Introduction – L'ensemble des maladies artérielles périphériques représente une part importante de la morbidité et des hospitalisations chez les patients porteurs de maladies cardiovasculaires. Peu de données épidémiologiques sont disponibles en France sur ces pathologies à l'échelle nationale et infranationale. L'objectif était de décrire l'épidémiologie de l'ensemble des pathologies de l'aorte et artérielles périphériques (hors artères intracrâniennes) en France en 2022, à travers les nombres et taux de patients hospitalisés et leur prise en charge, la prévalence et la mortalité associées à ces pathologies. Méthodes – Cette étude a été réalisée à partir du Système national des données de santé (SNDS). Les patients adultes hospitalisés au moins une fois pour ces pathologies artérielles en 2022 et ceux décédés à la suite de ces pathologies en 2021 ont été sélectionnés sur la base des codes de la Classification internationale des maladies – 10e révision (CIM-10). La prévalence des pathologies artérielles périphériques parmi les personnes vivantes au 1er janvier 2023 a été estimée en combinant les antécédents d'hospitalisations avec ces diagnostics depuis 10 ans ainsi que leur prise en charge à 100% du ticket modérateur dans le cadre d'une affection longue durée (ALD). Les taux de prévalence et d'hospitalisation correspondants ont été calculés en divisant les nombres de cas par les données de recensement de la population adulte française produites dans les statistiques de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) de la même année. Résultats – En 2022, 68 702 adultes ont été hospitalisés en France pour une maladie artérielle des membres inférieurs, 15 319 pour une dissection ou un anévrisme de l'aorte, et 9 027 pour une dissection ou un anévrisme d'une artère de moyen calibre, correspondant à des taux pour 100 000 habitants respectivement de 112,6, 28,7, et 16,9. La prévalence de ces pathologies dans la population adulte s'élevait respectivement à 1,2% (n=760 047), 0,4% (n=200 000), et 0,2% (n=131 000). D'importantes disparités territoriales des taux de patients hospitalisés standardisés sur l'âge ont été observées en France métropolitaine et dans les départements et régions d'outre-mer (DROM), avec des taux plus élevés à La Réunion, ainsi que selon l'indice de désavantage social de la commune de résidence. Le taux de décès à un an variait de 11% pour les patients hospitalisés pour un anévrisme de l'aorte thoracique (AAT) ou une dissection/anévrisme d'une artère de moyen calibre, à 27% pour ceux admis à l'hôpital pour une dissection aortique. La proportion de patients hospitalisés pour une artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) traités respectivement par antiagrégants plaquettaires ou hypolipémiants était respectivement de 86% et 75% un an après l'hospitalisation index, et était similaire à celles observées parmi les patients hospitalisés pour un anévrisme de l'aorte abdominale (AAA) (83% et 73%). Conclusion – Le fardeau des maladies aortiques et artérielles périphériques est considérable en France et la mortalité reste élevée pour les ruptures d'anévrismes de l'aorte et les dissections aortiques.
Auteur : Gabet Amélie, Grave Clémence, Aboyans Victor, Lailler Grégory, Tuppin Philippe, Kownator Serge, Kantor Béata, de Freminville Jean-Baptiste, Emmerich Joseph, Blacher Jacques, Olié Valérie
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2025, n°. HS, p. 51-68