Grippe-aviaire
Grippe aviaire

Certains virus influenza aviaires ou porcins peuvent infecter l’Homme, et des cas sporadiques sont régulièrement détectés. Le risque de transmission à l'homme des virus influenza aviaires à potentiel zoonotique qui circulent actuellement est faible. Aucun événement de transmission interhumaine n'a été documenté récemment.

Mis à jour le 19 janvier 2024

La grippe aviaire : la maladie

Une zoonose virale

Une quinzaine de virus influenza aviaires ont été capables d’infecter l’homme jusqu’à présent. Parmi eux, les virus influenza des sous-types H5N1 et H7N9 ont été responsables du plus grand nombre de cas humains détectés à ce jour (plus de 2 000 cas recensés en lien avec ces deux sous-types). Les virus influenza aviaires ayant une hémagglutinine H5 du sous-clade 2.3.4.4b (H5Nx), principalement de sous-type H5N1, circulent intensément au niveau mondial depuis 2021 et présentent des caractéristiques épidémiologiques incitant à la plus grande vigilance. Ils sont responsables de contaminations régulièrement détectées chez plus d’une vingtaine d’espèces de mammifères sauvages et domestiques, terrestres et marins. De plus, plusieurs cas humains ont également été détectés depuis 2021 (Angleterre, Chine, Etats-Unis, Equateur, Laos, Nigéria, Russie, Vietnam), principalement du sous-type H5N1 et H5N6.

D’autre part, trois autres virus influenza aviaires, de sous-types H9N2, H10N3 et H3N8, ont été responsables de cas humains au cours des dernières années, majoritairement en Chine.

Les cas humains d’infection par un virus influenza aviaire sont généralement des cas primaires, suite à une exposition à des oiseaux infectés ou à un environnement contaminé, notamment dans le cadre d’élevages ou de marchés aux volailles vivantes.

La transmission interhumaine est rare, généralement limitée à une transmission entre un cas primaire et un membre de son entourage ou un personnel soignant. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère que le risque de transmission à l’homme des virus influenza aviaires à potentiel zoonotique qui circulent à l’heure actuelle est faible et aucune transmission interhumaine n’a été documentée. Néanmoins, les capacités élevées de mutation et de réassortiment des virus influenza n’excluent pas l’émergence d’un virus capable d’être transmis efficacement d’Homme à Homme, ce qui pourrait le cas échéant être à l’origine d’une épidémie voire d’une pandémie liée à ces virus.

À ce jour, aucun cas de grippe humaine dû à un virus influenza aviaire (dit cas de « grippe aviaire ») n’a été déclaré en France.

Les chiffres-clés de la grippe aviaire
Infographie - Les chiffres-clés de la grippe aviaire

Une maladie des oiseaux transmissible à l’homme

Chez l’oiseau

Les virus influenza aviaires circulent naturellement chez les oiseaux aquatiques sauvages qui ne sont habituellement pas malades. En revanche, l’infection peut causer une maladie, voire être mortelle, chez certaines espèces d'oiseaux domestiques dont, par exemple, les poulets, les dindes ou les canards. Les virus influenza aviaires sont classés en deux catégories en fonction des caractéristiques spécifiques du virus et de sa capacité à causer une maladie grave et à tuer les poulets dans des conditions expérimentales :

  • Les virus influenza aviaires faiblement pathogènes (dits « low pathogenic avian influenza », LPAI), qui ne provoquent aucune maladie, ou simplement une forme clinique bénigne chez le poulet (ex : baisse de la production d’œufs), et sont donc rarement détectés par les autorités sanitaires vétérinaires
  • Les virus influenza aviaires hautement pathogènes (dits « highly pathogenic avian influenza », HPAI) responsables d’une maladie grave chez la volaille, avec une mortalité élevée.

Les virus influenza aviaires hautement et faiblement pathogènes sont très contagieux chez les oiseaux et peuvent se propager rapidement au sein des élevages de volailles. A noter que le sous-type H5N1 du clade 2.3.4.4b, à l’origine de l’épizootie d’une ampleur sans précédent en cours actuellement à l’échelle internationale, est responsable d’infections mortelles chez un nombre élevé d’espèces d’oiseaux sauvages différentes, avec des évènements de mortalité de masse inhabituelles. 

