Baromètres de Santé publique France

Les Baromètres : un observatoire des comportements des Français pour orienter les politiques de prévention et d’information de la population.

Mis à jour le 12 février 2024
Dans cet article

Quelles sont les attitudes et les comportements de santé des Français ? Leur opinion sur la santé ? Toutes ces questions et beaucoup d’autres sont posées régulièrement depuis 1992 par téléphone à un échantillon représentatif de la population résidant en France. Cette vaste série d’études est une spécificité de Santé publique France ainsi qu’un outil de référence en santé publique.

Objectifs

L’objectif premier du Baromètre de Santé publique France est de mieux connaître et comprendre les attitudes et comportements de santé des personnes résidant en France afin de bâtir des interventions légitimes et efficaces. Cette enquête ne cherche pas à proprement parler à mesurer l’état de santé de la population en tant que tel, mais de fait, les représentations et pratiques de santé étudiées déterminent pour partie cet état.

Depuis plus de 25 ans, ces enquêtes répétées visent à suivre les principaux comportements, attitudes et perceptions liés aux prises de risques et à l’état de santé de la population résidant en France : tabagisme, alcoolisation, consommations de drogues illicites, pratiques vaccinales, comportement sexuel, dépistage des cancers, pratique d’une activité physique, nutrition, qualité de vie, sommeil, accidents, douleur, consommation de soins, santé mentale etc.

Ce dispositif d’enquêtes permet une surveillance conjointe de la perception des risques et des comportements de santé. Cette surveillance des comportements de santé par des enquêtes représentatives de la population générale s’avère particulièrement importante. Par exemple, il a été estimé que 30 % de la mortalité prématurée serait imputable aux conduites individuelles, au premier rang desquelles le tabagisme, la consommation d’alcool, l’alimentation ou le manque d’exercice.

Le Baromètre de Santé publique France, en explorant de tels comportements de santé et la perception des risques qui y sont associés, révèle les tendances sanitaires et sociales du moment et fournit ainsi des données indispensables à l’élaboration et l’évaluation de politiques de santé publique. En plus d’être un outil d’évaluation, ce suivi particulier des populations fournit à l’ensemble des acteurs du champ sanitaire des données de cadrage qui vont aider à définir les actions à engager et à évaluer les actions en cours ou passées, resituant notamment les caractéristiques sociales et les modes de vie comme des facteurs de compréhension des comportements de santé.

Méthodologie

Le Baromètre de Santé publique France repose sur l’interrogation d’échantillons représentatifs de la population, réalisée à l’aide du système d’interview par téléphone assistée par ordinateur. Les données sont dites « déclaratives » car les sondés déclarent leurs comportements en répondant à des questions. Cette enquête téléphonique est aussi « transversale » car chaque enquête permet d’obtenir un « cliché » à un instant t d’un état sanitaire donné.

D’une vague à l’autre, les enquêtes n’interrogent pas les mêmes personnes, tirées au sort selon un échantillonnage aléatoire. Les numéros de téléphone, fixes et mobiles, sont générés aléatoirement afin de pouvoir interroger les ménages et individus absents des annuaires téléphoniques.

L’un des objectifs primordiaux du Baromètre de Santé publique France est aussi d’atteindre une bonne représentativité de la population résidant en France. L’image renvoyée par l’échantillon doit la refléter fidèlement dans ses proportions et doit aussi inclure tous les profils d’individus présents dans la société française, y compris les moins enclins à participer à ce type d’enquête. D’où le soin particulier apporté au processus de sélection et les efforts pour interroger les individus plus difficiles à joindre : lettre annonce, sms d’annonce, nombre d’appels et variation des horaires, rappel des refus, site internet, hotline etc. Les personnes sondées sont tirées au sort au moyen de numéros de téléphone générés au hasard et invitées par l’enquêteur à répondre à un questionnaire dont les réponses seront ensuite traitées de manière anonyme. Pour les personnes contactées sur ligne fixe, le mode de tirage est dit « à deux degrés » : suite au premier tirage au sort du numéro de téléphone permettant de contacter un ménage, un deuxième tirage au sort détermine ensuite quel individu sera interrogé à l’intérieur même du ménage. 

Sur 2 décennies, la méthode utilisée a constamment évolué pour s’adapter aux contraintes techniques et administratives imposées par la fin du monopole national des télécommunications, puis par la diversification des équipements et des usages téléphoniques. Le plan de sondage a été modifié en 2000 afin d’inclure les individus inscrits sur liste rouge, en 2005 afin d’inclure les individus équipés exclusivement d’un téléphone mobile, puis en 2010 afin d’inclure ceux en dégroupage total. Ces nouvelles approches ont permis d’améliorer la représentativité de l’enquête, et ceci est d’autant plus important qu’elles permettent d’inclure des personnes qui ont des caractéristiques particulières en matière de comportements de santé. En 2014, du fait de l’utilisation préférentielle du téléphone mobile par une partie de la population, y compris parmi ceux disposant d’une ligne fixe, deux échantillons « chevauchants » ont été constitués : l’un interrogé sur ligne fixe, l’autre sur téléphone mobile, sans filtre sur l’équipement téléphonique du ménage. Cette méthode s’est révélée pertinente pour favoriser la participation de groupes de populations sous-représentés dans les enquêtes précédentes, et sans impact majeur sur l’estimation des différents indicateurs de comportements de santé.

