Introduction : des augmentations de crises d'asthme ont été épisodiquement décrites pendant des périodes d'émission de pollen, en particulier suite à un orage. Ces phénomènes sont peu documentés en France. L'objectif de cet article est de décrire un épisode survenu à Nantes en juin 2013. Méthodes : les crises d'asthme sont surveillées dans l'agglomération nantaise à partir des recours à SOS Médecins. Deux systèmes (Réseau national de surveillance aérobiologique et Pollinarium Sentinelle) fournissent des informations sur l'émission de pollens, avec une précision à un niveau local. Les données de Météo-France et d'Air Pays de la Loire ont permis de décrire les conditions météorologiques et environnementales sur la ville de Nantes. Résultats : le 7 juin 2013, une augmentation brutale des appels à SOS Médecins Nantes pour crises d'asthme a été observée à partir de 21 heures. Du 7 au 10 juin, 152 appels pour crises d'asthme ont été enregistrés versus 27 les quatre jours précédents. Le Pollinarium Sentinelle de Nantes avait notifié un début de pollinisation du ray-grass le jour même. Dans les deux heures précédant le début des appels, un orage a éclaté, accompagné d'une augmentation de la vitesse moyenne du vent et de deux pics de précipitations. Discussion : ce phénomène est lié à un mécanisme d'éclatement des grains de pollens en particules polliniques, avec une diffusion intense et rapide provoquée par les rafales de vent. La micronisation des grains de pollen permet une pénétration plus profonde dans l'arbre respiratoire. Lors d'épisodes similaires à Londres en 1994 et Melbourne en 2016, les patients avaient majoritairement des antécédents de rhinite allergique. Même si ce phénomène reste peu fréquent en France, les recommandations destinées aux personnes allergiques aux pollens devraient insister sur la nécessité de rester à l'intérieur des maisons avec les fenêtres fermées à l'approche d'un orage pendant les périodes d'émission de pollen.
Auteur : Fortin Noémie, Guérin Patrick, Delmas Marie-Christine, Hubert Bruno
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2018, n°. 18, p. 360-363