Nutrition, revenus et insécurité alimentaire.

Publié le 1 janvier 2009
Mis à jour le 6 septembre 2019

L'existence d'inégalités sociales de santé ne fait aujourd'hui plus débat en France : ces inégalités persistent, voire se creusent. À 35 ans, les hommes cadres supérieurs ont une espérance de vie de quarante-sept ans, soit six années de plus que les ouvriers. Les cadres bénéficient par ailleurs d'une qualité de vie meilleure, avec une espérance de vie sans incapacité ni handicap supérieure de dix ans à celle des ouvriers. Ces inégalités sont particulièrement flagrantes et en augmentation pour certains cancers, pour les maladies cardio-vasculaires, le diabète ou encore l'obésité, dont la prévalence en France en 2006 était 3,5 fois plus élevée chez les personnes les plus pauvres que chez les plus aisées. Certaines pratiques à risque comme la consommation de tabac et d'alcool, plus fréquentes chez les personnes de faible statut socio-économique, sont incriminées dans ces différentiels de mortalité et de morbidité, mais elles n'expliquent pas, à elles seules, leur ampleur. Ces différences pourraient aussi résulter du moindre recours au système de soins et aux pratiques de suivi et de dépistage chez les personnes les plus pauvres. La nutrition, l'un des déterminants majeurs de la santé, est également considérée comme l'un des facteurs participant aux inégalités sociales de santé. De nombreuses études épidémiologiques menées aux États-Unis, au Canada et en Europe ont en effet mis en évidence de fortes inégalités sociales en termes de consommations alimentaires et d'apports nutritionnels. Que le statut socio-économique des individus soit mesuré par le biais de la catégorie socio-professionnelle, du revenu ou du niveau de diplôme, toutes ces études témoignent de déséquilibres alimentaires plus prononcés dans les populations de faible statut socio-économique. Les féculents raffinés (pain blanc notamment), les pommes de terre, le riz et les pâtes sont consommés en plus grande quantité par les populations les moins favorisées ; en revanche, les aliments les plus favorables à la santé, tels que les fruits et les légumes, le pain complet, les viandes maigres, les poissons et crustacés, sont les marqueurs de l'alimentation des populations les plus aisées. Ces différences de consommation s'accompagnent d'un très net gradient social des apports en fibres et en micronutriments essentiels, tels que la vitamine C, le ² carotène ou les folates. En France, plusieurs enquêtes ont confirmé ces tendances.[extrait chapitre]

Auteur : Darmon Nicole, Bocquier Aurélie, Lydie Nathalie
Année de publication : 2009
Pages : 273-301
Collection : Baromètres santé