Don de sang
Don de sang

Santé publique France coordonne la surveillance épidémiologique des donneurs de sang et contribue à l’évaluation des risques qu’un don de sang soit infecté par un agent pathogène transmissible par transfusion.

Mis à jour le 21 décembre 2023

Don de sang : données

Entre 2020 et 2022, sur un total de 8,2 millions de dons prélevés :

  • 33 ont été confirmés positifs pour le VIH (soit un taux de 0,04 pour 10 000 dons)
  • 38 pour l’HTLV ( 0,05 pour 10 000) dont 11 (29%) ont été dépistés dans les départements français d’Amérique (DFA)
  • 163 pour le VHC (0,20 pour 10 000)
  • 369 pour le VHB (0,45 pour 10 000)
  • et 1 065 pour la syphilis (1,29 pour 10 000). 

Parmi les dons positifs pour le VIH, tous étaient VIH-1 et, parmi ceux trouvés HTLV positifs, tous étaient HTLV-I.

Taux de prévalence chez les nouveaux donneurs

Les taux de prévalence du VIH, de l’HTLV, du VHC, du VHB et de la syphilis sont calculés chez les nouveaux donneurs.

Entre 2020 et 2022, sur un total de 752 749 nouveaux donneurs, 19 ont été confirmés positifs pour le VIH, 34 pour l’HTLV (dont 7 dans les DFA), 142 pour le VHC, 357 pour le VHB et 621 pour la syphilis. Ainsi sur cette période de 3 ans, le taux de prévalence le plus élevé est celui de la syphilis (8,3 pour 10 000 nouveaux donneurs), puis celui du VHB (4,7 p. 10 000) et celui du VHC (1,9 pour 10 000). Les taux les plus faibles sont ceux observés pour l’HTLV (0,45 p. 10 000) et pour le VIH (0.25 pour 10 000). 

L’analyse de tendance sur une période de 30 ans (1992-2022) montre que les taux de prévalence ont diminué, d’un facteur de 19 pour le VHC, 8 pour le VIH, 4 pour le VHB et 2 pour l’HTLV. Pour la syphilis, des modifications dans la définition des cas sur cette période ne permettent pas d’analyser des tendances. Les diminutions observées pour le VIH et les virus des hépatites B et C sont en premier lieu liées au renforcement de la sélection des donneurs de sang au cours du temps, mais également à l’évolution de l’épidémiologie et à l’amélioration de la connaissance du statut virologique de chacune de ces infections.

Taux d’incidence chez les donneurs connus

Les taux d’incidence du VIH, de l’HTLV, du VHC et du VHB sont calculés chez les donneurs réguliers (donneurs ayant donné au moins deux fois sur une période de trois ans). 

Sur la dernière période d’étude 2020-2022, 7 cas incidents ont été observés pour le VIH, 3 cas pour le VHC et 11 cas ont été estimés pour le VHB. Rapportés aux 2 458 760 personnes-années (P-A) sur la période 2020-2022, les taux d’incidence ont été estimés à   0,28 pour 100 000 P-A (IC à 95% : 0,12-0,62) pour le VIH, 0,12 (0,03-0,39) pour le VHC et à 0,44 (0,23-0,81) pour le VHB. 

Entre 1993 et 2022, ces taux ont beaucoup diminué pour le VHC (divisés par 23 entre les périodes 1993-95 et 2020-2022). Les taux d'incidence du VIH et du VHB ont respectivement été divisés par 10 et 13 entre ces deux périodes.  

Bilan du dépistage génomique viral (DGV) en France pour le VIH, le VHC et le VHB

Entre le 01/01/2020 et le 31/12/2022, le DGV a permis d’écarter 1 don infecté par le VIH, 1 don pour le VHC, et 7 dons par le VHB qui n’auraient pas été écartés par la seule détection des anticorps pour le VIH et le VHC ou de l'AgHBs pour le VHB. Rapportés aux 8,2 millions de dons collectés en France sur cette période, le gain du DGV est de 0,12 pour un million de dons pour le VIH et le VHC, et de 0,73 pour un million de dons pour le VHB.

