Perturbateurs endocriniens

Les molécules qualifiées de perturbateurs endocriniens sont en augmentation et leur présence est ubiquitaire dans l’environnement. Leurs effets sur la santé humaine sont encore mal connus mais ils sont aujourd’hui largement suspectés de contribuer à de nombreuses pathologies chroniques ou développementales.

Mis à jour le 28 février 2022

Perturbateurs endocriniens : données

Santé publique France mesure l’exposition aux perturbateurs endocriniens des populations.

Au niveau national

Des niveaux d’exposition de la population différents selon les perturbateurs endocriniens

L'exposition de la population française à divers polluants de l'environnement a été estimée dans le volet environnemental de l’Étude nationale nutrition santé (ENNS) par la mesure de 42 biomarqueurs d'exposition. Ils correspondent à des contaminants chimiques de l'alimentation et de l'environnement retenus en fonction de leur intérêt en santé publique : 11 métaux, 6 PCB et trois familles de pesticides (organochlorés, organophosphorés et pyréthrinoïdes). Ces substances chimiques ou leurs métabolites ont été dosés dans des prélèvements de sang, d'urine, ou de cheveux.
Les résultats de cette étude indiquent pour les années 2006-2007, que la population française :

  • Présente des niveaux d'exposition aux métaux lourds et aux pesticides organochlorés globalement bas et conformes aux niveaux observés à l'étranger sauf pour le mercure 
  • Présente des niveaux d’exposition aux polychlorobiphényles (PCB) et à d'autres pesticides (paradichlorobenzène et pyréthrinoïdes) plus élevés que ceux observés aux États-Unis et en Allemagne 
  • Pour les PCB, une faible proportion de la population dépasse les seuils sanitaires malgré des niveaux plus élevés qu’à l’étranger.

Pour en savoir plus sur le volet environnemental de l’ENNS

rapport/synthèse

Exposition de la population française aux substances chimiques de l'environnement. Tome 1. Présentation générale de l'étude. Métaux et ...

rapport/synthèse

Exposition de la population française aux substances chimiques de l'environnement. Tome 2 - Polychlorobiphényles (PCB-NDL). Pesticides

Les femmes enceintes imprégnées par des perturbateurs endocriniens

Le volet périnatal du Programme national de biosurveillance a permis de décrire pour la première fois l’imprégnation des femmes enceintes françaises par certains polluants de l’environnement et de quantifier, lorsque cela était possible, les déterminants de ces niveaux d’imprégnation. Cette estimation repose sur le dosage de biomarqueurs dans des prélèvements biologiques recueillis en maternité chez des femmes ayant accouché en France continentale, en 2011.

Les résultats de cette étude montrent : 

  • Que la majorité des polluants étudiés, dont certains ont un potentiel perturbateur endocrinien avéré ou suspecté sont mesurés à des niveaux de concentrations quantifiables chez près de la totalité des femmes enceintes incluses dans l’étude. Ce constat confirme l’omniprésence des polluants de l’environnement recherchés, que ce soient les polluants d’origine naturelle et anthropique (plomb, mercure et autres métaux) ou les polluants d’origine anthropique uniquement (BPA, phtalates, PCB) pour lesquels les expositions sont plus récentes ;
  • Que certains niveaux d’imprégnation sont en baisse suite à la mise en place de réglementations strictes (plomb, atrazine, dioxines, furanes) ou de changements d’usages (pesticides organochlorés et organophosphorés) ;
  • Qu’il existe une sur-imprégnation au mercure, aux PCB et aux pyréthrinoïdes (présents par exemple dans les produits anti-poux, anti-puces, pesticides) ;
  • Que l’alimentation est la principale mais pas unique source d’exposition d’autres sources étant également présentes, notamment dans l’air intérieur et extérieur.

En savoir plus sur le volet périnatal du programme national de biosurveillance

rapport/synthèse

Imprégnation des femmes enceintes par les polluants de l'environnement en France en 2011. Volet périnatal du programme national de bios...

rapport/synthèse

Imprégnation des femmes enceintes par les polluants de l'environnement en France en 2011 : Volet périnatal du programme national de bio...

rapport/synthèse

Imprégnation des femmes enceintes par les polluants de l'environnement en France en 2011 - Tome 3 : synthèse et conclusions

L’étude Esteban (Étude de Santé sur l’Environnement, la Biosurveillance, l’Activité physique et la Nutrition) conduite en 2014-2016. 
Cette étude permettra de décrire l’exposition de la population âgée de 6 à 74 ans pour de nombreux polluants de l’environnement et de suivre l’évolution de l’exposition de la population adulte aux métaux, PCB et à certains pesticides depuis l’étude ENNS.

