Épidémiologie de la rougeole en France entre 2011 et 2018

Publié le 23 avril 2019
Mis à jour le 14 avril 2022

Dans les suites de l'épidémie majeure de rougeole survenue en France entre 2008 et 2011, sont présentés ici les résultats de la surveillance basée sur la déclaration obligatoire de la maladie entre le 1er octobre 2011 et le 30 septembre 2018, en prenant en compte la dynamique épidémiologique de la rougeole par vagues successives, du mois d'octobre d'une année au mois de septembre de l'année suivante. Entre octobre 2011 et septembre 2018, 5 311 cas ont été déclarés et retenus dans l'analyse. L'incidence des cas déclarés la plus élevée a concerné les enfants de moins de 1 an, atteignant, lors de la dernière vague 2017-2018, un taux de 30,7 cas pour 100 000 enfants. L'âge médian était de 15 ans. Parmi l'ensemble des cas, 1 279 (24%) ont été hospitalisés, dont 244 pour une pneumonie et 13 pour une encéphalite. Quatre cas sont décédés, âgés de 16 à 32 ans. Si le génotype D4 avait majoritairement circulé en 2011, depuis 2014 sont identifiés en France de façon quasi exclusive les génotypes D8 et B3, comme ce qui est observé dans le reste de l'Europe. Une analyse complémentaire des données de mortalité issues du Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (CépiDc-Inserm), sur la période allant d'octobre 2008 à septembre 2018, a permis d'identifier 23 décès liés à un épisode aigu de l'infection. Six décès dus à une panencéphalite sclérosante subaiguë liée à une infection aiguë antérieure à 2008 ont été identifiés. Ces données montrent que, fin 2018, il restait en France un réservoir de sujets réceptifs suffisant pour maintenir la transmission du virus, en particulier dans la population des jeunes adultes. Le rattrapage concernant surtout la seconde dose des enfants et des adolescents s'est amélioré au cours des années récentes, mais les couvertures vaccinales, y compris celle des nourrissons, restent néanmoins en deçà du seuil de 95% qui permettrait l'élimination de la maladie. À moyen terme, la décision du ministère de la Santé de rendre la vaccination des nourrissons obligatoire à compter de 2018 devrait aider à atteindre cet objectif.

Auteur : Antona Denise, Dina Julia, Soing-Altrach Sophan, Aït-Belghiti Fatima, Georges Scarlett, Maine Catherine, Lévy-Bruhl Daniel
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2019, n°. 13, p. 218-227