En savoir plus 

Analyses de risque des agents transmissibles par le sang

Depuis une trentaine d’années, des progrès considérables ont été réalisés en termes de sécurité virale des produits sanguins grâce à l’amélioration de la sélection des donneurs et au développement d’outils de dépistage performants. Malgré ces progrès, il existe encore un risque résiduel de transmission par transfusion des infections dépistées de manière systématique sur chaque don de sang. Ce risque est lié à la fenêtre silencieuse qui est définie comme la période entre l’infection d’un individu et le moment où les marqueurs biologiques disponibles peuvent détecter de cette infection.

VIH/VHB/VHC

Risque résiduel de transmission du VIH, du VHB et du VHC par transfusion 

Sur la période 2020-2022, les risques résiduels ont été estimés, par la méthode « taux d’incidence/fenêtre silencieuse », à 1/3 800 000 pour le VHB, à 1/14 200 000 dons pour le VIH, et à 1/42 700 000 dons pour le VHC.

Ces risques n'ont cessé de diminuer depuis 20 ans. Ils représentent aujourd’hui, en France, 1 don potentiellement infecté par le VHC tous les 16 ans, 1 don potentiellement infecté par le VIH tous les 5 ans et un don potentiellement infecté par le VHB tous les 1 an.

En savoir plus :

Critère de sélection concernant les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH)

Modification, en 2016, du critère de sélection concernant les HSH

Les critères de sélection, en vigueur jusqu’au 10 juillet 2016, avaient été définis par l’arrêté du 12 janvier 2009. C’est dans cet arrêté qu’il était notamment stipulé que les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (HSH) étaient ajournés de façon permanente du don de sang. Cette exclusion remontait, dans les faits, à plus de 30 ans puisqu’une circulaire du 20 juin 1983 relative à « la prévention de l’éventuelle transmission du sida par la transfusion sanguine » recommandait aux établissements de transfusion sanguine d’écarter du don de sang les personnes appartenant aux populations à risque vis-à-vis du virus du sida, populations qui incluaient les homosexuels. À partir du 1er août 1985, le dépistage du VIH est devenu obligatoire pour chaque don de sang, mais la circulaire du 20 octobre 1985 instituant ce dépistage rappelait que celui-ci ne devait « en aucune façon se substituer aux mesures d’exclusion du don qui restent en vigueur ».

Dans les années 2000, dans un contexte de grande maitrise du risque résiduel de transmission du VIH par transfusion (moins d’un don infecté potentiellement non détectable par an en France, sur environ 3 millions de dons), plusieurs associations de lutte contre le sida et contre l’homophobie demandaient, depuis plusieurs années, d’autoriser le don de sang aux HSH, considérant que leur exclusion à vie était une « mesure discriminatoire » à leur encontre. C’est la raison pour laquelle, le ministère de la Santé a organisé en 2015 une large consultation de toutes les parties prenantes afin d’aboutir à une mesure d’ajournement des HSH proportionnée au risque. Cette consultation a également permis de réviser l’ensemble des critères de sélection des donneurs de sang.

Après plusieurs mois de débats, le ministère des Affaires sociales, de la Santé et des droits des femmes, a annoncé, le 4 novembre 2015, une modification de l’ajournement des HSH, entérinée dans l’arrêté du 5 avril 2016 fixant les critères de sélection des donneurs de sang : à partir du 10 juillet 2016, les hommes n’ayant pas eu de relations sexuelles avec d’autres hommes au cours des 12 derniers mois peuvent faire un don de sang total, et les HSH n’ayant pas eu plus d’un partenaire sexuel au cours des 4 derniers mois peuvent faire un don de plasma sécurisé par quarantaine. La mesure concernant le don de sang total est présentée comme une première étape, laissant la possibilité, dans un second temps, de raccourcir encore la durée d’ajournement (6 ou 4 mois sans relation sexuelle avec un homme) ou de prévoir un ajournement identique à celui des donneurs hétérosexuels, à savoir ne pas avoir eu plus d’un partenaire sexuel au cours des 4 derniers mois avant le don.

La modification de la mesure concernant les HSH s’est appuyée sur des données épidémiologiques observées dans la population des donneurs de sang en France et sur une analyse de risque de transmission du VIH par transfusion dans cette population qui montrait que l’ajournement de 12 mois pour les HSH ne semblait pas majorer le risque résiduel transfusionnel lié au VIH en France. De plus, l’expérience de pays qui avaient modifié la mesure d’ajournement des HSH ces dernières années, notamment l’Australie et le Royaume-Uni, montrait que cette modification n’avait pas eu d’impact sur le risque de transmission du VIH par transfusion.

