Compte tenu des budgets contraints, il est aujourd’hui essentiel de mettre l’accent sur des actions de promotion de la santé reconnues efficaces. C’est une exigence croissante des financeurs, qui obligent les acteurs de terrain à transformer leurs approches et leurs pratiques. Ce dossier de La Santé en action apporte un éclairage sur ces enjeux, à l’occasion du lancement, par l’agence, de Reperprev, le registre national qui répertorie les interventions de prévention efficaces ou prometteuses, selon un processus de sélection rigoureux et indépendant. Cette plateforme est semblable à d’autres en Europe, notamment celle portée par l’Institut national de santé publique des Pays-Bas. Dans une interview, une experte du registre néerlandais, créé en 2014, témoigne de la façon dont les services communautaires de santé sont fortement incités à l’utiliser, même s’il a fallu du temps pour que les spécialistes de la prévention s’approprient un tel outil de connaissances scientifiques et l’utilisent avec pertinence.
D’autres structures se mettent aussi en place pour guider les intervenants en prévention, à l’instar du Centre de ressources et de preuves de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) ; il propose des programmes robustes sur l’activité physique, la nutrition, la préservation des capacités cognitives afin de favoriser le « bien vieillir ».
La médiation en santé à l’épreuve de la preuve
L’efficacité des interventions en prévention doit être démontrée en contexte de vie, afin de garantir qu’elles apportent à la population les bénéfices attendus sur leur santé. C’est le but de l’évaluation, dont un article décrit les attendus. Le nombre d’actions évaluées restent faibles en France, la démarche étant complexe et coûteuse, mobilisant de nombreuses ressources (groupes témoins, universitaires, etc.)
A Marseille, le projet « 13 en santé » vise à améliorer la vaccination (grippe, Covid-19, etc.) et le dépistage de certains cancers dans les quartiers défavorisés de la ville grâce à un dispositif d’aller-vers. Si les apports de la médiation en santé sont aujourd’hui bien documentés, des études à haut niveau de preuves sont nécessaires pour que cette démarche entre dans la catégorie des interventions efficaces. L’évaluation de ce projet représente un chantier d’envergure, que décrivent au début de ce numéro les différents protagonistes impliqués, avec chacun leur regard : l’équipe scientifique en charge de l’évaluation, l’agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte d’Azur (ARS-Paca) et une des associations qui déploient les médiateurs dans les quartiers nord de la cité phocéenne.
Des programmes étrangers adaptés et développés en France
Il est aussi possible pour les acteurs de s’emparer de dispositifs internationaux qui ont été évalués. Deux articles relatent comment des programmes validés scientifiquement, d’origine américaine, québécoise ou européenne, portant sur la prévention des conduites addictives et des risques psychosociaux chez les jeunes, sont déployés dans les établissements scolaires et adaptés au contexte local tout en respectant le cadre méthodologique initial. L’opération s’avère toutefois délicate pour un essaimage à grande échelle, avec un besoin de monitorage pour garantir que les composantes essentielles de l’intervention soient respectées sur le long terme.
Ce dossier de La Santé en action montre ainsi les moyens de plus en plus nombreux, permettant aux porteurs de projets de s’appuyer sur des dispositifs éprouvés pour améliorer la prévention.
Dans ce numéro, enfin, un article met en évidence les leviers dont disposent les collectivités locales pour protéger les publics les plus vulnérables contre les vagues de chaleur, en agissant sur les déterminants sociaux de santé (logement, urbanisme…).

