Infection invasive à streptocoque du Groupe A : point de situation épidémiologique au 29 janvier 2023

Point de situation épidémiologique suite à plusieurs cas pédiatriques d'infections invasives à Streptocoque du groupe A principalement survenus chez des enfants de moins de 10 ans dans plusieurs régions en France.

Publié le 7 février 2023

Au cours de la seconde quinzaine de novembre 2022, des cliniciens et des réanimateurs pédiatriques ont signalé à Santé publique France et aux Agences régionales de Santé (ARS) un nombre de cas pédiatriques d’infections invasives à Streptocoque du Groupe A (IISGA) plus important qu’habituellement observé dans leurs services, dont certains ont été fatals. Ces signalements provenaient de différentes régions (Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine) et concernaient principalement des enfants de moins de 10 ans.

Afin d’objectiver une augmentation des cas sur la fin d’année 2022, un premier bilan a été réalisé le 8 décembre à partir des données disponibles au niveau national sur les infections à Streptocoque du Groupe A.

Points clés au 29 janvier 2023

  • Une diminution du nombre des cas pédiatriques d’IISGA sévères hospitalisés en service de soins critiques est observée depuis la semaine 51-2022. Plus de la moitié des cas est survenue suite à une infection virale. Parmi les 121 cas recensés (+ 30 cas comparés aux 91 cas notifiés au dernier point épidémiologique du 1er janvier 2023), 11 sont décédés. Six autres décès par IISGA avant leur admission à l’hôpital ont été signalés.
  • Une nouvelle augmentation du nombre des consultations et passages aux urgences pour les infections non invasives à SGA, angine et scarlatine est observée depuis début janvier 2023 après une diminution constatée lors des deux semaines des vacances scolaires fin décembre.
  • La situation épidémiologique actuelle des IISGA n’est pas liée à l’émergence d’une souche bactérienne nouvelle mais possiblement à l’augmentation de la fréquence du génotype emm1 déjà connu.
  • L’augmentation du nombre de cas chez les adultes, suggérée par les données du CNR, devra être confirmée par des analyses complémentaires (analyse des données Epibac et du PMSI).
  • On observe une situation similaire dans d’autres pays d’Europe, notamment au Royaume-Uni où une incidence élevée concerne toutes les classes d’âges et particulièrement les moins de 10 ans. Le Royaume-Uni et les Pays-Bas signalent également une augmentation des cas chez les adultes ces dernières semaines.
  • La recrudescence des IISGA pourrait résulter, au moins en partie, d’un rebond post mesures barrières chez des enfants dont le système immunitaire n’a pas été au contact avec les souches de SGA qui circulent habituellement. Ces infections sont aussi fréquemment des surinfections d’infections respiratoires virales.

Conseils de prévention pour limiter les risques d'infections invasives à streptocoque de groupe A

Le SGA est un pathogène strictement humain qui se transmet par gouttelettes respiratoires et contacts directs (sécrétions nasales, lésions cutanées…). Il est le plus souvent responsable d’infections non invasives bénignes, telles que l’angine, l’impétigo et la scarlatine. Plus rarement, il est responsable d’infections invasives graves (infections cutanées nécrosantes, des infections puerpérales, des pneumopathies et pleuropneumopathies et des méningites) qui peuvent être associées à un syndrome de choc toxique streptococcique (SCTS).

Pour limiter les risques de transmission, il est conseillé d’adopter les mêmes gestes barrières utilisés contre les virus de l’hiver :

  • lavage des mains,
  • port du masque pour les personnes avec infections respiratoires,
  • éternuer ou tousser dans le pli du coude.

Pour rappel, le Haut Conseil de santé publique recommande l’éviction scolaire ou d’une collectivité (jusqu’à 2 jours après le début de l’antibiothérapie) d’un enfant souffrant d’une scarlatine ou d’une angine à SGA [8]. Une suspicion d’infection à SGA non invasive (ex angine, scarlatine) doit conduire à consulter pour une confirmation de l’étiologie sans délai pour la mise en place du traitement adapté. 

Mise en place d'une surveillance renforcée

Une surveillance active est mise en place par Santé publique France et le GFRUP (Groupe Francophone de Réanimation et d’Urgences Pédiatriques) afin de compléter le dispositif de surveillance déjà existant, de mieux évaluer la situation sur le plan épidémiologique et caractériser les formes sévères admises en réanimation.

Ce recueil de données vient compléter la surveillance microbiologique des streptocoques A qui est assurée par le Centre national de référence des streptocoques, ainsi que celle du réseau EPIBAC. Les souches de SGA transmises au CNR par les laboratoires de bactériologie y sont caractérisées notamment sur le plan génotypique.