Evaluation de la modification du critère de sélection intervenue en juillet 2016 concernant les HSH

La comparaison des indicateurs de surveillances entre les deux périodes de 18 mois, avant et après le 10 juillet 2016, montre que l’ouverture du don de sang aux HSH n’a pas eu d’impact ni sur les taux de dons VIH positifs, ni sur la répartition des donneurs trouvés VIH positifs en fonction de leur mode probable de contamination, ni sur le risque résiduel de transmission du VIH par transfusion.

La modification du critère de sélection concernant les HSH n’ayant pas eu d’impact sur les indicateurs de suivi épidémiologique, la ministre de la Santé a alors envisagé une ouverture plus large du don de sang aux HSH. Afin de guider sa décision, elle a demandé à Santé publique France de réaliser des analyses de risque résiduel du VIH pour les deux scénarii suivants :

  1.  ajournement des hommes qui ont eu des relations sexuelles entre hommes au cours des 4 mois précédant le don ;
  2. ajournement des HSH qui ont eu plus d’un partenaire sexuel au cours des 4 mois précédant le don.

Quel que soit le scénario étudié, le risque résiduel lié au VIH restait très faible. Dans le premier scénario, il était identique à celui observé pour un ajournement de 12 mois des HSH et dans le second, il est sensiblement plus élevé et moins robuste aux variations des paramètres du modèle. Ce risque lié à la fenêtre silencieuse, était alors évalué à environ 1 don de sang contaminé par le VIH et non dépisté positif, tous les deux ans en France. Il s'agissait d'une estimation et non d'une observation. En effet, depuis 2002, aucune contamination transfusionnelle par le VIH n’ayant été rapportée, le risque réel est donc probablement plus faible.

Modification, en 2020, du critère de sélection concernant les HSH

En 2019, dans la lignée de ce qui avait été entrepris en 2015, le comité de suivi de l’arrêté de la sélection des donneurs de sang a travaillé avec l’ensemble des parties prenantes sur les deux scénarios à l’étude, à partir notamment des données épidémiologiques et des analyses de risque.

Au vu des données disponibles et des avis exprimés par les parties prenantes, le ministère des Solidarités et de la Santé a décidé de procéder par étape. La première, entérinée dans l’arrêté du 17 décembre 2019 et mise en œuvre le 2 avril 2020, autorise les HSH à donner leur sang, à condition de ne pas avoir eu de rapports sexuels entre hommes au cours des 4 derniers mois.

Le ministère a précisé que "cette ouverture plus large du don de sang aux HSH sera évaluée en toute transparence pour permettre d’envisager, à l’horizon 2022, l’adoption de critères de sélection indépendants de l’orientation sexuelle et identiques pour tous les donneurs, à savoir un seul partenaire sur les 4 derniers mois. Cette dernière étape ne pourra se faire qu’à la condition du maintien d’une sécurité transfusionnelle optimale".

Modification, en 2022, du critère de sélection concernant les HSH

L’objectif de cette 3e évolution était de mettre en œuvre des critères de sélection non basés sur le genre de la personne ou du partenaire, tout en maintenant une sécurité transfusionnelle maximale (article 12 du projet de la loi bioéthique), c’est-à-dire de poser les mêmes questions à tous les candidats au don sur leurs risques sexuels ou ceux de leur partenaire. Concrètement, il s’agissait donc de supprimer l’ajournement de 4 mois pour les HSH et pour les femmes dont le partenaire a eu des rapports sexuels avec un homme. 

Dans le contexte favorable d’un risque résiduel VIH devenu extrêmement faible, de l’avis du Haut conseil de santé publique portant  sur les conditions nécessaires à l’évolution des critères de sélection, et suite aux débats du Comité de suivi de la sélection des donneurs de sang, où ont participé l’ensemble des parties prenantes, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé a annoncé la levée de l’ajournement pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes à partir du 16 mars 2022. A partir de cette date, les critères de sélection des donneurs sont donc identiques quelle que soit l’orientation sexuelle des donneurs. Ainsi, le critère d’ajournement « avoir eu des rapports sexuels avec plus d’un partenaire dans les quatre mois avant le don » s’applique aussi dorénavant aux HSH. 

