VIH/sida : données
Activité de dépistage : augmentation en 2021, après la diminution observée en 2020
Activité de dépistage dans les laboratoires : environ 5,7 millions de tests VIH en 2021
En 2021, 5,7 millions [IC95% : 5,6-5,9], de sérologies VIH ont été réalisées par les laboratoires de biologie médicale (laboratoires de ville et laboratoires hospitaliers). Ce nombre, qui avait chuté en 2020 (-13%), a augmenté de 8% en 2021, sans atteindre le niveau observé en 2019 (6,1 millions).
Cette augmentation de l’activité de dépistage en 2021 ne s’est pas accompagnée d’une augmentation dans les mêmes proportions du nombre de sérologies confirmées positives : l’apparente augmentation du nombre de ces sérologies positives +5% en 2021) n’est pas significative. Le taux de positivité est de 1,6 pour mille sérologies réalisées en 2021.

Données de remboursement de l’Assurance maladie
Au 1er semestre 2022, le nombre de personnes ayant bénéficié d’au moins un remboursement pour une sérologie VIH a dépassé le niveau observé au 1er semestre 2019
Des données de dépistage sont désormais disponibles jusqu’au 1er semestre 2022 , à partir des données de l’Assurance maladie, sur la base d’extractions du SNDS réalisées par Santé publique France en novembre 2022 pour quantifier les tests remboursés et réalisés en laboratoires privés et publics (hors hospitalisations et hors tests gratuits).
Ces données montrent, après la forte diminution de 2020, suivie d’une reprise en 2021 qui n’atteignait pas encore le niveau de 2019, que le nombre de personnes ayant bénéficié d’au moins un dépistage du VIH au 1er semestre 2022 augmente par rapport à 2021 et dépasse le niveau du 1er semestre 2019, chez les femmes comme chez les hommes.

VIH-test
Le dispositif VIH-test, généralisé en France depuis janvier 2022, permet aux assurés sociaux majeurs de réaliser une sérologie positive en laboratoire, sans prescription médicale et sans avance de frais. De janvier à septembre 2022, environ 158 000 sérologies VIH ont été réalisées et remboursées par l’Assurance Maladie dans ce cadre. Ces tests ont été réalisés à part égale chez des hommes et chez des femmes. Près de la moitié (45%) concernaient des personnes âgées de 20 à 29 ans.
Ventes d’autotests VIH
Le nombre d’autotests VIH vendus en pharmacie au cours de l’année 2021, sans possibilité de connaître la population y ayant recours, est d’environ 64 100 (+3% par rapport à 2020).
Diagnostics d’infection à VIH et de sida : stabilité entre 2020 et 2021
Les données sur les découvertes de séropositivité́ VIH sont issues de la déclaration obligatoire de l’infection à VIH. Du fait d’une exhaustivité insuffisante de la déclaration, d’une part importante de données manquantes (déclarations incomplètes) et de délais de déclaration, il est nécessaire de corriger ces données pour estimer le nombre réel de découvertes de séropositivité.
Environ 5000 personnes ont découvert leur séropositivité VIH en 2021
Le nombre de découvertes de séropositivité VIH en 2021 est estimé à 5 013 [IC95% : 4 481-5 231], sans différence significative par rapport à 2020. Cette stabilité entre 2020 et 2021 fait suite à une diminution de 22% entre 2019 et 2020.

L’estimation du nombre de découvertes de séropositivité est plus fragile que celles des années précédentes, du fait de la chute de l’exhaustivité de la déclaration obligatoire, liée notamment à la mobilisation des biologistes et des cliniciens sur l’épidémie à SARS-CoV-2. Cependant les données sur le nombre d’initiations de traitements antirétroviraux montrent également une diminution entre 2019 et 2020 (-25%) suivie d’une stabilisation en 2021 (Source SNDS, exploitation EPIPHARE, août 2022)
Découvertes de séropositivité VIH par population
L’évolution du nombre de découvertes de séropositivité diffère selon les populations. Après une diminution du nombre de découvertes de séropositivité VIH entre 2019 et 2020, beaucoup plus marquée chez les personnes nées à l’étranger (-28%) que chez celles nées en France (-14%), le nombre de découvertes s’est stabilisé en 2021 quelle que soit la population considérée.
Par contre, l’évolution depuis 2012 diffère selon les populations : une diminution est observée jusqu’en 2020 chez les HSH nés en France, ainsi que chez les hétérosexuel.le.s né.e.s en France. Inversement, une augmentation est observée chez les HSH nés à l’étranger et chez les personnes trans contaminées par rapports sexuels. Chez les hétérosexuel.le.s né.e.s à l’étranger, le nombre de découvertes est resté stable chez les femmes jusqu’en 2020 et a diminué chez les hommes.

