par rapport à celui de 2022 (4,2%), du fait d’une augmentation chez les hommes cis. Parmi les personnes dont les pratiques sexuelles étaient connues, le taux de positivité était particulièrement élevé chez les HSH (9,8%) par rapport aux hommes hétérosexuels (2,2%), aux FSF (2,2%) ou aux femmes hétérosexuelles (1,8%). Par rapport à 2022, l’augmentation du taux de positivité chez les hommes cis était notée aussi bien chez les HSH que chez les hommes hétérosexuels (Figure 5).

Les taux de positivité les plus élevés étaient observés en Guadeloupe (9,5%), Martinique (6,5%) et en Guyane (6,4%) et en Île-de-France (5,4%) (Figure 6) (donnée non disponible pour Mayotte).

Infections diagnostiquées en médecine générale (réseau Sentinelles)
En 2024, dans le réseau sentinelles, 141 cas d’infections à gonocoque ont été rapportés en médecine générale. La majorité des cas était des hommes (79%), et notamment des HSH (60%). La plupart des cas (82%) déclarait avoir eu au moins deux partenaires sexuels au cours des 12 derniers mois. Les personnes nées à l’étranger représentaient 15% des cas et l’âge médian des cas était 33 ans.
Dans l’année précédant le diagnostic, un antécédent d’IST avait été retrouvé pour 31% des cas. Des symptômes avaient motivé la prescription du test chez 51% des patients.
Tendances concernant la résistance du gonocoque
En 2024, l’enquête ENGON (707 souches analysées) a montré que les souches de gonocoque circulant en France hexagonale étaient très sensibles au traitement de première intention, la ceftriaxone (0,1% de résistance) et au cefixime (0,3% de résistance), avec cependant pour ce dernier antibiotique 20,9% de souches de sensibilité diminuée. La fréquence de la résistance à l’azithromycine (6,9%) était stable par rapport à 2023 (7,0%) et plus faible qu’en 2022 (11,6%) et 2021 (9,7%). Ce macrolide est moins utilisé depuis 2023 suite aux recommandations de traitement des gonococcies en monothérapie par ceftriaxone. La résistance du gonocoque aux fluoroquinolones (66,5%) et à la tétracycline (93,6%) restait très élevée en 2024.
Entre novembre 2022 et août 2023, 4 souches ultrarésistantes aux antibiotiques (XDR : résistantes à la ceftriaxone et haut niveau de résistance à l’azithromycine), avaient été identifiées ou confirmées par le CNR des IST bactériennes dans le cadre de son activité d’expertise. Trois autres souches XDR ont depuis été identifiées, une en décembre 2024, une autre en janvier 2025 et la dernière en septembre 2025. À ces souches XDR, s’ajoutent 3 autres souches résistantes à la ceftriaxone, pour un total de six souches résistantes à la ceftriaxone en moins d’un an. Elles sont décrites chez des patients avec une notion de rapport sexuel lors d’un voyage à l’étranger ou avec une personne revenant d’un tel voyage. Ces souches appartenaient à des clones différents suggérant l’existence de multiples réservoirs.
Dans l’étude ANRS 174 DOXYVAC, la DoxyPEP (doxycycline pris en post-exposition) n'a eu aucun impact observable sur la sensibilité du gonocoque à la ceftriaxone, à la ciprofloxacine et à l'azithromycine.



