Infection invasive à streptocoque du Groupe A (IISGA) : point au 20 décembre 2022 et dispositif de surveillance

Point de situation suite à plusieurs cas pédiatriques d'infections invasives à Streptocoque du groupe A principalement survenus chez des enfants de moins de 10 ans dans plusieurs régions en France.

Publié le 22 décembre 2022

Au cours de la seconde quinzaine de novembre 2022, des cliniciens et des réanimateurs pédiatriques ont signalé à Santé publique France et aux Agences régionales de Santé (ARS) un nombre de cas pédiatriques d’infections invasives à Streptocoque du Groupe A (IISGA) plus important qu’habituellement observé dans leurs services, dont certains ont été fatals. Ces signalements provenaient de différentes régions (Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine) et concernaient principalement des enfants de moins de 10 ans.

Afin d’objectiver une augmentation des cas sur la fin d’année 2022, un premier bilan a été réalisé le 8 décembre à partir des données disponibles au niveau national sur les infections à Streptocoque du Groupe A.

Santé publique France publie aujourd’hui un point de situation sur l’évolution des principaux indicateurs épidémiologiques sur la base des données arrêtées au 18 décembre (fin de semaine 50).

Un prochain point d’actualité sera publié la première semaine de janvier.

Point clés

  • Augmentation des cas pédiatriques d’IISGA sévères hospitalisés en service de soins critiques depuis le 1/09/2022 jusqu’en semaine 49 ; la majorité des cas (66%) est liée à des infections respiratoires associées ou non à un syndrome de choc toxique. Les données de la semaine 50 suggèrent une diminution mais ne sont pas encore consolidées. Parmi les 59 cas recensés, 6 sont décédés. Trois autres décès par IISGA avant leur admission à l’hôpital ont été signalés.
  • Poursuite de l’augmentation de l’incidence des scarlatines de l’enfant en semaine 50 selon les données de passage aux urgences du réseau Oscour®. Cependant, en semaine 50, les données de recours à SOS Médecins suggèrent une tendance à la stagnation, à un niveau qui reste toutefois élevé. Les données issues de la pédiatrie ambulatoire, recueillies par réseau PARI, suggèrent quant à elles une tendance à la diminution des angines et des scarlatines en semaine 50. 
  • La situation épidémiologique actuelle des IISGA n’est pas liée à l’émergence d’une souche bactérienne nouvelle mais principalement à deux génotypes (emm12 et emm1) déjà connus.
  • La recrudescence des IISGA pourrait résulter, au moins en partie, d’un rebond post mesures barrières chez des enfants dont le système immunitaire n’a pas été au contact avec les souches de SGA qui circulent habituellement. Ces infections sont aussi fréquemment des surinfections d’infections respiratoires virales, qui sont par ailleurs en augmentation.

Conseils de prévention pour limiter les risques d'infections invasives à streptocoque de groupe A

Le SGA est un pathogène strictement humain qui se transmet par gouttelettes respiratoires et contacts directs (sécrétions nasales, lésions cutanées…). Il est le plus souvent responsable d’infections non invasives bénignes, telles que l’angine, l’impétigo et la scarlatine. Plus rarement, il est responsable d’infections invasives graves (infections cutanées nécrosantes, des infections puerpérales, des pneumopathies et pleuropneumopathies et des méningites) qui peuvent être associées à un syndrome de choc toxique streptococcique (SCTS).

Pour limiter les risques de transmission, il est conseillé d’adopter les mêmes gestes barrières utilisés contre les virus de l’hiver :

  • lavage des mains,
  • port du masque pour les personnes avec infections respiratoires,
  • éternuer ou tousser dans le pli du coude.

Pour rappel, le Haut Conseil de santé publique recommande l’éviction scolaire ou d’une collectivité (jusqu’à 2 jours après le début de l’antibiothérapie) d’un enfant souffrant d’une scarlatine ou d’une angine à SGA [8]. Une suspicion d’infection à SGA non invasive (ex angine, scarlatine) doit conduire à consulter pour une confirmation de l’étiologie sans délai pour la mise en place du traitement adapté. 

Mise en place d'une surveillance renforcée

Une surveillance active est mise en place par Santé publique France et le GFRUP (Groupe Francophone de Réanimation et d’Urgences Pédiatriques) afin de compléter le dispositif de surveillance déjà existant, de mieux évaluer la situation sur le plan épidémiologique et caractériser les formes sévères admises en réanimation.

Ce recueil de données vient compléter la surveillance microbiologique des streptocoques A qui est assurée par le Centre national de référence des streptocoques, ainsi que celle du réseau EPIBAC. Les souches de SGA transmises au CNR par les laboratoires de bactériologie y sont caractérisées notamment sur le plan génotypique.