Au cours des « 1 000 premiers jours » (période allant de la grossesse aux 2 ans de l’enfant), le développement cérébral de l’enfant joue un rôle majeur dans le développement du petit enfant puisqu’il lui permet d’acquérir les compétences et les aptitudes cognitives, physiques et motrices, émotionnelles, sociales et langagières. C’est de ces compétences et aptitudes que vont dépendre la santé, les apprentissages et le bien-être de l’individu tout au long de sa vie. Afin de pouvoir les développer, l’enfant a besoin de créer une relation aux autres et plus particulièrement un lien d’attachement avec sa mère ou toute autre personne s’occupant, prenant soin de lui et répondant à ses besoins fondamentaux. En vue de renforcer ce lien et/ou de prévenir les troubles de l’attachement, des interventions de prévention précoces à domicile (IPPAD) se sont développées dès le début des années 1980. Ces programmes probants, issus de recherches, ont fait l’objet de nombreuses publications scientifiques internationales et constituent aujourd’hui un robuste socle de connaissances sur lequel il est possible de s’appuyer pour identifier les pratiques et les stratégies d’intervention des IPPAD.
Dans le cadre de ses missions, Santé publique France est chargée de favoriser la diffusion de données probantes issues de la littérature scientifique et expérientielle. Pour répondre aux engagements autour de la politique des 1000 premiers jours de l’enfant, l’agence a élaboré un guide sur les IPPAD pour favoriser le développement de ces interventions en France.
Les interventions de prévention précoce à domicile : un accompagnement efficace dans le champ de la santé périnatale
Qu’est-ce qu’une IPPAD ?
Les IPPAD, sont définies comme toute activité de prévention et de promotion de la santé physique et mentale, de développement des compétences psychosociales ou de soins, s’adressant aux familles de la grossesse aux 2 ou 3 ans de l’enfant et réalisées à domicile. Ces interventions ciblent prioritairement les familles qui cumulent des facteurs de risque médico-psycho-sociaux de vulnérabilité, difficiles d’accès du fait d’une faible utilisation et d’une faible confiance dans les réseaux de soins et d’aide communautaire.
En quoi consistent-elles ?
Il s’agit d’une intervention de visiteurs à domicile formés qui rencontrent, à plusieurs reprises au cours des 1000 premiers jours de l’enfant, les futurs parents ou les familles pour leur offrir un ensemble de services de prévention primaire, secondaire, de soins d’accompagnement psychosocial ou de soutien à la parentalité.
Ces interventions, basées sur le volontariat des familles, sont conçues ou adaptées et testées pour être dispensées à domicile. Pendant les rencontres, les visiteurs à domicile tendent à établir des relations solides et positives, à offrir des possibilités de soutien et de participation des parents et des familles afin de renforcer les compétences des enfants et des familles.
Quels sont les bénéfices ?
Les interventions de prévention précoce à domicile se sont développées dans de nombreux pays, et selon les études, certains effets positifs ont pu être démontrés sur :
- le développement psychoaffectif de l’enfant avec moins de problèmes d’attachement à un an, moins de troubles du comportement et un meilleur développement cognitif, langagier et moteur ;
- la santé de l’enfant avec moins d’accidents, d’hospitalisations et de passages aux urgences, plus de vaccination et moins de faible poids à la naissance et de prématurité ;
- la réussite scolaire de l’enfant ;
- la santé de la mère avec un meilleur suivi de grossesse et du post-partum, moins de diabète gestationnel, une réduction des hospitalisations anténatales, moins de césariennes, moins de stress et de dépression périnatale ; un espacement des grossesses ;
- la parentalité avec plus de connaissances parentales ; un meilleur repérage et une meilleure réponse aux besoins du bébé ; plus de satisfaction et de sentiment de compétences parentales ; une meilleure capacité maternelle à créer un environnement sécuritaire et stimulant ; un meilleur engagement, une meilleure confiance et moins d’anxiété chez les pères.
Des repères pour favoriser le déploiement des IPPAD en France
Les interventions de prévention précoce à domicile sont identifiées comme pouvant améliorer l’accompagnement des parents mais leur déploiement en France nécessite de caractériser : les différents modèles d’interventions, les concepts théoriques sous-tendant les interventions, les objectifs ciblés, les profils des visiteurs ainsi que les populations ciblées.
Les repères définis sont issus des enseignements issus de trois études menées par Santé publique France : une revue de la littérature internationale, une enquête en population d’acceptabilité de ces interventions par les futurs et jeunes parents, et un état des lieux des IPPAD actuellement déployées en France. Grâce aux connaissances collectées et partagées dans ce guide, 13 critères de qualité des IPPAD et trois axes sont proposés pour favoriser le développement de la qualité et de la couverture territoriale de ce type d’interventions en France, telles que :
- Accompagner les structures souhaitant implanter ou évaluer des IPPAD
- Capitaliser les expériences pour comprendre finement les IPPAD et les déployer
- Approfondir l’évaluation coût efficacité des IPPAD en menant des recherches interventionnelles
Ce rapport est une première étape dans la volonté de l’Agence d’accompagner les acteurs à développer des IPPAD.
Sur la base des enseignements tirés de ce rapport, Santé publique France va mener une concertation avec des acteurs concernés afin d’élaborer un guide pratique pour les professionnels de terrain, aux financeurs et aux décideurs politiques. Ce guide permettra d’apporter un soutien scientifique et méthodologique aux promoteurs de ces interventions pour que le plus grand nombre de familles concernées puissent bénéficier de ces services.
Repères pour l’implantation d’interventions de prévention précoce à domicile soutenant la relation parents-enfants. Plan gouvernemental...
En savoir plusUne action qui s’inscrit dans le programme 1000 jours de Santé publique France
Santé publique France s’est engagée dès sa création pour la promotion de la santé et la prévention dans le champ de la périnatalité et de la petite enfance.
Cet engagement s’appuie sur une base scientifique robuste, qui couvre tout autant les champs biologiques, psychosociaux et économiques, et qui démontre l’intérêt et l’efficience des actions les plus précoces possibles dans une optique de lutte contre les inégalités sociales et territoriales de santé. Inégalités qui restent patentes en France, apparaissent dès la grossesse et s'installent durablement durant la petite enfance.
Le programme « Périnatalité et petite enfance » de Santé publique France est en ligne avec les priorités de l’action publique comme les 1000 premiers jours.
Initiée par un ensemble de mesures au niveau national depuis 2020, la politique des 1000 premiers jours de l’enfant s’est largement diffusée à travers la mobilisation des territoires et des différents acteurs impliqués au quotidien dans la vie des enfants, des parents, des futurs parents et de l’environnement dans lequel ils s’inscrivent. Dans le cadre de la feuille de route pluriannuelle 2024-2027, deux mesures ont été confiées à Santé publique France :
- la sensibilisation de la population et des parents aux enjeux de la période des 1000 premiers jours ;
- le cadrage scientifique pour le soutien au déploiement des visites à domicile en pré et post natal.
Ces deux mesures confiées à Santé publique France s’inscrivent dans la stratégie sur les 1000 premiers jours développée depuis 2016, et qui se déploie selon trois grands axes :
- La production de connaissances et d’indicateurs sur les déterminants de santé de la période des 1000 jours ;
- l’information auprès des parents, futurs parents et professionnels via des campagnes et le site 1000-premiers-jours.fr ;
- le développement et le soutien des interventions de prévention précoces (IPPAD, Panjo…)