Résistance aux antibiotiques
Résistance aux antibiotiques

La résistance aux antibiotiques rend inefficace un ou plusieurs antibiotique(s) contre une infection bactérienne. Ce phénomène peut conduire à la difficulté, voir l’impossibilité de traiter certaines infections.

Mis à jour le 5 décembre 2023

Résistance aux antibiotiques : la problématique

La résistance aux antibiotiques, qu'est-ce que c'est ?

La résistance aux antibiotiques - ou antibiorésistance - est définie par l’inefficacité du traitement antibiotique sur l’infection bactérienne ciblée.

L'administration répétée d'antibiotiques chez l'homme ou l'animal est responsable de l’augmentation des résistances bactériennes aux antibiotiques : la présence d’antibiotique dans l’organisme favorise la sélection des bactéries qui sont résistantes, soit naturellement, soit par mutation ou soit par des échanges de matériel génétique (plasmide) avec d’autres bactéries. Les antibiotiques absorbés vont éliminer les bactéries sensibles pour laisser place aux bactéries résistantes. Celles-ci peuvent se transmettre et diffuser entre les individus, particulièrement en milieu de soins. Elles rendent les traitements antibiotiques ultérieurs moins efficaces pour le patient et pour la collectivité.

infographie résistance antibiotique

La résistance aux antibiotiques s’est progressivement développée et concerne aujourd’hui l’ensemble des bactéries pathogènes. Elle résulte de l'administration répétée d'antibiotiques chez l'homme ou l'animal qui crée des conditions, appelées « une pression de sélection » favorisant l’acquisition et la dissémination de souches résistantes aux antibiotiques. Aujourd’hui, les nouvelles molécules sont rares et il n’est parfois plus possible difficile, voire impossible de traiter certaines infections.

surconsommation antibiotique chronologie

La résistance aux antibiotiques résulte soit de mutations chromosomiques (modification de gènes déjà présents), soit de l’intégration de petits brins d’ADN circulaires qui se transmettent de bactérie à bactérie (les plasmides). Les résistances chromosomiques ne concernent qu’un antibiotique ou une famille d’antibiotiques à la fois. Les résistances plasmidiques sont les plus répandues (80 % des résistances acquises) et peuvent concerner plusieurs antibiotiques, voire plusieurs familles d’antibiotiques. On parle alors de multirésistance. Le transfert de mécanismes de résistance peut intervenir d’une souche à l’autre ou d’une espèce à l’autre. L’accumulation de mécanismes de résistance chez une même souche bactérienne, peut conduire à des impasses thérapeutiques. Les mécanismes de résistance sont nombreux : production d’une enzyme détruisant l’antibiotique, imperméabilisation de la paroi de la bactérie, modification de la cible de l’antibiotique… 

Les chiffres-clés de la résistance aux antibiotiques en santé humaine
865 767 infections à bactéries résistantes aux antibiotiques en Europe en 2019. 103 672 infections à bactéries résistantes aux antibiotiques en France en 2019. 4 480 décès liés à ces infections en France en 2019.
ECDC. Assessing the health burden of infections with antibiotic-resistant bacteria in the EU/EEA, 2016-2020. Novembre 2022. Accessible à l’URL : https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/health-burden-infections-antibiotic-resistant-bacteria-2016-2020

La résistance aux antibiotiques, à quoi c’est dû ?

Un usage inadapté des antibiotiques

Les antibiotiques ne sont efficaces que sur les infections bactériennes. Ils sont encore trop souvent prescrits pour des infections virales comme la grippe. L'administration répétée d'antibiotiques chez l'homme ou l'animal est responsable de l’augmentation des résistances bactériennes aux antibiotiques en créant ce qu'on appelle une "pression de sélection" : le niveau d’antibiotique dans l’organisme atteint favorise les mutations et les échanges plasmidiques responsables d’acquisition de résistances aux antibiotiques. Ce phénomène tend à éliminer les bactéries sensibles pour laisser place aux bactéries résistantes. Plus on prend d’antibiotiques, plus le risque de faire émerger des bactéries résistantes s’accroît. Ces dernières rendent les traitements antibiotiques ultérieurs moins efficaces pour le patient et pour la collectivité.

Comment lutter contre la résistance aux antibiotiques ?

