Gonococcie
Gonococcie

En augmentation, et plus fréquente chez les jeunes, la gonococcie est une infection sexuellement transmissible due au gonocoque. Cette pathologie peut avoir de lourdes conséquences.

Mis à jour le 1 décembre 2022

Gonococcie : données

Activité de dépistage : diminution en 2020 et ré-augmentation en 2021

Dépistages remboursés en secteur privé et en secteur public (hors hospitalisations), système national des données de santé (SNDS)

En 2021, 2,7 millions de personnes de 15 ans et plus ont été testées au moins une fois pour une recherche de gonococcie, soit un taux national de dépistage de 49 pour 1 000 habitants de 15 ans et plus (figure 1). 

Les trois-quarts des personnes testées en 2021, comme en 2020, sont des femmes, avec un taux de dépistage près de trois fois plus élevé chez celles-ci (69 pour 1 000) que chez les hommes (25 pour 1 000). Du fait de l’utilisation d’une PCR multiplex permettant de dépister conjointement une infection à gonocoque et une infection à Chlamydia trachomatis (Ct), le taux de dépistage est encore plus important chez les femmes de 15 à 25 ans (131 pour 1 000), chez lesquelles il est recommandé un dépistage systématique des infections à Ct par la HAS1.

Entre 2014 et 2021, le taux de personnes dépistées au moins une fois dans l’année pour une gonococcie a augmenté, ceci de façon plus marquée depuis 2018. L’augmentation a été plus importante chez les hommes que chez les femmes (taux multiplié par 3 chez les hommes et par 1,5 chez les femmes). Après une baisse du taux de dépistage des gonococcies en 2020, en lien avec l’épidémie de Covid-19, ce taux a ré-augmenté en 2021 à un niveau supérieur à 2019 (+6%). 

Taux de dépistage des gonococcies pour les 15 ans et plus (personnes dépistées au moins une fois dans l'année pour 1 000 habitants), secteurs public hors hospitalisations et privé, France, 2014-2021
Taux de dépistage des gonococcies pour les 15 ans et plus (personnes dépistées au moins une fois dans l'année pour 1 000 habitants), secteurs public hors hospitalisations et privé, France, 2014-2021
Source : Assurance maladie, Système national des données de santé (SNDS). Exploitation Santé publique France, octobre 2022

Comme pour le dépistage de l’infection à Ct, c’est en Guyane que le taux de dépistage des gonococcies est le plus élevé (121 pour 1 000), suivi par les autres DROM (à l’exception de Mayotte), puis de l’Ile-de-France et du sud de la France (régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie). Le taux de dépistage le plus faible est observé à Mayotte (14,6 pour 1 000), puis en Bourgogne-Franche-Comté et dans les Hauts-de-France (figure 2).

Taux de dépistage des gonococcies par région de domicile pour les 15 ans et plus (personnes dépistées au moins une fois dans l'année pour 1 000 habitants), France, 2021
Taux de dépistage des gonococcies par région de domicile pour les 15 ans et plus (personnes dépistées au moins une fois dans l'année pour 1 000 habitants), France, 2021
Source : Assurance maladie, Système national des données de santé (SNDS). Exploitation Santé publique France, octobre 2022

Dépistages en Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) (données des rapports d’activité et performance (RAP))

En complément de ces dépistages remboursés par l’Assurance maladie, environ 341 000 dépistages gratuits d’infection à gonocoque ont été réalisés en CeGIDD en 2021. Ce nombre, qui était en augmentation entre 2016 et 2019, n’a pas retrouvé en 2021 le niveau de 2019 (-11%), suite à la forte diminution observée chez les hommes et les femmes en 2020 avec la survenue de l’épidémie de Covid-19 (figure 3).

Evolution du nombre et du taux de positivité des dépistages des infections à gonocoque en CeGIDD, chez les hommes et femmes cis, France, 2016-2021
Evolution du nombre et du taux de positivité des dépistages des infections à gonocoque en CeGIDD, chez les hommes et femmes cis, France, 2016-2021
Source : Données des rapports d’activité et performance (RAP) des CeGIDD. Exploitation Santé publique France.

