Qu’est-ce que la surveillance syndromique ?

La surveillance syndromique sert à collecter, analyser, interpréter et diffuser des données grâce à un dispositif spécifique mis en place entre Santé publique France et des réseaux de professionnels capables de fournir au jour le jour des informations sur l’état de santé de la population.

Mis à jour le 25 novembre 2021
Dans cet article

La surveillance syndromique : définition

La surveillance syndromique est définie comme la collecte, l’analyse, l’interprétation et la diffusion de données de santé en temps réel ou proche du réel, dans un objectif d’identification précoce d’un impact (ou d’une absence d’impact) d’une menace potentielle sur la santé humaine ou animale dont la gestion pourrait nécessiter la mise en place d’actions de santé publique.

Quels sont les indicateurs concernés ?

Contrairement à la plupart des systèmes de surveillance en santé qui se basent sur des diagnostics confirmés biologiquement, la surveillance syndromique est basée sur des indicateurs sanitaires non spécifiques (signes cliniques, symptômes, des indicateurs « proxy » tels que l’absentéisme, ainsi que sur les ventes de médicaments…) qui constituent un diagnostic prévisionnel ou « syndrome ».

Comment les données sont-elles collectées ?

Les données collectées ne sont généralement pas produites en 1ère intention pour un objectif de surveillance sanitaire. Quand cela est possible, leur collecte est automatisée afin de ne pas entrainer une charge de travail supplémentaire pour les professionnels, notamment les professionnels de santé. 

Cette surveillance se veut être non spécifique, sensible, réactive et complète les informations disponibles au travers des autres systèmes de surveillance1.

L’exemple de la canicule de 2003 en France

En France, les conséquences exceptionnelles de la canicule de 2003 ont conduit à réexaminer les dispositifs de veille et d’alerte sanitaires alors disponibles et quasi-exclusivement basés sur des systèmes spécifiques et par pathologies. 

L’objectif initial était de développer une capacité à détecter de nouvelles menaces pour la santé publique, d’origines aussi diverses qu’un phénomène environnemental ou une pathologie infectieuse émergente. 

Dans cette perspective, Santé publique France a développé un système de surveillance centré sur des structures capables de fournir des informations au jour le jour sur l’état de santé de la population : le système SurSaUD® (surveillance sanitaire des urgences et des décès). 

Le système de surveillance syndromique SurSaUD® 

Des sources d’informations plurielles et complémentaires

SurSaUD® (surveillance sanitaire des urgences et des décès) est un système de surveillance créé en 2004. Il se base sur plusieurs réseaux de professionnels et inclut quatre sources d’information :

  • les données des services d’urgence hospitaliers adhérant au réseau OSCOUR® (organisation de la surveillance coordonnée des urgences),
  • les données des associations SOS Médecins membres de la Fédération SOS Médecins France,
  • les données de mortalité des services d’état-civil des communes transmettant de façon dématérialisée à l’Insee,
  • les données de certification électronique des décès.

Dans le cadre du système de surveillance SurSaUD®, les données issues de chaque réseau sont analysées et publiées chaque semaine dans un bulletin mis en ligne sur notre site internet. Ces bulletins sont à destination des autorités sanitaires, des partenaires du réseau et du grand public.  

Quels sont les objectifs du système de surveillance SurSaUD® ?

Depuis sa création, les objectifs du système de surveillance SurSaUD® se sont élargis au-delà de la veille et de l’alerte sanitaires. Ils s’inscrivent aujourd’hui dans une dimension de santé publique globale pour l’orientation des politiques publiques et l’aide à la décision des autorités sanitaires. 

Les objectifs sont :

  • d’identifier un événement sanitaire inhabituel dans le cadre de la veille sanitaire quotidienne, 
  • de détecter le démarrage précoce d’un événement sanitaire connu ou émergent, tel qu’une épidémie et d’en suivre la dynamique spatio-temporelle,
  • d’évaluer de façon réactive l’impact à court terme d’un événement (phénomène environnemental extrême, accident industriel, grand rassemblement, attentat…), 
  • de surveiller l’évolution de diverses pathologies (pathologies cardiovasculaires, en lien avec la santé mentale, noyades…) en dehors de tout événement inattendu (tendance au long cours, évaluation de dispositifs de prévention, réponse aux saisines…).

A quoi sert-il ?

Grâce à sa réactivité (quotidienne), sa couverture très large (>93% pour OSCOUR® et SOS Médecins, >80% pour la mortalité toutes causes et de l’ordre de 30% pour la certification électronique des décès, source la moins déployée) et son historique important (supérieur à 15 années), le système permet en outre : 

  • de communiquer rapidement des éléments objectifs et robustes permettant de prendre, adapter ou renforcer les mesures de gestion,
  • de contribuer à la réassurance des autorités sanitaires en objectivant, le cas échéant, une absence d’impact à partir d’un dispositif en place et fonctionnant 24/24, 7j/7.
Architecture et flux pour la transmission d’information du système de surveillance SurSaUD® - juillet 2021
Architecture et flux pour la transmission d’information du système de surveillance SurSaUD® - juillet 2021

Utilisation des données du système de surveillance SurSaUD®

Le système de surveillance SurSaUD® est quotidiennement utilisé au sein de Santé publique France, aussi bien au niveau national que régional, pour l’identification de phénomènes inattendus2 la surveillance des épidémies saisonnières en complément des dispositifs de surveillance spécifiques ou encore l’évaluation d’impact d’évènements environnementaux extrêmes (canicule, épisode de pollution atmosphérique, cyclone ou inondation), accidents industriels, grands rassemblements, attentats.

En 2020, l’ensemble des sources du système SurSaUD® a contribué à la surveillance de l’impact de l’épidémie de COVID-19 en complément d’autres sources de données nationales ou locales. D’autres domaines d’application sont également possibles, tels que la surveillance des troubles liés à la consommation d’opioïdes ou d’alcool aux urgences ou encore l’évolution des recours pour pathologies cardio-vasculaires ou troubles de la santé mentale au cours de l’épidémie de COVID-19.

Enfin, des programmes permettent une analyse quotidienne pour la recherche de pathologies relevant des maladies à déclaration obligatoire ou du bioterrorisme car, si cette dernière thématique n’a pas guidé les choix techniques et organisationnels de ce réseau, elle reste une menace pour la santé publique qu’il est nécessaire d’identifier au plus tôt. 

Les résultats de surveillance de la mortalité toutes causes sont utilisés toute l’année. Ces données ont par exemple permis de suivre l’impact sur la mortalité de l’épidémie de chikungunya à la Réunion en 2006 et dans les Antilles en 2014, mais également la mortalité saisonnière hivernale ou celle observée durant l’épidémie de COVID-19.

1 Assessment of syndromic surveillance in Europe. Triple S Project. Lancet. 2011 Nov 26;378(9806):1833-4.

2 Caillère N, Vilain P, Brottet E, Kaplon J, Ambert-Balay K, Polycarpe D, Filleul L. A major outbreak of gastroenteritis in Réunion Island in 2012: first identification of G12 rotavirus on the Island. Euro Surveill. 2013 May 9;18(19):20476. Erratum in: Euro Surveill. 2013;18(23):pii/20501.