Évaluation de l'impact sur la santé reproductive masculine et des coûts associés de deux phtalates : le DEHP et le DINP

Publié le 3 juillet 2018
Mis à jour le 6 septembre 2019

Les perturbateurs endocriniens (PE) sont suspectés d'engendrer un impact économique important pour la société en raison, entre autres, de leur toxicité sur le système reproducteur mâle. Cependant, la nature des coûts et leur estimation peuvent varier considérablement d'une étude à l'autre et les bases scientifiques qui sous-tendent ces estimations ne sont pas toujours explicites. Ainsi, des hypothèses fortes sont souvent partiellement justifiées par les auteurs, notamment en ce qui concerne la part des pathologies attribuables aux PE. Pour cette étude, partant de l'hypothèse d'un lien de causalité établi entre une exposition in utero au DEHP et au DINP sur le système reproducteur masculin, nous proposons d'utiliser des données épidémiologiques propres à ces deux phtalates afin d'estimer l'impact, en France et en Europe, d'une exposition prénatale sur la santé reproductive masculine ainsi que les principaux coûts associés. Les paramètres de santé considérés sont une baisse de la qualité du sperme et une augmentation du risque de cryptorchidie et hypospadias. L'estimation de l'exposition s'appuie sur des données récentes d'imprégnation chez des femmes enceintes. Les coûts annuels estimés à ce stade de l'étude sont inférieurs à ceux rapportés dans d'autres études. De plus, même si les données actuelles sont limitées, nos résultats montrent que l'impact sanitaire du DINP sur le système reproducteur mâle et le coût global associé pourraient être comparables à ceux du DEHP. Ces résultats, si le lien de causalité est renforcé par des études complémentaires, peuvent questionner la pertinence de substituer le DINP au DEHP.

Auteur : Rousselle Christophe, Bellanger Martine, Fiore Karine, Bayeux Thomas, Chevrier Cécile
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2018, n°. 22-23, p. 472-479