Estimation du nombre de cas de certains cancers attribuables à des facteurs professionnels en France

Publié le 1 avril 2003
Mis à jour le 6 septembre 2019

On ne dispose que de très rares informations permettant de documenter la part des facteurs professionnels dans l'apparition des maladies de la population française. Bien qu'un grand nombre de maladies trouvent leur origine (en partie ou en totalité) dans l'activité professionnelle, ce n'est que pour certains cancers que l'on dispose de données suffisantes, issues aussi bien de la littérature internationale que de données françaises. Le travail présenté ici cherche à estimer la proportion de certains cancers d'origine professionnelle en France. Ce travail a été réalisé dans le cadre de la commission instituée par l'article L176-2 du code de la sécurité sociale chargée d'évaluer la part des affections d'origine professionnelles, afin de réguler les équilibres financiers entre branches de l'assurance maladie. Des fractions attribuables (FA) ont été calculées chez les hommes en France en 1999, lorsque des données de prévalence d'exposition vie entière dans la population générale étaient disponibles (amiante, bois) ; sinon des FA issues de la littérature internationale ont été appliquées. Les calculs, effectués sous plusieurs hypothèses, ont porté sur les cancers du poumon, le mésothéliome pleural, les cancers de la vessie, les cancers du nez et des sinus de la face, et les leucémies. Les données d'incidence 1995 publiées par FRANCIM et des données de mortalité 1999 publiées par le CépiDC ont été utilisées pour estimer les nombres de cas attribuables à des expositions professionnelles parmi l'ensemble des cas survenus dans la population masculine française. Le nombre de cancers reconnus en maladie professionnelle au régime général de sécurité sociale en 1999 a été confronté à ces estimations. Les cancers du poumon d'origine professionnelle sont vraisemblablement compris entre 2500 et 5000 annuellement, avec une proportion pouvant être attribuée à l'amiante comprise entre 10 et 14% de l'ensemble de ces cancers incidents, soit 2000 à 3000 cancers du poumon. Le nombre de cancers de la vessie imputables annuellement à une exposition professionnelle chez les hommes en France est estimé à plusieurs centaines (600 à 1000). Bien que l'on ait généralement privilégié les hypothèses les plus minimalistes, les estimations obtenues montrent toujours une nette sous indemnisation des cancers d'origine professionnelle. Ceci est particulièrement net pour les cancers de la vessie, pour lesquels on observe moins de 10 cas de réparation au Régime général de sécurité sociale en 1999. Cette situation vient vraisemblablement en grande partie d'une nette sous déclaration des maladies professionnelles par les victimes. La connaissance de l'origine professionnelle de ces maladies, qui surviennent le plus souvent alors que les personnes sont en inactivité, est encore très insuffisante parmi les corps de médecins traitants. (R.A.)

Auteur : Imbernon E
Année de publication : 2003
Pages : 28 p.