Impact sanitaire de la vague de chaleur en France survenue en août 2003. Rapport d'étape, 29 août 2003

Publié le 1 septembre 2003
Mis à jour le 6 septembre 2019

Une période caniculaire exceptionnelle de part son intensité et sa longueur a touché la France métropolitaine entre le 4 et le 12 août 2003, situant cette année comme étant la plus chaude depuis 53 ans. Sur l'ensemble des régions françaises, 2/3 des stations météorologiques ont enregistré des températures supérieures à 35°C, voire supérieures à 40°C dans 15% des villes françaises. A Paris, le seuil des 35°C a été dépassé pendant 10 jours dont 4 consécutifs entre le 8 et le 11 août 2003, situation jamais observée depuis 1873. De plus, le record absolu de température minimale a été battu à Paris les 11 et 12 août 2003, avec deux nuits consécutives à plus de 25,5°C. En parallèle, les fortes températures et l'ensoleillement associés aux rejets de polluants ont entraîné une augmentation importante du niveau d'ozone dans l'air. L'effet de la pollution atmosphérique devra donc être pris en compte dans l'évaluation des conséquences sanitaires de la canicule réalisée par l'Institut de Veille Sanitaire (InVS). L'Institut de Veille Sanitaire a mis en place plusieurs études épidémiologiques afin d'appréhender les conséquences pour la santé de la vague de chaleur d'août 2003. Un rapport d'étape rendant les premiers résultats de ces études est disponible sur www.invs.sante.fr. La vague de chaleur d'août 2003 a eu des conséquences sanitaires très sévères en France, avec une mortalité touchant essentiellement les personnes âgées. Dès le 13 août 2003, des données permettent de conclure qu'une épidémie de grande ampleur se développe. Une surmortalité de 3 000 cas est alors estimée par l'InVS à partir de données fournies par les Pompes funèbres générales. Une analyse plus complète de la surmortalité au mois d'août a ensuite été fondée sur les certificats de décès transmis au DDASS par les mairies. En comparant le nombre de décès survenus entre le 1er et le 15 août 2003 en France métropolitaine (32 065 décès signalés) et le nombre de décès attendus pour la même période, estimé sur la base de la mortalité en 2000, 2001 et 2002 corrigée des variations de structures par âge de la population (20 630 décès attendus), la surmortalité a pu être provisoirement chiffrée le 26 août 2003 à 11 435 décès, soit une augmentation de la mortalité totale de 55% entre le 1er et le 15 août. Les régions du centre et du nord de la France semblent plus touchées par la surmortalité. Cette analyse devra cependant être approfondie. Une enquête pilotée par l'InVS, portant sur les décès par coup de chaleur dans les établissements de santé publics et privés a été mise en ¿uvre. A la date du 24 août 2003, 2 417 décès par coup de chaleur ont été recensés pour la période du 8 au 19 août 2003. Les premiers résultats de cette étude non exhaustive mettent en évidence la vulnérabilité des personnes âgées, notamment au-delà de 75 ans (81 % des décès). Parmi les personnes décédées avant l'âge de 60 ans, la fréquence élevée des maladies mentales suggère qu'il s'agit d'un facteur de risque, de même que l'obésité et les pathologies associées. On remarque aussi une surmortalité de 13% des hommes par rapport aux femmes. Toutefois cette étude ne permet pas de mettre en évidence des facteurs de risques particuliers, ni de savoir dans quelle mesure les personnes décédées auraient survécu longtemps en l'absence d'un tel phénomène climatique. Une enquête portant sur les interventions sanitaires (CHU , SAMU , sapeurs pompiers , SOS médecins) entre le 25 mai et le 19 août 2003 montre un accroissement d'activités durant les périodes caniculaires. Les données fournies par ces intervenants permettent de suivre régulièrement des indicateurs très sensibles (nombre de malaises, interventions auprès de personnes âgées de plus de 80 ans¿). Les signaux d'alerte sont perceptibles à partir du 5 août 2003, parfois plus tard selon les régions. Ces éléments seront à prendre en compte dans l'élaboration d'un dispositif d'alerte qui devra s'appuyer sur un large réseau de services d'urgences informatisés. Une enquête sur la mortalité dans 13 grandes agglomérations françaises montre de fortes disparités entre les villes, certaines ayant un pic net de surmortalité pendant la canicule (Paris, Lyon) et d'autres semblant avoir été plus préservées (Lille, Nice, Rennes¿). Ces premières observations devront être complétées, notamment par une analyse plus fine de la corrélation avec les données météorologiques et de pollution. Afin de détecter les éventuels effets retardés dus à la période caniculaire, un système d'alerte reposant sur des services d'accueil des urgences a été mis en place. En effet, un certain nombre de pathologies peuvent survenir au décours d'une vague de chaleur. A la date du 26 août 2003, aucune évolution notable dans l'incidence de ces pathologies n'avait été mise en évidence. Cette étude se poursuit du 21 août au 1er septembre 2003. Un bilan de l'impact sanitaire et des modalités de gestion de la vague de chaleur dans les pays limitrophes a été réalisé et mis à jour de façon hebdomadaire. Aucun des neufs pays contactés n'a été en mesure de fournir une évaluation consolidée à la date du 27 août 2003. L'effet de la canicule semble toutefois important au Portugal, en Espagne et au Royaume Uni. L'ensemble des contacts établis à cette occasion devrait permettre d'établir un réseau afin de comparer, voire d'harmoniser les études et leurs résultats au niveau européen. Un programme de recherche initié entre l'InVS et la mission dirigée par MM. Denis Hémon et Eric Jougla de l'INSERM, permettra d'approfondir les travaux en cours. (R.A.)

Année de publication : 2003
Pages : 78 p.