La maîtrise de la résistance aux antibiotiques passe par : une meilleure utilisation des antibiotiques pour réduire la pression de sélection et par l'adoption des mesures barrières pour limiter la transmission d'infections bactériennes.

Une meilleure utilisation

Pour que les antibiotiques restent efficaces, c’est-à-dire pour limiter l’apparition de bactéries résistantes, quelques principes d’utilisation sont de mise : la bonne molécule, à la bonne dose, et pour la bonne durée. Il existe également des tests de diagnostic rapides qui permettent d'aider au diagnostic d'une infection bactérienne et éviter des traitements antibiotiques inutiles (si les tests diagnostiques sont négatifs). 

Le bon usage des antibiotiques, c’est la bonne indication, la bonne molécule, la bonne dose et la bonne durée de traitement.

Le bon usage des antibiotiques
infographie bon usage des antibiotiques

Des mesures de prévention de la transmission

La prévention des infections est le 1er pilier de la lutte contre l’antibiorésistance. En effet, tout traitement antibiotique comporte un risque de résistance bactérienne.

L'hygiène des mains et le respect des précautions d’hygiène sont les principales mesures pour limiter la transmission des bactéries résistantes, comme non résistantes.

infographie prévention infections
Que faire pour prévenir la propagation de la résistance aux antibiotiques ?
infographie prévenir la propagation de la résistance aux antibiotiques

Bien que les antibiotiques ne soient pas efficaces sur les virus, es infections virales respiratoires sont l’objet de nombreuses prescriptions d’antibiotiques, soit par difficulté de diagnostic différentiel avec des infections bactériennes respiratoires, soit par crainte de complications par des surinfections bactériennes (pourtant rares), en particulier chez les jeunes enfants ou les personnes âgées. Ainsi, chaque infection virale évitée est une tentation de prescription d’antibiotiques de moins.

Par ailleurs, il est important de mieux connaitre leur mode de transmission pour mieux les prévenir.

Mieux connaître la transmission des virus respiratoires
Infographie - Mieux connaître la transmission des virus respiratoires
Prévenir la transmission des virus respiratoires
Infographie - Prévenir la transmission des virus respiratoires

L’antibiorésistance est une menace mondiale aux conséquences individuelles 

L'antibiorésistance concerne les humains, mais également les animaux et l'environnement qui sont interconnectés et forment un tout. La lutte contre l’antibiorésistance nécessite donc une action globale « une seule santé ». 

L’antibiorésistance menace l’ensemble du vivant, partout dans le monde

Infographie représentant l'ensemble du vivant humain et environnemental

Santé humaine, santé animale et santé des écosystèmes sont étroitement liés pour préserver l’efficacité des antibiotiques

Infographie - Transmission entre animaux et de l'animal à l'humain via l'environnement

La lutte contre l’antibiorésistance implique la prévention des infections par des mesures d’hygiène (l’hygiène des mains au premier plan), la vaccination et un usage raisonné des antibiotiques en santé humaine et animale.

« Des conséquences individuelles »

Aujourd’hui, certaines résistances bactériennes peuvent compliquer le traitement d’une infection, même initialement bénignes. Tout le monde (humain comme animaux) peut un jour ou l’autre être infecté par une bactérie multirésistante aux antibiotiques, quel que soit son état de santé et ses facteurs de risque.

Dans cette situation, l’arsenal thérapeutique est réduit induisant un retard à la mise en œuvre du meilleur traitement ; le délai de guérison peut s’en trouver allongé, avec un risque accru de complications et de mortalité pour les infections les plus graves. Les antibiotiques qui sont encore actifs sur la bactérie multirésistante sont des antibiotiques de deuxième intention, selon les recommandations existantes, et comportent parfois un risque plus élevé d’effets indésirables.

Enfin, en santé humaine, ces antibiotiques de deuxième intention ne sont souvent disponibles que par voie injectable, certains uniquement à l’hôpital, ce qui complique la prise en charge, réduit la qualité de vie des patients et comporte des risques d’infections nosocomiales. Les cas d’infections à bactéries résistantes à tous les antibiotiques restent, à ce jour, heureusement exceptionnelles en France.

Infographie représentant des exemples de conséquences individuelles d'une infection par une bactérie résistante chez l'homme et chez l'animal