Mortalité attribuable à la pollution atmosphérique en Île-de-France. Quelle évolution depuis 10 ans et quels bénéfices d'une amélioration de la qualité de l'air dans les territoires ?

Publié le 11 octobre 2022
Mis à jour le 23 juin 2023

Introduction - L'amélioration continue de la qualité de l'air en Île-de-France a permis de sauver de nombreuses vies. Toutefois, l'impact observé encore aujourd'hui reste substantiel. L'Observatoire régional de santé (ORS) d'Île-de-France accompagne depuis plus de trente ans les politiques d'amélioration de la qualité de l'air par la réalisation d'évaluations quantitatives d'impact sur la santé (EQIS). Conduite en partenariat avec Airparif (l'observatoire de la qualité de l'air en Île-de-France), cette étude vise à qualifier l'évolution de la mortalité attribuable à l'exposition à la pollution atmosphérique d'origine anthropique depuis dix ans en Île-de-France, et à évaluer les bénéfices attendus si les concentrations observées en 2019 étaient ramenées au niveau des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle comporte également une analyse de l'effet des mesures de restriction mises en place en 2020 dans le cadre de la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19. Méthodes - Cette EQIS s'appuie sur les guides méthodologiques produits par Santé publique France. Les données de population mobilisées sont géoréférencées au bâtiment. Le croisement de ces données avec les concentrations de polluants PM2.5 (particules fines), NO2 (dioxyde d'azote) and O3 (ozone) estimées par Airparif pour les périodes 2008-2010 et 2017-2019 à une résolution fine permet d'évaluer les niveaux d'exposition de la population qui sont ensuite rapportées à un niveau de référence (niveau minimal sans pollution anthropique, recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), niveaux modélisés). La part de décès attribuables (ou évitables) à ce différentiel est jaugée en mobilisant les risques relatifs issus de la littérature (méta-analyses récentes). Cette part, rapportée aux nombres de décès observés dans la population (années de référence 2004-2008 et 2011-2015), permet d'estimer l'impact en nombre de décès attribuables (ou évitables) ainsi qu'en perte moyenne (ou gain moyen) d'espérance de vie. Résultats - Entre 2010 et 2019, le nombre annuel de décès attribuables à l'exposition prolongée aux particules fines PM2,5, l'un des principaux polluant de l'air, est passé de 10 350 [3 840-15 660] à 6 220 [2 240-9 650], et a donc baissé de 40%. Cela correspond à un gain d'espérance de vie de près de huit mois en moyenne par habitant en Île-de-France. Si de nouvelles mesures étaient prises pour abaisser les niveaux actuels de pollution de l'air sous les valeurs guide de l'OMS, plus de 7 900 [2 240-13 630] décès pourraient être évités chaque année en moyenne en Île-de-France, qui représentent la somme de l'impact des PM2,5 et de l'O3 (chiffres 2019). Conclusion - Ces chiffres permettent d'objectiver l'enjeu de santé publique que représente la pollution de l'air et peuvent être utilisés pour informer les parties prenantes, orienter les politiques publiques d'amélioration de la qualité de l'air et favoriser l'acceptabilité sociale des mesures.

Auteur : Host Sabine, Saunal Adrien, Cardot Thomas, Ghersi Véronique, Joly Fabrice
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2022, n°. 19-20, p. 326-335