Étude de mortalité autour des sites industriels d'Altéo Gardanne

En réponse à une saisine de la Direction générale de la Santé et de la Direction générale du Travail relative à la pertinence de la mise en place d'une étude épidémiologique autour de l'usine d'alumine de Gardanne concernant la santé des riverains et des travailleurs, Santé publique France a engagé deux premières études au cours de l'année 2018 : une étude des attentes et du contexte local et une étude de mortalité. Ce rapport présente les résultats de l'étude de mortalité. Les objectifs de l'étude étaient d'analyser le risque de mortalité toutes causes hors morts violentes et pour certaines causes spécifiques de la population résidant dans les communes exposées aux émissions des sites d'Altéo par rapport à la population du reste du Bassin minier de Provence ainsi que de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Les zones d'étude ont été définies par rapport à l'exposition aux émissions atmosphériques des sites d'Altéo, en concertation avec un comité d'interface local. Les analyses ont été effectuées séparément chez les hommes et les femmes en prenant en compte la cause initiale de décès. La comparaison de la mortalité globale entre la zone exposée et la zone non exposée sur la période 1968-2015 a été effectuée en utilisant la méthode de standardisation directe selon l'âge. Sur la période 2006-2015, une standardisation indirecte selon l'âge a été utilisée pour comparer la mortalité globale et par causes spécifiques dans les zones exposées et non exposées au niveau régional en prenant en compte la dispersion des données de mortalité. L'analyse du risque de mortalité dans la zone exposée par rapport à la zone considérée comme non exposée sur la période 2006-2015 a été réalisée en prenant en compte des facteurs de confusion potentiels (indice de désavantage social et degré de densité de population) à l'aide d'une régression de quasi-Poisson. Sur la période 1968-2015, les résultats de cette étude montrent qu'il existait dans la zone exposée aux sites industriels d'Altéo une mortalité globale hors morts violentes supérieure à celle de la zone non exposée jusqu'à la période 1987-1995, que ce soit chez les hommes ou chez les femmes. Depuis les années 90, la mortalité est comparable entre les zones et avec la région. Sur la décennie 2006-2015, pour la plupart des causes spécifiques de décès étudiées, il n'a pas été mis en évidence de différence significative de mortalité entre les zones et avec la région Paca. Le principal résultat significatif concerne la surmortalité pour la maladie d'Alzheimer observée sur les zones exposées et non exposées chez les femmes en comparaison avec le niveau régional mais sans distinction statistiquement significative entre les zones. Pour rappel, les analyses spatiales de mortalité ne permettent pas formellement d'attribuer la mortalité observée à un ou des facteurs particuliers dont la pollution en général et la pollution émise par les sites d'Altéo en particulier. Santé publique France se propose de renouveler cette étude de mortalité dans un délai de cinq ans minimum dans un but de surveillance de ces indicateurs de mortalité.