Le recul est encore insuffisant pour évaluer l’impact de la suppression du critère HSH en mars 2022, par contre, l’évaluation de la modification d’avril 2020 a montré que le passage de 12 à 4 mois d’ajournement des HSH n’a pas eu d’impact négatif sur les indicateurs de la surveillance des donneurs de sang. Le risque résiduel de transmission du VIH par transfusion, qui était de 1 pour 7,8 millions de dons sur la période de 2,5 ans avant la seconde modification (1er octobre 2017 – 1er avril 2020), a été estimé à 1 pour 10,5 millions de dons sur la période de 2,5 ans après la seconde modification (2 avril 2020 au 30 septembre 2022), soit un don potentiellement infecté par le VIH tous les 4 ans. 

En savoir plus 

Autres agents transmissibles

Pour les autres agents infectieux, notamment ceux pouvant être responsables d’infections aiguës qui ne font pas l’objet d’un dépistage tels que l’hépatite A ou E, le parvovirus B19, la toxoplasmose, la dengue, la leptospirose, le chikungunya ou la fièvre à virus West Nile, le risque transfusionnel n’avait pas, jusqu’à il y a une quinzaine d’années été documenté. Un projet visant à disposer a priori d’estimations quantitatives du risque de contamination d’un don de sang par des agents infectieux pour différents scenarii, en termes d’incidence et de distribution spatio-temporelle, a été mené entre 2005 et 2007 par un groupe de travail associant l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), l’Etablissement français du sang (EFS), l'Institut national de la transfusion sanguine (INTS) et Santé publique France. Cette étude a permis de rassembler l’ensemble des données disponibles nécessaires pour estimer la probabilité de contamination d’un don lors de périodes épidémiques, d’identifier les méthodes d’estimation de ce risque et de tester ces méthodes. Cette étude a également permis d’anticiper des situations épidémiques et de faciliter l’estimation de risque lors des situations d’urgence, comme durant l’épidémie de chikungunya de 2005, ou lors de l’épidémie de Zika en 2016.

Estimation du risque de contamination d'un don de sang pour certains agents infectieux

Virus Zika

Le virus Zika transmis principalement par des moustiques, peut également se transmettre, quoique de façon beaucoup plus rare, par voie sexuelle, par voie materno-fœtale, et très probablement par transfusion sanguine. Pour prévenir cette transmission transfusionnelle, des mesures sont mises en place.  Lors de l’épidémie de 2016 en Amérique Latine, les dons de sang  collectés en Guadeloupe et en Martinique ont été dépistés de manière systématique pour ce virus (recherche de l'ARN).En France métropolitaine, les candidats au don revenant d’une zone épidémique sont exclus pendant une durée de 28 jours après leur retour. Toutefois, cette mesure d’exclusion ne couvre pas le risque lié à un donneur qui n'a pas voyagé dans une région où sévit l'épidémie, mais qui aurait contracté le virus par voie sexuelle avec un partenaire masculin de retour d’une zone touchée.

En mai 2016, dans le contexte de l'épidémie de Zika, Santé publique France a réalisé une évaluation du risque, laquelle a montré que le risque qu'un don de sang soit infecté par le virus Zika en France métropolitaine, suite à une contamination sexuelle liée à des voyageurs revenant d’une zone touchée par ce virus (Amérique du Sud, Amérique Centrale et Caraïbes) était  très faible. De plus, le risque que ce don soit utilisé pour la transfusion d'une femme enceinte serait encore plus faible. En restreignant aux seuls dons de sang utilisés pour une transfusion durant la grossesse en dehors de la période de l'accouchement, ce risque serait de un don infecté par le virus Zika tous les 90 à 2100 ans.