Par ailleurs, pour interroger les médecins généralistes, une méthode de recueil mixte a été utilisée pour la première fois en 2009 : tout médecin refusant l’enquête téléphonique s’est vu proposer le questionnaire par internet, permettant ainsi d’améliorer le taux d’acceptation de l’enquête et d’améliorer la représentativité de l’échantillon.

Thèmes traités et populations cibles

Le Baromètre de Santé publique France traite d’un nombre très important de thèmes de santé publique. Depuis ses débuts en 1992, de plus en plus de thèmes ont été abordés (ils sont passés de 12 pour le Baromètre santé 2000 à une vingtaine pour le Baromètre santé 2010).

Certaines éditions sont multithématiques, tandis que d’autres traitent d’une seule thématique de santé, soit du fait de la spécificité de la méthode nécessitant une enquête spécifique (nutrition en 1996, 2002 et 2008), soit d’un besoin d’informations des pouvoirs publics sur une thématique particulière (cancer en 2005, 2010 et 2015 ; santé environnement 2007 ; risque infectieux en 2006 ; santé mentale en 2005 ; santé sexuelle en 2016 ; addictions en 2017 ; tabac en 2018). 

La population « privilégiée » du Baromètre de Santé publique France est la population générale résidant en France métropolitaine, avec une limite d’âge inférieure qui a varié de 12 ans à 18 ans, et une limite d’âge supérieure qui a varié de 75 à 85 ans (en 2010 et 2019). Toutefois, une adaptation du Baromètre de Santé publique France a été conduite en 2014 aux Antilles, en Guyane ainsi qu’à La Réunion, et une enquête spécifique sur le territoire de Mayotte a eu lieu en 2018-2019. D’autres populations ont également été interrogées, comme les professionnels de santé (médecins généralistes, pharmaciens d'officine), les personnes sourdes, malentendantes ou ayant des troubles de l’audition (2011) ou encore les populations africaines d’Île-de-France.

Ce type d’enquête permet également de repérer, de suivre et de comparer à la population générale les populations qui ont des besoins préventifs spécifiques. Suivant les thèmes abordés, il peut s’agir des jeunes, des retraités, des peu diplômés, des actifs sans emploi, de telle ou telle catégorie sociale ou secteur d’activité… Au-delà de la portée descriptive des analyses par situations socioprofessionnelle et économique, le Baromètre de Santé publique France peut ainsi contribuer à mieux mesurer et mieux comprendre les inégalités sociales de santé. En particulier, même si les grands échantillons (plus de 25 000 répondants en 2005, 2010 et 2017) permettent la production de données régionales, l’aspect régional a pu être en plus développé avec la participation des régions et l’ajout d’échantillons régionaux supplémentaires : 5 sur-échantillons dans l’édition 2000, 8 en 2008, 9 en 2010, 4 en 2016.

Valorisation

Les résultats de l’enquête concernant différents thèmes et populations sont rendus publics via des articles, des présentations orales, des posters affichés lors de colloques, des communiqués de presse ou d’autres supports de publication.

Les connaissances tirées du Baromètre de Santé publique France sont ainsi accessibles pour l’ensemble des acteurs concernés par la prévention, l’éducation pour la santé et la promotion de la santé (professionnels de santé, travailleurs sociaux, chercheurs, intervenants, enseignants…), ainsi que par les décideurs politiques. Ils disposent ainsi d’éléments scientifiques (indicateurs quantifiés) pour alimenter les débats et la réflexion autour des actions politiques engagées dans le domaine de la santé publique, et pour communiquer sur les grandes questions de santé et engager des actions sur la foi de faits validés par la communauté scientifique.

Cette enquête sert notamment à l’élaboration des campagnes de communication et à l’évaluation des politiques publiques. Elle permet de mieux comprendre les attentes de la population et des professionnels et constituent donc le préalable indispensable à la définition et la mise en place d’actions de prévention et d'éducation pour la santé cohérentes, efficaces et mieux ciblées. Le Baromètre de Santé publique France fait partie des sources de données mobilisées pour évaluer l’état de santé de la population, en apportant des informations relatives aux habitudes de vie, aux facteurs de risques, à la qualité de vie ou à la position socio-économique.

Enquête auprès des pharmaciens d’officineAfficherMasquer