Attentats de novembre 2015 à Paris : impact sur les relations parents–enfants et sur les enfants des professionnels et bénévoles mobilisés au secours des victimes

Publié le 20 juin 2023
Mis à jour le 15 décembre 2023

Introduction : Après les attentats de Paris et Saint-Denis en novembre 2015, Santé publique France a lancé l'Enquête de Santé publique postattentats de novembre 2015 (ESPA 13 novembre) ouverte aux personnes exposées ainsi qu'aux professionnels et bénévoles (intervenants) venus au secours des civils. Parmi les questions de l'enquête, l'une d'elles porte sur l'effet des attentats sur les relations parents–enfants et sur les enfants. Cet article traite des réponses des intervenants. Méthode : Réalisée par Internet, l'enquête se déroule en deux phases réalisées en 2016 et 2020. Elle se compose de questions fermées et ouvertes dont la question d'intérêt de cet article : " Si vous avez des enfants, pouvez-vous nous dire si vous pensez que l'expérience que vous avez vécue a eu un effet sur eux, ou sur la relation avec eux ? Pouvez-vous nous expliquer ? ". Les réponses sont traitées selon une analyse thématique avec comparaison des réponses recueillies en 2016 et 2020. Résultats : Cinq thèmes principaux apparaissent montrant qu'une partie des intervenants n'ont constaté aucun changement chez leurs enfants ou dans leurs relations avec leurs enfants. Pour les autres, ils identifient des facteurs de contagion psychique qui les interrogent sur leur capacité à avoir su protéger leurs enfants. Les relations parents–enfants sont modifiées et certains enfants ont développé une forte inquiétude pour leurs parents voire des troubles divers. Conclusion : Les attentats ont eu un impact psychique pour certains enfants et ont modifié les liens d'attachements, mettant en avant un fort sentiment d'insécurité des membres de la famille, au risque d'empêcher le processus d'autonomisation des enfants.

Auteur : Fierdepied Sophie, Motreff Yvon, Pirard Philippe, Baubet Thierry
Annales Francaises de Medecine d'Urgence, 2023, vol. 13, n°. 3, p. 161-168