Pathologies neuro- et cardiovasculaires en Guyane : particularités épidémiologiques et pistes d'amélioration

Publié le 15 décembre 2020
Mis à jour le 25 janvier 2021

Dans un contexte de forte prévalence de l'hypertension artérielle et du diabète, et de grande précarité, les pathologies neuro- et cardiovasculaires sont des causes majeures de mortalité prématurée (<65 ans) en Guyane. L'objectif de ce travail était de décrire l'épidémiologie et les indicateurs de prise en charge hospitalière afin d'identifier des particularités et des pistes d'amélioration dans un département qui ne dispose pas encore de radiologie interventionnelle. Une étude de cohorte prospective multicentrique sur les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et les inégalités de santé (PHRC INDIA) a porté sur l'épidémiologie des AVC et les indicateurs de prise en charge entre juin 2011 et octobre 2014. Des données rétrospectives sur les syndromes coronariens aigus ST+ et ST- ont été recueillies entre janvier 2012 et décembre 2014. Concernant les syndromes coronariens la mortalité intra-hospitalière était de 7/82(8,5%) pour les ST+ et de 4/184 (2,17%) pour les ST-. Pour les syndromes coronariens ST+ le taux de thrombolyse était de 17/82 (20,7%). On retrouvait pour les ST+ et ST- une prévalence de l'hypertension (69,5% et 75,5%, respectivement), du diabète (30,5% et 44%, respectivement) d'antécédent d'AVC (12,2% et 10,3%, respectivement) et d'insuffisance rénale chronique (11% et 15,2% respectivement) plus élevée que dans les publications françaises. Concernant les AVC, la majorité étaient ischémiques (234/298 (78,5%)). L'âge moyen était de 61,8 ans (écart-type, ET=±14,5), et la proportion d'hommes était de 63,5%. Pour les accidents ischémiques, 89/234 (38%) arrivaient suffisamment tôt pour être thrombolysés et 32/234 (13,6%) avaient été thrombolysés. La proportion brute de décès à l'hôpital était de 7,31%, mais était 19,5% en standardisant sur l'âge. En conclusion, il existe des particularités épidémiologiques des syndromes coronariens et des AVC en Guyane. Le poids des facteurs de risque susceptibles d'être traités est important et devrait faire l'objet de campagnes d'ampleur pour espérer réduire le poids de la mortalité prématurée (avant 65 ans) lié aux maladies cardiovasculaires. Concernant la prise en charge, le décalage avec la métropole n'est pas patent, mais il semble y avoir des marges de progrès grâce à l'implantation locale d'une unité neurovasculaire et de radiologie interventionnelle.

Auteur : Rochemont Devi, Mimeau Emmanuelle, Misslin-Tritsch Caroline, Franck Yves-Kenol, Delmas Emmanuel, de Toffol Bertrand, Bejot Yannick, Fournel Isabelle, Nacher Mathieu
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2020, n°. 36-37, p. 714-722