En savoir plus :

 

Virus de l’hépatite E

Suite à la survenue de plusieurs cas de transmission par transfusion du VHE en France, une évaluation de risque pour ce virus a été réalisée. Nous avons utilisé une méthode basée sur la prévalence de l’ARN-VHE sur les dons de plasma servant à la préparation du plasma traité par solvant-détergent (PFC-SD). Pour estimer cette prévalence sur l’ensemble des dons, les données ont été redressées sur les facteurs de risque du VHE (sexe, âge et région de résidence) en faisant l’hypothèse qu’ils étaient identiques chez les donneurs de plasma et de sang total.  Parmi les 57101 dons de plasma testés en 2013, 24 étaient ARN-VHE positifs (taux brut de 4,2 pour 10000 dons). Après redressement, le nombre total de dons de sang ARN-VHE positifs a été estimé à 788, soit un taux de 2,65 pour 10000 dons (IC95%: 1,6-3,7).

Le risque de contamination d’un don de sang par le VHE a donc été estimé à 1 pour 3800 dons en 2013. Ce taux, 12 fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes, augmente avec l'âge et varie selon la région. Cependant, une donnée essentielle est toujours manquante pour évaluer ce risque chez les receveurs : la dose minimale infectieuse. De plus, ce risque-receveur devra être évalué selon les caractéristiques des patients transfusés : présence d’une immunité anti-VHE, existence d’une hépatopathie chronique ou d’une immunodéficience.

Chikungunya

La méthode d’estimation de risque a été appliquée en temps réel lors de l’épidémie survenue à la Réunion en 2005-2006. Des estimations du risque de contamination d’un don de sang par le virus chikungunya ont ainsi été réalisées dès fin janvier 2006, simultanément à l’arrêt de la collecte de sang total par l’EFS à La Réunion, au moment où l’épidémie atteignait son maximum avec une incidence hebdomadaire estimée entre 15 000 et 45 000 cas. Ces estimations ont par la suite pu être affinées à l’aide de données d’incidence consolidées et de nouvelles connaissances sur les paramètres acquises au cours de l’épidémie. Lors du pic épidémique de février 2006, le risque de contamination d’un don a été estimé à 1500 sur 100 000. Ainsi, l’arrêt de la collecte a permis d’éviter 40 dons potentiellement contaminés. Ces estimations ont été confortées par les résultats du dépistage génomique viral sur les dons plaquettaires, poursuivis pendant l’épidémie.

Pour les autres agents, les paramètres nécessaires à l’estimation de risque et des scénarii d’incidence ont été documentés en fonction des données disponibles. Toutefois, les données sur la fréquence et la durée du passage sanguin asymptomatique sont, à ce jour, insuffisantes pour pouvoir aboutir à des estimations.

Virus West Nile

Lors de l’épisode de cas groupés survenu dans le Var en 2003, le risque moyen de contamination d’un don par le virus West Nile a été estimé à 6 dons pour 100 000. Cette méthode d’estimation a été validée pour ce virus aux Etats-Unis par confrontation des estimations avec les mesures directes de génome viral sur les dons de sang.

Parvovirus B19

Le risque de contamination d’un don par le Parvovirus B19 a pu être estimé directement à partir du dépistage génomique viral sur le plasma destiné au fractionnement. Sur une période de 10 ans, ce risque était de 12 dons virémiques pour 100 000 dons. Lors d’une période épidémique de février à septembre 2005, ce risque a atteint 23 dons virémiques pour 100 000 dons.

Hépatite A

Le risque de contamination d’un don de sang par le virus de l’hépatite A a été estimé à partir d’une épidémie d’hépatites A aiguës, survenue entre décembre 1996 et juillet 1997 dans la région Midi-Pyrénées. Il a été évalué à environ 5 dons pour 100 000. Ce risque est cependant probablement sous-estimé en raison du manque d’exhaustivité du recensement des cas lors de l’investigation de l’épidémie.

Leptospirose

Le risque de contamination d’un don par la leptospirose est faible aussi bien en situation endémique qu’épidémique ; selon les épisodes épidémiques considérés, on l’estime entre 0,02 et 0,08 pour 100 000 dons ou entre 0,1 et 0,9 pour 100 000 dons.

