Adoption des mesures de prévention recommandées par les pouvoirs publics face à l'épidémie de Covid-19 pendant la période de confinement en France métropolitaine. Enquête CoviPrev, 2020

Publié le 19 juin 2020
Mis à jour le 12 juillet 2024

Introduction - Dans le contexte de l'épidémie du Covid-19, dès l'annonce du confinement par le gouvernement le 17 mars, Santé publique France a mis en place un dispositif de surveillance afin de suivre l'adoption des comportements de prévention par la population. L'objectif était d'estimer le niveau d'adoption des mesures de prévention recommandées par les pouvoirs publics selon les caractéristiques de la population (sociodémographiques, conditions de vie liées à l'épidémie de Covid-19 et au confinement), d'identifier les facteurs cognitifs et affectifs associés (perceptions et connaissances) et d'en suivre les évolutions pendant la période de confinement. Méthodes - Des échantillons indépendants de 2000 personnes âgées de 18 ans et plus, résidant en France métropolitaine ont été interrogés par Internet. Les données présentées sont issues de cinq vagues d'enquêtes. Au total, 10 013 individus ont été interrogés entre le 30 mars et le 6 mai 2020. La principale variable d'intérêt était le nombre de mesures systématiquement adoptées sur les 7 recommandées par les pouvoirs publics. Les variables explicatives ont été regroupées dans trois blocs de variables distincts : 1/ variables sociodémographiques ; 2/ conditions de vie liées à l'épidémie de Covid-19 et au confinement ; 3/ variables cognitives et affectives. Afin de quantifier la force du lien entre le nombre de mesures systématiquement adoptées et les variables explicatives, des régressions linéaires multiples, ajustées sur le sexe, l'âge, la CSP et les vagues d'enquêtes ont été réalisées. Résultats - Les Français ont adopté, pendant la période de confinement, un nombre élevé de mesures de prévention, quels que soient les profils de populations, avec en moyenne sur les 5 vagues d'enquête, plus de 5 mesures systématiquement adoptées sur les 7 recommandées par les pouvoirs publics. Des différences selon les profils de populations ont été observées. Les hommes, les plus jeunes, les personnes de CSP- et les inactifs, les personnes ayant un plus faible niveau de littératie en santé, les personnes déclarant avoir continué à travailler à l'extérieur de leur domicile, les personnes n'ayant pas eu de proche ayant présenté des symptômes en lien avec le Covid-19 ont adopté en moyenne un moins grand nombre de mesures de prévention. Durant la période de confinement, le nombre de mesures systématiquement adoptées a diminué. L'adoption systématique de ces mesures était principalement expliquée par les déterminants cognitifs et affectifs : les trois principaux étaient la norme subjective (approbation et adoption des mesures par les proches), la capacité perçue à pouvoir adopter les mesures recommandées et, dans une moindre mesure, la gravité perçue de la maladie. Conclusions - Afin de favoriser l'adoption des comportements de prévention par la population, nos données suggèrent de renforcer prioritairement les normes sociales d'adoption de ces comportements et les capacités des individus à les mettre en oeuvre. Pour cela, il sera important de communiquer avec clarté et simplicité sur les modes de transmission du virus, sur les comportements de prévention, et de créer les opportunités dans l'environnement physique et social pour faciliter leur adoption (accès au matériel de protection, organisation de la distanciation physique...). Selon une approche de marketing social, la stratégie de communication gagnerait à valoriser une norme sociale d'adoption des mesures de prévention pour soi-même et pour autrui, en ciblant notamment les jeunes adultes et les hommes.

Auteur : Lasbeur Linda, Lecrique Jean-Michel, Raude Jocelyn, Léon Christophe, Bonmarin Isabelle, du Roscöat Enguerrand, Arwidson Pierre
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2020, n°. 16, p. 324-333