Chez l’Homme

Les virus influenza aviaires sont excrétés en grande quantité dans les fientes des oiseaux infectés ainsi que dans leurs sécrétions respiratoires. On les retrouve ainsi dans l’environnement (poussières contaminées par des fientes, plans d’eau, etc.). La transmission à l’Homme se fait par inhalation de poussières ou d’aérosols contaminés, ou par contact lors de la manipulation d’oiseaux infectés (plumage, éviscération, etc.). L’exposition dans les élevages, les basses-cours ou sur les marchés de volailles vivantes constitue le principal risque d’infection ; l’exposition lors de baignades dans des eaux contaminées a également été documentée comme facteur de risque. Le risque de contamination de l’Homme par la consommation de viande, œufs, foie gras et plus généralement de tout produit alimentaire est considéré comme nul ou négligeable.

L’exposition à un virus influenza zoonotique est définie comme tout contact sans mesures de protection (absence de port de protection respiratoire et port de tenue spécifique) avec  :

  • des oiseaux domestiques (dans un élevage ou une basse-cour, sur un marché où des volailles vivantes sont vendues, en expérimentation en laboratoire), vivants ou morts ;
  • des oiseaux sauvages isolés, malades ou morts, dans une zone à risque particulier (ZRP) ou toute zone géographique où un virus IA a été identifié (cf. liste des zones à risque en annexe III de l’Arrêté du 16 mars 2016 relatif aux niveaux du risque épizootique en raison de l'infection de l'avifaune par un virus de l'influenza aviaire hautement pathogène et aux dispositifs associés de surveillance et de prévention chez les volailles et autres oiseaux captifs et plateforme ESA) ;
  • des porcs ou sangliers (en élevage confiné ou non, ou domestiques, en abattoir, en foires ou salons d’exposition, en expérimentation), vivants ou morts ;
  • des mammifères sauvages (terrestres ou marins) malades ou morts ;
  • un environnement contaminé (air, litière, déjections...) ;
  • un cas humain d’infection à virus influenza aviaire/porcin confirmé biologiquement (cf. définition d’une personne contact) ;
  • des prélèvements ou des matériels biologiques contaminés par un virus influenza aviaire/porcin, en laboratoire de recherche ou de diagnostic par exemple.

Cas particulier : lors de situations d’aérosolisation importante (nettoyage sous pression, etc.), un risque résiduel ne peut être exclu chez les personnels malgré l’application des mesures de précaution.

Une prise en charge qui repose essentiellement sur la prévention

À ce jour, il n’y a pas de vaccin dirigé spécifiquement contre les virus influenza aviaires chez l’Homme. Depuis le printemps 2022, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande la vaccination contre la grippe saisonnière des professionnels exposés aux virus influenza aviaires et porcins. Une telle vaccination ne permet pas de réduire l’infection par un virus influenza d’origine animale, car le vaccin contre la grippe saisonnière ne contient pas de souche virale aviaire ou porcine, mais vise à réduire le risque d’émergence d’un nouveau virus mieux adapté à l’Homme en cas de co-infection d’une personne par un virus aviaire et un virus humain (phénomène dit de « réassortiment »).

Des antiviraux tels que les inhibiteurs de la neuraminidase (oseltamivir) sont prescrits en cas de forme grave nécessitant une hospitalisation, ou chez des personnes présentant des facteurs de risque de complications liées à la grippe. Le traitement par l’oseltamivir permet surtout de réduire la durée des symptômes et la charge virale du patient. Il est complété par un traitement symptomatique adapté à l’état clinique du patient.

Mesures de protection individuelles 

Il est vivement déconseillé de toucher ou de ramasser des oiseaux ou mammifères sauvages malades ou morts.

Des mesures individuelles de protection sont recommandées pour les personnes exposées à des volailles ou des oiseaux sauvages malades ou morts, telles que :

  • les mesures d’hygiène habituelles (se laver régulièrement les mains, ne pas boire ou manger à proximité des oiseaux),
  • le port de vêtements de protection à usage unique, le port d’un masque de protection respiratoire (de niveau FFP2), de lunettes ou d’une visière de protection et de gants de protection étanches.

Ces mesures sont détaillées en annexe 3 de l’avis du Haut Conseil de la Santé publique relatif à la prévention de la transmission à l’Homme des virus influenza porcins et aviaires du 10 décembre 2021 et sur le site du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.