Les principaux résultats ont été publiés en 3 volets : polluants du quotidien, métaux et pesticides, PCB, dioxines-furanes.

Données de surveillance des effets des perturbateurs endocriniens sur la santé reproductive

Un premier bilan a été publié en 2018 avec une analyse combinée des 4 indicateurs du syndrome de dysgénésie testiculaire (qualité du sperme, hypospadias, cryptorchidies et cancer du testicule), présentant une altération progressive de la santé reproductive masculine en France, et ce probablement depuis les années 70 en ce qui concerne la qualité du sperme.

Les données sur la surveillance des cryptorchidies, de l’endométriose et du fibrome utérin sont disponibles. Des mises à jour des données sur la qualité du sperme et la puberté précoce centrale idiopathique sont prévues pour 2022. 

La dégradation des indicateurs suivis semble globalement en adéquation avec celle constatée au niveau international mais peut être soit le témoin d’une augmentation de l’incidence des pathologies, soit de la sensibilisation des populations voir des médecins à certaines maladies (meilleures prises en charge, détections ou connaissances des pathologies), ou une combinaison de chacune de ses hypothèses.

Chiffres clés de la surveillance de la santé reproductive

 Nombre de cas/anEvolution de l'incidenceTaux d'incidence(/10 000)Période d'analyse
Cryptorchidie7 000 +2,6% par an 262002-2014
Hypospadias3 000Pas d'évolution102002-2014
Qualité du sperme  -1,9% par an (baisse de la concentration spermatique) 1989-2005
Cancer du testicule 2 000+1,5% par an0,71998-2014
Endométriose 30 000+1,2% par an 10 (femmes âgées de 10 ans et plus)2011-2017
Fibrome utérin36 000Biaisée par l’augmentation de la prise en charge par médicament (+13% par an)17,1 (femmes âgées de 10 à 54 ans)2013-2017
Puberté précoce centrale idiopathique 1 500 +4,5% par an2,7 chez les filles et 0,2 chez les garçons2007-2017

 

Pour en savoir plus :

Au niveau local

Une exposition au chlordécone chez la quasi-totalité de la population antillaise

Parmi les pesticides ayant un caractère de perturbateur endocrinien, le chlordécone, pesticide désormais interdit, a été largement utilisée aux Antilles dans la culture de la banane.  
En réponse aux préoccupations exprimées par la population concernant les effets de la pollution par le chlordécone en Martinique et en Guadeloupe, le gouvernement français a mis en place les plans Chlordécone I (2008-2010) et II (2011-2013).
Dans la continuité des deux premiers plans, le plan Chlordécone III (2014-2020) a pour objet de poursuivre les actions engagées pour protéger la population (surveillance et recherche) mais aussi d’accompagner les professionnels fortement impactés par cette pollution. 

L’étude Kannari, mise en œuvre en 2013 par l’Anses, Santé publique France, les Observatoires régionaux de la santé avec l’appui des Agences Régionales de Santé de Martinique et de Guadeloupe, a permis de caractériser l’exposition au chlordécone de la population générale et de différentes sous-populations des Antilles préalablement identifiées comme étant potentiellement surexposées.
Les résultats de cette étude montrent principalement :

90%

Le chlordécone détecté chez 90% des participants à l’étude Kannari

  • Que le chlordécone a été détecté chez 90% des participants à l’étude. 
  • Que le niveau moyen de chlordécone dans le sang est comparable en Martinique et en Guadeloupe (0,14 et 0,13 μg/L). 
  • Que les niveaux sont contrastés au sein de la population d’étude : 5 % des participants ont un niveau d’imprégnation au moins dix fois plus élevé (> 1,24 μg/l) que le niveau moyen. 
  • Que depuis 2003, on observe une diminution de l’imprégnation par le chlordécone pour la majorité de la population mais le niveau des sujets les plus exposés ne diminue pas. 
  • Que la population générale et les travailleurs agricoles ont été et sont encore exposés à d’autres pesticides, potentiellement perturbateurs endocriniens.
En savoir plus

Imprégnation de la population antillaise par la chlordécone et certains composés organochlorés en 2013-2014 : Étude Kannari

En savoir plus

D’autres informations peuvent être retrouvées sur :