Paludisme et orpaillage illégal en Guyane : un enjeu majeur de santé publique

Publié le 7 mars 2017
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction : le nombre d'accès palustres diminue globalement en Guyane, alors que les orpailleurs travaillant sur les sites illégaux semblent particulièrement touchés par cette pathologie. Les objectifs de cette étude étaient de déterminer la prévalence du paludisme dans cette population, les comportements associés ainsi que le niveau de résistance des parasites vis-à-vis des dérivés de l'artémisinine. Matériel et méthodes : les inclusions ont eu lieu sur les sites de repli fréquentés par les orpailleurs le long du fleuve Maroni. Ont été effectués : un test de diagnostic rapide du paludisme, un questionnaire, un prélèvement sanguin pour PCR et un génotypage du gène pfK13 pour les PCR positives à Plasmodium falciparum. Résultats : de janvier à juin 2015, 421 orpailleurs ont été inclus, majoritairement des hommes (70,6%) brésiliens (93,8%). La prévalence du portage de plasmodies déterminée par PCR était en moyenne de 22,3% (IC95%: [18,3-26,3]), à 84% asymptomatiques. Les espèces identifiées étaient principalement P. falciparum (47,9%) puis P. vivax (37,2%), plus 10,6% de co-infections. Lors du dernier accès palustre, 52,4% des orpailleurs avaient eu recours à l'automédication, majoritairement avec des dérivés de l'artémisinine (93,8%) avec une mauvaise observance (37,8%). L'analyse du gène pfK13 n'a pas mis en évidence de mutations associées à la résistance à P. falciparum Discussion : la prévalence élevée de porteurs asymptomatiques de plasmodies constitue un réservoir important de transmission dans la région. L'utilisation massive de dérivés de l'artémisinine associée à une mauvaise observance des traitements sont des facteurs de risque d'émergence de résistance imposant des mesures rapides.

Auteur : Douine M, Musset L, Corlin F, Pelleau S, Lazrek Y, Mutricy L, Adenis A, Mosnier E, Djossou F, Demar M, Nacher M
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2017, n°. 6, p. 102-9