Soignants et médicaments cytotoxiques. Place de la biométrologie dans la maîtrise des risques dans le temps

Publié le 22 mai 2018
Mis à jour le 11 juin 2019

Les médicaments cytotoxiques utilisés dans les traitements des cancers présentent une toxicité intrinsèque, du fait de leurs propriétés génotoxiques, tératogènes et cancérigènes. Les professionnels de santé pouvant y être exposés, il est essentiel de garantir leur sécurité et de mettre en place des programmes d'évaluation des expositions pour documenter les expositions, juger de l'efficacité des mesures de protection et établir des priorités en matière de prévention. Cet article présente les principaux résultats de deux campagnes d'évaluation des expositions aux médicaments cytotoxiques, réalisées en 2010 puis en 2016 dans un même établissement hospitalier en France. Les expositions des soignants (infirmiers, aides-soignants et agents de service hospitalier) ont été évaluées par la biométrologie et par la mesure de la contamination de leur environnement de travail. Les analyses réalisées en 2010 ont mis en évidence la présence de médicaments cytotoxiques dans les urines de près de la moitié des infirmiers et aides-soignants suivis, ainsi que sur les surfaces de travail. Malgré la mise en place de plusieurs actions de prévention, la campagne d'évaluation suivante, en 2016, a montré que les expositions perduraient. L'analyse d'un questionnaire sur la prise en charge globale du risque cytotoxique a permis d'apporter un éclairage sur ces résultats. Il apparaît ainsi que les différents déterminants de l'exposition (formation, port des équipements de protection individuelle, gestion des incidents, procédures formalisées...) doivent être identifiés et pris en compte pour une maîtrise du risque cytotoxique. Enfin, cette étude met en évidence le besoin d'un suivi régulier des expositions pour maintenir un niveau de vigilance optimal du personnel et éviter toute dérive au cours du temps.

Auteur : Ndaw Sophie, Robert Alain, Ricolfi Claire, Denis Flavien, Marsan Philippe
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2018, n°. 12-13, p. 252-257