Spatialiser l’exposition liée à l’utilisation agricole des pesticides : l’apport des matrices culture-exposition Matphyto

Publié le 15 novembre 2023
Mis à jour le 3 janvier 2024

Introduction : Dans la littérature, l'étude de la relation entre l'exposition aux pesticides et diverses maladies se heurte à la difficulté d'évaluer l'exposition, en particulier de manière rétrospective. Les matrices culture-exposition (MCE) ont été développées pour répondre à cette difficulté. Objectif : Notre méthode consiste à combiner les MCE aux données d'occupation du sol issues des recensements agricoles pour déterminer des indicateurs géographiques d'exposition environnementale et professionnelle. Nous illustrons cette approche pour deux substances actives. Méthode : Les MCE de quatre cultures sont utilisées (céréales à paille, maïs, pommes de terre, vigne). Elles décrivent trois groupes de pesticides, leurs familles chimiques et leurs substances actives à partir de trois indicateurs par région et par période depuis 1960. Ces données sont combinées aux recensements agricoles (1979, 1988, 2000, 2010) pour calculer des indicateurs d'exposition environnementale et professionnelle pour chaque canton du territoire métropolitain français. Deux substances actives (chlortoluron, pyrimicarbe) illustrent cette méthodologie et les résultats sont comparés aux données d'achats de pesticides (Banque nationale de vente des produits phytopharmaceutiques par les distributeurs [BNV-D]). Résultats : Les deux substances actives montrent une évolution temporelle et spatiale. La proportion de surfaces/exploitations traitant au pyrimicarbe augmente entre 1979 et 2010, à l'inverse du chlortoluron. C'est le Nord qui a les valeurs les plus élevées pour le pyrimicarbe ; ce gradient est appuyé par une autocorrélation spatiale forte. Les zones sont plus disparates pour le chlortoluron. Les comparaisons avec les données d'achats montrent des corrélations élevées (≥ 0,80). Conclusion : La combinaison des MCE avec les données des recensements agricoles décrit l'exposition aux pesticides à un niveau géographique fin (le canton). Cette approche permet de déterminer des évolutions spatiales, confirmées par la comparaison avec les données d'achats de pesticides, et temporelles.

Auteur : Perrin Laëtitia, Elbaz Alexis, Moisan Frédéric, Chaperon Laura, Spinosi Johan
Environnement, Risques & Santé, 2023, vol. 22, n°. Suppl.1, p. 5 - 18