Santé périnatale en 2021 : des indicateurs ultra-marins globalement plus défavorables qu’en Hexagone

Santé publique France, en partenariat avec les Agences Régionales de Santé (ARS), publie aujourd’hui pour la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion, les résultats de l’ENP-DROM 2021 (Enquête Nationale Périnatale 2021 dans les départements et régions d'outre-mer).

Publié le 26 juin 2023

Les résultats obtenus attestent d’indicateurs globalement plus défavorables que dans l’Hexagone et soulignent la nécessité de mieux en comprendre les déterminants pour adapter les actions de prévention et de prise en charge. L’ENP-DROM est menée pour la première fois, simultanément, sur l’ensemble des DROM. Elle permet de décrire les principaux indicateurs de l’état de santé des femmes et des enfants à la naissance et deux mois après l’accouchement, et d’analyser plus précisément la situation de chacun des départements, régions et collectivités d'outre-mer concernés par l’étude.

Une information essentielle pour mieux comprendre la santé périnatale en Outre-mer

L’ENP-DROM réalisée pour la première fois en 2021 est une étude copilotée par Santé publique France et les agences régionales de santé (ARS) concernées. L’étude a permis de constituer dans les départements et régions d’Outre-mer qui le souhaitaient des échantillons de 800 à 1000 naissances par DROM. Les femmes ont été interrogées à la maternité puis 2 mois après l’accouchement. L’ENP-DROM permet ainsi pour la première fois de produire des indicateurs robustes et d’analyser finement la situation sur chaque territoire. Ces données peuvent alors être comparées à celles de l'Enquête Nationale Périnatale 2021, utilisant la même méthodologie dans l’Hexagone et coordonnée par l’INSERM. Ces premiers résultats concernent la Martinique, la Guadeloupe et La Réunion. Les rapports concernant Mayotte et la Guyane seront publiés ultérieurement.

Des facteurs de risque pendant la grossesse et à l’accouchement plus élevés qu’en Hexagone

Les résultats de l’ENP-DROM 2021 en Guadeloupe, Martinique et à La Réunion montrent dans l’ensemble des indicateurs de santé et facteurs de risque moins favorables que dans l’Hexagone, dans un contexte de plus forte précarité. En effet, la part des ménages déclarant un revenu mensuel inférieur à 1 000 euros net était comprise entre 25,1% et 33,4%, contre 7,5% dans l’Hexagone.

La proportion de femmes présentant une obésité avant la grossesse était plus importante (entre 22,1% et 24,9%, contre 14,4% en France hexagonale). Cette prévalence, qui augmente le risque de maladies chroniques pour la femme ainsi que les complications obstétricales et néonatales, est préoccupante. 

Les données montrent par ailleurs une fécondité moins maitrisée dans les territoires étudiés avec notamment une proportion de grossesses arrivées trop tôt ou non désirées de 23,7% à La Réunion, 28,6% en Guadeloupe et de 32,8% en Martinique, contre 16,6% en France hexagonale. 

Certains indicateurs relatifs aux enfants étaient plus défavorables dans ces territoires. C’est le cas pour la part des enfants présentant un petit poids à la naissance (inférieur à 2 500g) qui était globalement plus élevée dans ces DROM (entre 10,5% et 12,4%, contre 7,1% en France hexagonale).

Autre point notable, à deux mois, plus d’un enfant sur trois dormait dans le lit de ses parents dans ces DROM contre environ un enfant sur dix en France hexagonale. Les recommandations (HAS, 2020) préconisent de faire dormir les nourrissons dans la chambre des parents durant les 6 premiers mois de vie, mais dans un lit séparé et sur le dos. Ces chiffres témoignent de l’importance de diffuser plus largement les messages de prévention vis-à-vis des morts inattendues du nourrisson.

Un intérêt particulier porté à la santé mentale des mères

L’ENP-DROM 2021 est la première étude à décrire de manière représentative l’état de santé mentale des mères dans les départements, régions et collectivités d'outre-mer. Il était globalement plus défavorable qu’en Hexagone. Les femmes dans les DROM se sentaient davantage tristes ou déprimées pendant la grossesse (33,1% à La Réunion, 33,9% pour la Guadeloupe et 39,4% pour la Martinique, contre 25,6% dans l’Hexagone). Concernant la santé mentale à deux mois après la naissance, seule la Guadeloupe présentait une plus forte proportion de femmes déclarant une dépression, une prévalence multipliée par deux par rapport à celle de l’Hexagone (30,6%, contre 16,7% dans l’Hexagone). Pour la Martinique et La Réunion la prévalence est comparable à celle de l’Hexagone.

Allaitement et consommation de tabac : des indicateurs plus favorables dans ces territoires

D’autres indicateurs montrent l’adoption de comportements plus favorables à la santé de la mère et de l’enfant dans ces territoires que dans l’Hexagone. Des chiffres inférieurs à ceux de l’Hexagone ont été mesurés concernant la proportion des femmes déclarant une consommation de tabac au 3ème trimestre de grossesse, pouvant varier de 3,9% à 8,7% dans les DROM, contre 12,2 % en Hexagone). 

Par ailleurs, l’allaitement était plus largement pratiqué, que ce soit en maternité ou à deux mois après la naissance. En Guadeloupe, Martinique et à La Réunion, 82,6% à 93,6% des enfants étaient allaités de façon exclusive ou mixte à la maternité (contre 69,7% dans l’Hexagone). A deux mois, ces prévalences étaient de 66,0% à 76,1%, contre 54,2% dans l’Hexagone. 

La richesse des données collectées dans l’étude ENP-DROM va permettre de mener de nombreuses études complémentaires afin de mieux comprendre les facteurs de risque, les facteurs protecteurs et d’identifier ainsi des leviers potentiels prenant en compte très finement les caractéristiques individuelles des femmes mais aussi le contexte local dans lequel elles vivent.
Dans le cadre de la stratégie des 1000 premiers jours, l’ENP-DROM permet ainsi de produire les indicateurs périnatals qui participeront à faire évoluer les politiques publiques et les pratiques cliniques dans les départements, régions et collectivités d’outremer. Ils permettront également d’analyser la diffusion des recommandations de bonnes pratiques émises par les instances représentatives des professionnels de santé, d’estimer les besoins en matière de prévention, d’orienter et d’évaluer les politiques publiques touchant à la périnatalité.

L’action de Santé publique France dans le champ de la santé périnatale et petite enfance

Le programme « Santé périnatale et petite enfance » de l’Agence est transversal et intègre la surveillance, la prévention et la promotion de la santé. Son approche est populationnelle selon une trajectoire de vie qui démarre dès les 1 000 premiers jours afin de réduire au plus tôt les inégalités sociales en santé.

L’information des futurs parents et parents de jeunes enfants et la sensibilisation aux enjeux et opportunités de la période dite des 1000 jours est un axe important. Le site 1000-premiers-jours.fr, lancé en septembre 2021 par Santé publique France fournit aux parents et futurs parents des informations fiables, en complément d’autres outils comme l’application 1000 premiers jours conçue par le ministère de la santé et de la prévention. Santé publique France, en lien avec le ministère de la santé et de la prévention et de nombreux partenaires dont l’Inserm, surveille de près la santé de la mère et de l’enfant, grâce à différentes enquêtes répétées (Enquête Nationale Périnatale, Enquête Nationale Périnatale-DROM, Epifane 2021, Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles.)

  • En savoir plus : Enquête nationale périnatale. Rapport 2021.
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Communiqué de presse

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