Santé globale et Guyane : étude descriptive et comparative de quelques grands indicateurs

Publié le 28 janvier 2020
Mis à jour le 27 janvier 2020

Introduction-Il existe en Guyane un sentiment répandu de déclin et de négligence du système de santé par l'État. L'objectif de la présente étude était de décrire les grands indicateurs de santé et de les comparer avec la métropole et les Amériques, mais aussi d'en décrire les tendances temporelles. Méthodes-Les données des certificats de décès, de l'Insee et des Nations unies ont été utilisées pour éclairer la situation de la Guyane. Les comparaisons entre pays et temporelles ont été représentées graphiquement. Résultats-Bien qu'inférieure à la France métropolitaine, l'espérance de vie à la naissance augmente régulièrement et est la plus élevée d'Amérique latine. La mortalité prématurée (<65 ans) est plus importante qu'en métropole, mais elle diminue de façon plus rapide suggérant que d'ici 15 ans ce différentiel pourrait disparaître. Malgré un taux de prématurité qui reste très élevé (13%), la mortalité infantile et celle chez les moins de 5 ans diminuent et sont parmi les plus faibles au sein de l'Amérique latine. L'examen des principales causes de mortalité prématurée montrait des différences marquées avec la France métropolitaine : les accidents, les causes liées à la périnatalité, le sida et les pathologies cardio- et cérébrovasculaires étaient les principaux contributeurs en Guyane. Selon la définition utilisée, entre 30 et 52% des décès prématurés étaient évitables. Conclusions-Contrairement aux déclarations alarmistes, les indicateurs de santé de la Guyane s'améliorent et ne sont pas éloignés de ceux de la France. Alors que l'hôpital focalise l'attention, l'excès de mortalité prématurée est lié à des conditions sensibles aux soins primaires, ce qui souligne l'importance de les renforcer.

Auteur : Nacher Mathieu
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2020, n°. 2-3, p. 33-42