Indicateurs de délai entre contamination et diagnostic
En 2021, 24% des découvertes de séropositivité chez les adultes étaient des diagnostics précoces (profil virologique de séroconversion, stade clinique de primo-infection ou test d’infection récente positif) et 29% étaient des diagnostics à un stade avancé de l’infection (stade sida ou taux de CD4 < 200/mm3 hors primo-infection).
La part des diagnostics précoces est en diminution depuis 2017, où elle était de 30%. La part des diagnostics à un stade avancé de l’infection reste stable, tandis que la part des diagnostics à un stade intermédiaire a progressé (47% en 2021).

Personnes diagnostiquées en France l’année de leur arrivée, mais connaissant déjà leur séropositivité
En plus des personnes ayant découvert leur séropositivité en 2020, ont été diagnostiquées cette même année 277 [IC95% : 227-327]personnes qui connaissaient leur séropositivité avant d’arriver en France et qui ont été testées dans les 12 mois après leur arrivée sur le territoire. Leur prise en compte porte à 5 290 [IC95% : 4 782-5 798] le nombre total de nouveaux diagnostics en France en 2021.
Diagnostics de sida
Le nombre de diagnostics de sida en 2021 est estimé à 1 062 [IC95% : 915-1 209]. Ce nombre, qui avait diminué jusqu’en 2018 pour atteindre 1 031 [IC95% : 917-1 144]), se stabilise depuis.
Parmi les personnes diagnostiquées avec un sida en 2021, la majorité d’entre elles (62%) ignoraient leur séropositivité, et donc n’avaient pu bénéficier de traitements antirétroviraux (ARV) avant le sida, et 17% connaissaient leur séropositivité mais n’avaient pas été traitées par ARV. Seuls 17% avaient reçu des ARV. L’ignorance de la séropositivité avant le diagnostic de sida concernait 70% des HSH, 56% des hétérosexuel.le.s et 33% des UDI diagnostiqués en 2021.
En conclusion
Dans un contexte d’augmentation continue de l’activité de dépistage du VIH jusqu’en 2019, une baisse avait été observée en 2020, liée à l’épidémie de Covid-19. En 2021, une ré-augmentation a été observée, restant encore à un niveau inférieur à celui de 2019.
Alors que la part des diagnostics à un stade avancé de l’infection est stable depuis plusieurs années, avec près de 30% des diagnostics, il est important de remobiliser les professionnels de santé et les populations clés sur l’importance du dépistage. Un dépistage précoce des personnes exposées et de leurs partenaires, suivi d’une mise sous traitement rapide, est indispensable pour interrompre les chaines de transmission.
Pour en savoir plus
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 29 novembre 2022, n°24-25 Prévention et dépistage du VIH et des infections sexuellement transmis...
Incidence du VIH
Le nombre de découvertes de séropositivité VIH dépend à la fois de l’incidence du VIH, c’est-à-dire du nombre de contaminations dans l’année, et du recours au dépistage.
En France l’incidence annuelle du VIH a été estimée à partir du nombre de découvertes de séropositivité, par plusieurs méthodes, deux basées sur le test d’infection récente réalisé par le Centre National de Référence (CNR) du VIH, et deux basées sur le rétro-calcul.
L’une de ces méthodes, développée par Santé publique France, est basée sur le nombre de personnes diagnostiquées à l’état d’« infection récente », c’est-à-dire en moyenne dans les 6 mois suivant la contamination. Avec cette méthode, l’incidence du VIH a été estimée à environ 5 800 [5275-6333] personnes en 2013 et 5 700 [5129-6189] en 2014, soient 13 nouvelles contaminations pour 100 000 personnes de 18 à 69 ans. Environ la moitié (51 %) de ces contaminations était liée à des rapports sexuels entre hommes, 48 % à des rapports hétérosexuels, et 1 % à l’échange de seringue entre usagers de drogues. L’incidence a globalement diminué entre 2003 et 2014, depuis 2003 pour les hétérosexuels, et seulement depuis 2008 chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH).
Une autre méthode, développée par l’Inserm UMRS 1136, est basée sur les rétro-calculs à partir des cas diagnostiqués et l’estimation du délai entre contamination et diagnostic. Avec cette méthode, l’estimation de l’incidence était d’environ 6 000 nouvelles contaminations en 2018, avec un délai médian de 3,6 ans entre la contamination et le diagnostic.
Une comparaison des différentes méthodes, entamée en 2022, va être réalisée en 2023 dans l’objectif de choisir la ou les méthode(s) à utiliser préférentiellement pour fournir des estimations actualisées.
Une comparaison des différentes méthodes, entamée en 2022, va être réalisée en 2023 dans l’objectif de choisir la ou les méthode(s) à utiliser préférentiellement pour fournir des estimations actualisées.
Une augmentation régulière de la prévalence (nombre de personnes vivant avec le VIH)
Une augmentation régulière en France du nombre de personnes vivant avec le VIH est observée depuis le début de l’épidémie, en raison du nombre annuel de nouvelles contaminations toujours supérieur à celui du nombre de personnes séropositives qui décèdent chaque année. Ce nombre serait actuellement d’environ 190 000 personnes en France.