Infections à entérovirus : une circulation estivale en progression appelant à la vigilance

Santé publique France et le Centre national de référence des Entérovirus et Parechovirus publient le bilan de surveillance annuel sur les infections à entérovirus en France et appellent les professionnels à la vigilance face à la reprise de circulation de ces virus et rappellent les règles d’hygiène essentielles pour limiter leur transmission.

Publié le 29 juillet 2025

Les entérovirus circulent partout dans le monde. Dans les zones tempérées, comme la France, on observe chaque année, dans le cadre de la surveillance hospitalière, une augmentation des infections à entérovirus en été et à l'automne, dominées par des méningites bénignes. Cette augmentation peut s’observer dès le mois de mai mais survient le plus souvent en été. Le pic estival est habituellement observé en juin/juillet et un second pic de moindre ampleur au cours de l’automne. Si la plupart des infections à entérovirus n’engendrent pas ou peu de symptômes, certaines infections peuvent s’accompagner d’atteintes sévères, en fonction de l’âge, du statut immunitaire (déficit de l’immunité humorale) ou du type d’entérovirus. Ainsi, les infections à EV-A71 ou EV-D68 peuvent s’accompagner d’atteintes neurologiques sévères.

Face au contexte épidémiologique actuel marqué depuis 2022 par une recrudescence des infections à entérovirus, Santé publique France rappelle, à l’occasion de la publication du bilan 2024-2025, la vigilance à apporter par les professionnels de santé devant des tableaux cliniques sévères et les règles d’hygiène essentielles pour limiter la transmission des virus.

Vers une circulation importante des entérovirus cet été

La faible circulation des entérovirus (EV) observée depuis 2020 en France, en lien avec les mesures de lutte contre la pandémie de Covid-19, s’est maintenue jusqu’en 2022 avec des niveaux d’infections neuro-méningées à EV très en deçà de ceux observés entre 2016 et 2019. Depuis 2022, on observe une reprise progressive de la circulation des entérovirus en France. 

En 2024, le nombre total d’infections à EV a atteint 3778 cas (contre 2 339 cas en 2023) avec une ampleur de l’épidémie estivale (2151 cas) proche de celle des années pré-Covid-19 (2720 cas en moyenne entre 2016 et 2019). Le pic automnal de circulation a été beaucoup plus marqué et précoce que les années précédentes en lien avec une circulation soutenue de l’EV-D68, sans recrudescence des cas de myélites associées. En été, l’épidémie de méningite, une manifestation neurologique provoquée par les infections à entérovirus (EV), a été marquée par un pic estival très court. L'ampleur de ce pic était similaire à celle observée en 2023 et durant les années 2018-2019, avec 2151 cas signalés, contre 1555 cas en 2023.

En 2025, le nombre de cas d’infections à EV déclaré au Réseau de surveillance des entérovirus (RSE) au 25 juin 2025 reste encore à un niveau très faible par rapport à l’année 2024, avec un nombre de méningites peu élevé par rapport aux années antérieures (121 cas contre 1030 cas en 2024 pour le premier semestre). Ce nombre est très probablement sous-estimé du fait du démarrage tardif de la saison épidémique (mi-juin) et d’un délai de déclaration des cas d’infections à EV par le RSE.

En revanche, le nombre de passages aux urgences et d’hospitalisations pour méningite virale rapportés par le réseau OSCOUR apparaît en augmentation depuis la dernière semaine de mai à un niveau inférieur à celui de 2024 mais similaire aux années pré-Covid-19. Ceci pourrait indiquer un pic estival attendu dans les prochaines semaines.
La vigilance reste donc de mise au cours de cet été 2025 devant l’actuelle recrudescence des cas d’infections à EV et de méningites virales, en particulier chez les très jeunes enfants.

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Infections à entérovirus en France. Bilan 2024 et bilan provisoire 2025.

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Quelles sont les recommandations à destination des professionnels de santé ?

Devant la dynamique de circulation des entérovirus actuellement en progression, Santé publique France et le CNR des entérovirus et parechovirus appellent les professionnels de santé à une vigilance particulière devant des tableaux cliniques sévères, en particulier neurologiques, ou chez la personne immunodéprimée et devant toute infection néonatale sévère pour lesquels une infection à EV doit être évoquée et recherchée.

Ils rappellent l’importance de réaliser des prélèvements adaptés à la recherche du génome des EV (LCS, sang, échantillons nasopharyngés, selles) devant tout tableau clinique sévère. A ce titre, toute infection néonatale ou atteinte neurologique sévère associée à une infection à EV doit être signalée au CNR, et des prélèvements doivent être envoyés pour compléter les investigations virologiques (séquençage notamment).

Santé publique France rappelle que les infections symptomatiques à entérovirus sont fréquentes notamment chez les enfants ; elles sont le plus souvent bénignes mais peuvent conduire dans certains cas à des formes sévères neurologiques, respiratoires, cardiaques ou digestives. 

Le renforcement des règles d’hygiène familiale et/ou en collectivités (lavage des mains, désinfection des surfaces) est essentielle pour limiter la transmission de ces virus, notamment aux personnes immunodéprimées et femmes enceintes.

En cas d’infection à entérovirus, le traitement étant uniquement symptomatique, il est rappelé que tout traitement antibiotique est inutile.