La pollution de l’air reste l'un des plus grands risques environnementaux pour la santé dans le monde. En 2021, selon le Institute of Health Metrics and Evaluation, la pollution atmosphérique (ambiante et intérieure) représente le deuxième facteur de risque de mortalité.
En France, Santé publique France pilote depuis 1997 le Programme de Surveillance Air et Santé (PSAS) avec deux objectifs :
- Surveiller et caractériser les effets sur la santé à court (notamment des épisodes de pollution) et long terme de la pollution de l’air ambiant (avec production de fonctions concentration-risque).
- Évaluer les impacts de la pollution de l’air ambiant sur la santé et les bénéfices de la mise en place de mesures de gestion (par le biais des EQIS - Évaluations quantitatives d’impact sur la santé).
Même si la qualité de l’air s’améliore globalement chaque année, la poursuite des politiques d’amélioration de la qualité de l’air reste un véritable enjeu de santé publique en France. Dans ce cadre, Santé publique France publie une infographie : « Pollution de l’air : des progrès pour notre santé nécessaires et possibles » et Sylvia Medina, coordinatrice du programme de surveillance « Air et santé » à Santé publique France, revient sur les enjeux majeurs liés à la qualité de l’air en France et ses impacts sur notre santé.

- Télécharger l'infographie "Pollution de l’air : des progrès pour notre santé nécessaires et possibles"
3 questions à Sylvia Medina, coordinatrice du programme de surveillance « Air et santé » à Santé publique France
Quelle est la situation de la pollution de l’air en France ?

Le bilan annuel 2023 sur la qualité de l’air extérieur en France publié par le ministère en charge de l’Ecologie confirme que la qualité de l’air s’est globalement améliorée, en lien avec la réduction des émissions de polluants hormis pour l’ozone. Cependant, des dépassements de normes réglementaires de qualité de l’air pour la protection de la santé persistent encore dans certains endroits. De plus, la directive européenne sur la qualité de l'air, adoptée le 23 octobre 2024, fixe des objectifs plus stricts à atteindre en 2030 pour plusieurs polluants afin de mieux protéger la santé des populations. Des améliorations seront donc encore nécessaires pour les atteindre.
Quel est le poids de l’exposition à la pollution de l’air ?
décès seraient attribuables à une exposition des personnes âgées de 30 ans et plus aux particules fines (PM2,5)
L’exposition de la population à la pollution de l’air ambiant reste un enjeu de santé publique important. Santé publique France a estimé que chaque année près de 40 000 décès seraient attribuables à une exposition des personnes âgées de 30 ans et plus aux particules fines (PM2,5) représentant un impact économique annuel pour la société de 130 milliards d’euros.
L’étude publiée cette année par Santé publique France a estimé pour la première fois l’impact de la pollution de l’air sur le développement de plusieurs maladies : plusieurs dizaines de milliers de nouveaux cas de maladies seraient évitables en réduisant les niveaux des particules fines et de dioxyde d’azote dans l’air ambiant. Par exemple : presque 30 000 nouveaux cas d’asthme chez l’enfant pourrait être évités chaque année en baissant les niveaux de PM2,5 aux valeurs recommandées de l’OMS. L’impact économique annuel pour la société a été estimé à 9,6 milliards d’euros, soit 148 euros par an et habitant.
- Lire le communiqué de presse : « Asthme, accident vasculaire cérébral, diabète… quels impacts de la pollution de l’air ambiant sur la santé ? Et quel impact économique ? »
Et l’air intérieur ?
L’air intérieur est très souvent plus pollué que l’air extérieur et les polluants de l’air intérieur ont aussi des effets néfastes sur la santé. A noter qu’il existe une circulation et un transfert plus ou moins important des polluants de l’air extérieur à l’intérieur des bâtiments. Avec plus de 80% de notre temps passé dans des environnements intérieurs (habitations, écoles, commerces, transports…), il est indispensable de mieux considérer la qualité de ces environnements.
- En savoir plus sur les enjeux de santé lié à l’air et les environnements intérieurs
Quelles solutions pour agir ?
Pour continuer à réduire la pollution de l’air ambiant et son impact sur la santé, il est nécessaire de poursuivre les actions collectives et individuelles sur les tous les leviers possibles. Au-delà de la qualité de l’air ambiant, les politiques publiques visant à diminuer cette pollution peuvent générer des effets bénéfiques supplémentaires et contribuer à créer des environnements plus sains et plus agréables à vivre.
Par exemple, la réduction du trafic routier (une source majeure d’émissions de particules et d’oxydes d’azote) permet de libérer de l’espace dédié aux voitures au profit d’espaces qui :
- favorisent l’activité physique,
- réduisent les nuisances sonores,
- atténuent les îlots de chaleur urbains,
- encouragent les interactions sociales.
Santé publique France poursuivra la production de données utiles aux décisions locales et nationales, notamment à travers l’estimation actualisée des impacts de la pollution de l’air sur la mortalité et la morbidité.
De plus, afin d’appuyer les acteurs locaux, des formations pour la réalisation d’EQIS* locales sont réalisées chaque année en collaboration avec l’EHESP.
* Evaluation quantitative d'impact sur la santé


