Santé mentale et COVID-19 : conduites suicidaires en Ile-de-France. Bulletin de santé publique, février 2023.

Publié le 3 février 2023
Mis à jour le 3 février 2023

Points clés

  • Activité des urgences :
    • Les données des passages aux urgences pour geste suicidaire (ou tentative de suicide) sont difficiles à exploiter en Île-de-France. L’analyse des tendances montre tout de même que la part des tentatives de suicide (TS) dans l’activité en 2020 et 2021 était restée en-dessous des valeurs observées avant la pandémie, sauf pour les jeunes filles de 11 à 24 ans. Le nombre de passages pour TS restait majoritaire chez les femmes (66%) et avait augmenté en 2020 et 2021. Les passages aux urgences suivis d’une hospitalisation pour TS avaient diminué entre 2017 et 2019 puis la tendance s’était inversée au 2nd semestre 2020 et jusqu’au 1er semestre 2022 : en IdF, 60% des passages étaient suivis d’une hospitalisation.
    • Augmentation brutale des passages aux urgences pour idées suicidaires au 2nd trimestre 2020 : 6,3 fois plus de passages chez les 11-17 ans et 3,7 plus chez les 18-24 ans entre 2017-2019 et 2020-2021. Persistance du niveau élevé de ces passages en 2022, suggérant une dégradation de la santé mentale qui s’est inscrite dans la durée. Avec un sex ratio de 0,5 en 2020-2021, la différence homme/femme était beaucoup plus marquée en IdF qu’au niveau national (sex ratio à 0,8).
  • Hospitalisations pour tentative de suicide :
    • Les taux annuels d’hospitalisation n’ont cessé de diminuer entre 2010 et 2019, chez les hommes comme chez les femmes. Avec un taux d’hospitalisation pour TS standardisé sur l’âge de 91 p. 100 000 habitants en 2019 (n=9 915 hospitalisations pour TS), la région se situait très au-dessous du taux national qui était de 152,1 pour 100 000 habitants en 2019. Ces hospitalisations concernaient majoritairement les femmes (63%), notamment les jeunes femmes de 10 à 19 ans (taux à 206,4 hospitalisations pour 100 000).
    • La proportion des femmes hospitalisées pour TS avait augmenté en 2021 (mais pas en 2020) : 67% en 2021 versus 63% entre 2017-2019. Si la classe d’âge des 25-64 ans contribuait toujours le plus en termes d’hospitalisation, le pourcentage était passé de 60% en 2017-2019 à 47% en 2021, au profit très net des 10-24 ans avec 29% des hospitalisations pour TS en 2017-2019, contre respectivement 33% et 43% en 2020 et 2021.
    • Deux modes de TS, plus violents, avaient augmenté en 2020 et 2021: les TS par utilisation d’objet tranchant (8,7%vs 12,1% en 2020 et 14,3% en 2021) et les TS par saut dans le vide (2,7% en 2017-2019 vs 2,1% en 2021, p=002).
  • Mortalité par suicide :
    • En 2017, 710 personnes résidant en Île-de-France se sont suicidées et 70% d’entre elles étaient des hommes (n=499). Avec un taux standardisé de 7,2 suicides pour 100 000 habitants (deux fois moins élevé que le taux national : 14,4 pour 100 000 habitants), l’Île-de-France serait la région avec le taux de suicide le plus bas en France métropolitaine, chez les hommes comme chez les femmes. 
    • Chez les moins de 30 ans, la proportion des suicides parmi le total des suicides en Île-de-France (12,1%) est supérieure aux données de France métropolitaine (8,2%).
    • Les suicides chez les jeunes adultes de 20 à 29 ans représentent 10% de la mortalité de cette classe d’âge en Idf (6,7% en France métropolitaine). C’est également en Idf que la part des suicides chez les femmes présente un plus grand écart avec l’ensemble de la France Métropolitaine (8,7% en IdF vs 5,8% en FM).
    • Le saut dans le vide est le 2e mode de suicide (16,6%) le plus fréquent en IdF et le plus fréquent de toutes les régions métropolitaines puisque ce mode opératoire est au 5ème rang (6,3% du total des suicides) au niveau de la FM. Ce mode de suicide est également très fréquent chez les femmes (24,1%), juste devant les intoxications médicamenteuses (24,1%).