Evolution du nombre de cas, taux d'incidence et taux de positivité

Infections diagnostiquées en CeGIDD en hausse continue et plus marquée chez les hommes que chez les femmes

Le nombre de gonococcies diagnostiquées en CeGIDD est d’environ 13 800 en 2021. Ce nombre est en augmentation continue dans les deux sexes depuis 2016 (en dehors d’une baisse en 2020), augmentation plus marquée chez les hommes cis que chez les femmes cis (d’un facteur 4 vs 2). 

Taux de positivité en CeGIDD eu augmentation dans les deux sexes et davantage élevés en Martinique

Le taux de positivité des tests en CeGIDD (données des RAP et SurCeGIDD), égal à 4,1% en 2021 (5,2% chez les hommes cis, 1,7% chez les femmes cis et 8,0% chez les personnes trans), est en augmentation sur les dernières années dans les deux sexes. Lorsque l’information sur le comportement sexuel est disponible, le taux de positivité est 5 à 6 fois plus élevé chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) (8,4%) que chez les hommes hétérosexuels (1,5%) et 7 fois plus élevé que chez les femmes hétérosexuelles (1,2%). Les taux de positivité sont les plus élevés en Martinique (22,6%) dans les DROM, en Ile-de-France (5,0%) et en Occitanie (4,8%), tandis qu’ils sont les plus faibles en Corse (1,4%) et en Bourgogne-Franche-Comté (1,8%). 

Infections diagnostiquées en médecine générale en hausse de 45% en 2021

L’incidence annuelle des cas d’infection à gonocoque vus en consultation de médecine générale en métropole (réseau Sentinelles) a été estimée à 21 750 cas en 2021 [IC95% : 17 327-26 173], soit une hausse de 45% par rapport à 2020 [2]. Le taux d’incidence annuel est estimé en 2021 à 0,3 cas pour 1 000 habitants.

Caractéristiques des cas de gonococcie diagnostiqués en CeGIDD et en médecine générale

En CeGIDD : 42% des personnes touchées par une gonococcie avaient moins de 26 ans

Les gonococcies diagnostiquées en CeGIDD (SurCeGIDD et ResIST) concernaient 85,9% d’hommes cis, 13,6% de femmes cis et 0,5 % d’hommes et de femmes trans. L’âge médian des personnes était de 27 ans, 29 ans chez les hommes cis, 21 ans chez les femmes cis et 22 ans chez les personnes trans. Les jeunes de moins de 26 ans représentaient 42% des cas. Parmi les personnes pour lesquelles l’information était disponible, 19% étaient nées à l’étranger. Les HSH représentaient 70% des cas, les hommes hétérosexuels 16%, les femmes hétérosexuelles 13% et les femmes ayant des rapports sexuels avec les femmes (FSF) 1%. La grande majorité (89%) des patients avaient eu au moins 2 partenaires sexuels au cours des 12 derniers mois. Des signes cliniques d’IST étaient identifiés lors de la consultation dans 41% des cas. Un antécédent d’IST bactérienne au cours des 12 derniers mois était rapporté par un tiers des patients. Une séropositivité VIH a été découverte lors de la consultation dans 0,8% des cas.

En médecine générale : près de 81% étaient des hommes

Les hommes représentaient 81% des cas déclarés en 2021 et parmi eux 33% étaient des hétérosexuels et 67% (39% en 2020) des HSH (53% de l’ensemble des cas)2. Les personnes nées à l’étranger représentaient 23% des cas. Dans l’année précédant le diagnostic, un antécédent d’IST avait été retrouvé dans 29% des cas et la notion d’au moins 2 partenaires dans 87%. Des symptômes étaient présents chez 73% des patients. 

Evolution de la résistance du gonocoque

En France métropolitaine, les données recueillies par le CNR des IST bactériennes rapportent un taux de résistance du gonocoque aux céphalosporines de 3e génération très faible et stable sur les dernières années. Ainsi, seuls 0,2% des isolats étaient résistants au céfixime en 2021 vs 0,8% en 2019. De rares souches résistantes à la ceftriaxone (traitement des gonococcies de 1ère intention) ont été décrites, une en 2017, deux en 2019 et une en 2022. Ces souches résistantes étaient principalement importées d’Asie (Cambodge, Vietnam).

HAS. Réévaluation de la stratégie de dépistage des infections à Chlamydia trachomatis, Septembre 2018. Synthèse de la recommandation en santé publique. 
2 IPLESP, Inserm-Sorbonne Université. Bilan d’activité 2021 du réseau Sentinelles.

Bulletins des réseaux de surveillance des IST