Maladie de Chagas

En Guyane, le risque de contamination d’un don par T. cruzi, parasite responsable de la maladie de Chagas, avait été estimé à 250 pour 100 000 dons. En raison de ce risque, les collectes ont été suspendues en Guyane depuis avril 2005. En métropole et aux Antilles, le risque avait été estimé en se basant sur la prévalence de cette infection estimée chez des personnes nées ou ayant séjourné en Amérique Latine, ou dont la mère est née en Amérique Latine, et sur les estimations du nombre de donneurs de sang appartenant à ces groupes à risque d’infection. Le risque de contamination d’un don par T. cruzi avait été estimé à 0,68 pour 100 000 dons en métropole et à 3,28 pour 100 000 dons aux Antilles, correspondant respectivement à 17 dons et moins d’un don à risque par an. Depuis 2005, les personnes ayant séjourné plus de 3 mois en Amérique Latine sont temporairement exclues du don, ce qui a fait diminuer ce risque qui doit faire l’objet d’une réévaluation. De plus, le dépistage sérologique des groupes à risque a été mis en place en novembre 2006 pour les collectes aux Antilles et en mai 2007 pour les collectes en Métropole.

Dengue

Lors de l’épidémie survenue en Martinique en 2001, le risque de contamination d’un don par la dengue a été multiplié 24 fois par rapport à la période pré-épidémique. Le risque absolu, lors de cet épisode épidémique, a été estimé entre 58 et 649 dons contaminés pour 100 000 selon les hypothèses sur la proportion de formes asymptomatiques. Ces estimations, très élevées, sont à confronter avec l’absence de cas de transmission transfusionnelle de dengue documentée à ce jour par l’hémovigilance en France et le faible nombre de cas post-transfusionnels décrits dans la littérature. Ceci souligne l’importance d’étudier l’efficacité de la transmission, qui est un paramètre très important du risque transfusionnel.

En savoir plus :

  • Pillonel J, Gallian P, Sommen C, Couturier E, Piquet Y, Djoudi R, Laperche S pour le comité de pilotage de la surveillance épidémiologique des donneurs de sang. Estimation d’un risque transfusionnel émergent : l’exemple du VHE. Transfus Clin Biol. 2014 Nov;21(4-5):162-6.
  • Brouard C, de Valk H, Pillonel J pour le groupe de travail Afssaps, EFS, INTS, InVS. Estimation quantitative du risque de contamination d’un don de sang par des agents infectieux. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire, 2007, 79 p.
  • Gallian P, Corbi C, Coste J, Pouchol E, Legrand D, Courbil R, Tiberghien P. Risques liés aux agents transmissibles qui ne font pas l’objet d’un dépistage systématique en transfusion sanguine. Bull Epidémiol Hebd. 2012;(39-40):452-55.
  • Pillonel J, Brouard C, Laperche S, Barin F, Bernillon P, De Valk H, et le groupe de travail Afssaps, EFS, INTS et InVS.  Estimation quantitative du risque de contamination d’un don de sang par des agents infectieux. Transfus Clin Biol. 2009 May;16:138-45.
  • El Ghouzzi MH, Boiret E, Wind F, Brochard C, Fittere S, Paris L, Mazier D, Sansonetti N, Bierling P. Testing blood donors for Chagas disease in the Paris area, France: first results after 18 months of screening. Transfusion. 2010 Mar;50(3):575-83.
  • Assal A, Corbi C. Maladie de Chagas et transfusion sanguine : un problème parasitaire émergent dans les pays non endémiques. Transf Clin Biol. 2011;18:286-91.
  • Jeannel D, Noireau F, Chaud P. Emergence de la maladie de Chagas en Guyane française. Évaluation en 2005 et perspectives. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire, 2007, 79 p.
  • Brouard C, Bernillon P, Quatresous I, Pillonel J, Assal A, De Valk H, Desenclos JC; workgroup "Quantitative Estimation of the Risk of Blood Donation Contamination by Infectious Agents". Estimated risk of Chikungunya viremic blood donation during an epidemic on Reunion Island in the Indian Ocean, 2005 to 2007. Transfusion. 2008 Jul;48(7):1333-41.
  • Brouard C, Bernillon P, Quatresous I, Pillonel J, Assal A, De Valk H, Desenclos JC pour le groupe de travail "Estimation quantitative du risque de contamination d’un don de sang par des agents infectieux". Estimation quantitative du risque de contamination d’un don de sang par le Chikungunya lors de l’épidémie survenue à La Réunion, France, en 2005-2007. Bull Epidémiol Hebd. 2008;(18):149-52.