
Depuis 2020, la surveillance des infections du site opératoire (ISO) fait partie du programme de surveillance et de prévention du risque infectieux en chirurgie et médecine interventionnelle (Spicmi) qui est pilotée par le CPias Île-de-France dans le cadre des missions prioritaires nationales sur les infections associées aux soins (IAS) coordonnées et définies par Santé publique France. Dans le cadre du protocole Spicmi, deux niveaux de surveillance ont été proposés aux établissements de santé : une surveillance sans recueil de facteurs de risque (" unit-based ") et une surveillance avec recueil de facteurs de risque (" patient-based "). Les résultats des deux surveillances sont détaillés dans le rapport. Chaque année entre janvier et juin, les données concernant le séjour opératoire index, le type d'intervention, les reprises opératoires, et les ré-hospitalisations sont extraites du Système d'information hospitalier (SIH) et notamment du Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) pour 18 interventions cibles. Un algorithme semi-automatisé permet de détecter les suspicions d'ISO en croisant le critère " reprise " avec " résultats microbiologiques " (ou prescription antibiotique en urologie seulement). Selon le niveau de suspicion, une validation du diagnostic d'ISO est faite dans un second temps par le chirurgien et/ou un médecin de l'équipe opérationnelle d'hygiène (EOH). Tous les patients inclus doivent être suivis jusqu'au 30e jour postopératoire (90e jour post-opératoire pour la chirurgie cardiaque, orthopédique, et la chirurgie mammaire avec implant). Les ISO sont définies selon les critères usuels standards (CDC/NHSN, 2023). En plus des données relatives au séjour opératoire et à la ré-hospitalisation, la surveillance patient-based permet d'obtenir pour chaque patient à partir du SIH les facteurs de risque d'ISO (âge, score ASA, durée d'intervention, classe de contamination d'Altemeier, intervention en urgence/programmée, recours à vidéo-endoscopie, présence d'implant/prothèse, procédures multiples) et, si possible, les données de comorbidités (optionnel). Les taux d'incidence et densité d'incidence d'ISO sont calculés selon ces facteurs avec leurs intervalles de confiance à 95% [IC95%].En 2023, 248 établissements ont participé au programme Spicmi, dont 45 ont opté pour la surveillance " patient-based ". Le taux d'ISO calculé à l'échelle nationale toutes spécialités confondues était de 1,20% [1,14-1,26], ces infections étaient profondes pour 43,8% d'entre elles et affectaient l'organe/espace dans plus du quart des cas (27,5%). Staphylococcus aureus était impliqué dans près d'un quart des cas (24,7% des ISO) et 11,8% de ces cas impliquaient un S. aureus résistant à la méticilline (SARM).Parmi les types d'actes chirurgicaux avec les taux d'ISO les plus élevés, on retrouve : la prostatectomie (3,96 [2,97-4,94]), le pontage aorto-coronarien (3,78 [2,94-4,61]), la reprise de prothèse de hanche (3,60 [2,84-4,35]) et les actes de chirurgie colorectale (3,10 [2,67-3,53]).
Auteur : Nkoumazok Béatrice, Benhajkassen Nabil
Année de publication
: 2025
Pages : 65 p.
Collection : Études et enquêtes