Surveillance des infections nosocomiales en réanimation adulte. Réseau REA-Raisin, France. Résultats 2014

Publié le 1 janvier 2016
Mis à jour le 6 septembre 2019

La surveillance des infections nosocomiales (IN) est prioritaire en réanimation, secteur à haut risque du fait de l'état critique des patients et de leur exposition aux dispositifs invasifs. Depuis 2004, la surveillance nationale REA-Raisin, coordonnée par le Réseau d'alerte, d'investigation et de surveillance des IN, cible en réanimation adulte les infections associées à un dispositif invasif pour lesquelles une démarche de prévention est essentielle : pneumonie (PNE), colonisation ou infection ou bactériémie (COL/ILC/BLC) liée au cathéter veineux central (CVC) et bactériémie (BAC). Chaque année, les services volontaires recueillent pendant 6 mois les données concernant tout patient hospitalisé plus de 2 jours (j). De janvier à juin 2014, 212 services ont inclus 34 226 patients (âge moyen : 64,3 ans), hospitalisés en moyenne 11,6 j et dont 68,8 % relèvent à l'admission de la médecine, 18,0 % de chirurgie urgente et 13,2 % de chirurgie réglée ; 7,8 % des patients sont traumatisés, 15,9 % immunodéprimés et 57,0 % ont reçu un traitement antibiotique à l'admission. Le score IGS II moyen est de 45,3 et la mortalité intra-service de 17,2 %. L'exposition à un dispositif invasif est fréquente : intubation (63,8 %), CVC (65,3 %) et sonde urinaire (87,4 %). Parmi les 34 226 patients, 10,7 % ont présenté au moins une infection surveillée. Les micro-organismes les plus fréquemment isolés sont P. aeruginosa (14,8 %), S. aureus (11,6 %), E. coli (9,1 %). Depuis 2004, la résistance aux antibiotiques diminue pour les souches de S. aureus (19,2 % SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méticilline) en 2014) et reste élevée pour EBLSE (entérobactéries productrices de bêta-lactamases à spectre étendu) (18,3 % de souches productrices de BLSE avec 1,6 % I/R à l'imipenème). Les taux d'incidence sont de 14,26 PNE pour 1 000 j-intubation, 3,53 BAC pour 1 000 j d'hospitalisation, 0,66 ILC et 0,51 BLC pour 1 000 j-CVC. Ces taux varient fortement d'un service à l'autre en lien avec les caractéristiques des patients. Au cours des six dernières années (2009 à 2014) sur l'ensemble du réseau, certains facteurs de risque augmentent (âge, IGS II, antibiotiques à l'entrée, immunodépression, moins de patients en chirurgie réglée, moins de traumatisés), alors que la durée de séjour raccourcit de même que le ratio d'exposition pour intubation et sondage urinaire. On observe une diminution significative des taux d'incidence pour 1 000 j d'exposition : PNE (-6,2 %), BLC (-43,3 %) et ILC (-40,5 %) ou non significative pour BAC (-1,1 %). L'analyse multivariée confirme la baisse significative en 2014 des PNE liées à l'intubation (Odds ratio, OR ajusté : 0,90 ; Intervalle de confiance, IC95 : 0,84-0,97) et des BLC (OR ajusté: 0,56 ; IC95: 0,44-0,71), à mettre en relation avec l'amélioration des pratiques professionnelles associées aux dispositifs invasifs en réanimation. Avec une participation s'élevant à 50,4 % des lits de réanimation de France, les données de REA-Raisin constituent une référence nationale pour mieux connaître les IN en réanimation et permettre aux services participants de se comparer, d'évaluer et orienter leurs actions de prévention.

Auteur : Savey A, Machut A, Réseau d'alerte d'investigation et de surveillance des infections nosocomiales (RAISIN)
Année de publication : 2016
Pages : 48 p.