Santé mentale des enfants et adolescents : un suivi renforcé et une prévention sur-mesure

Face aux conséquences de l’épidémie de COVID-19 sur la santé mentale, et en particulier celle des enfants et des adolescents, Santé publique France a renforcé sa surveillance et lancé des études en population. Une campagne de prévention adaptée aux adolescents a été conçue pour les inciter à parler et recourir aux dispositifs d’aide à distance.

Publié le 17 janvier 2022

Santé mentale des jeunes : une surveillance renforcée pour suivre et mesurer son évolution

Depuis mars 2020, l’épidémie de COVID-19 et les mesures pour la freiner bouleversent la vie de tous et notamment des enfants et des adolescents avec des conséquences visibles sur la dégradation de la santé mentale constatées par les professionnels de santé et de l’Education nationale et confirmées par le système de surveillance de Santé publique France. 

Des bulletins de surveillance de la santé mentale pour suivre l’évolution des recours aux urgences et des consultations SOS Médecins

Des bulletins hebdomadaires de surveillance de la santé mentale sont produits chaque semaine, pour mesurer et suivre l’évolution des recours, par exemple, pour geste suicidaire, troubles de l’humeur ou troubles anxieux à partir des passages aux urgences (OSCOUR®) ou des consultations SOS Médecins ainsi que les points mensuels nationaux et régionaux qui apportent un complément d'analyse en termes d'indicateurs et de classes d'âges. Des analyses sur les données du Système National De Santé (SNDS) sont également en cours.

Que nous montrent ces données ?

Ces données montraient depuis début 2021, une augmentation des passages aux urgences pour geste suicidaire, idées suicidaires et troubles de l'humeur chez les enfants de 11-17 ans (niveaux collège, lycée) et dans une moindre mesure chez les 18-24 ans. Les enfants de 11-14 ans (niveau collège) étaient les plus impactés.

Fin 2021 et début janvier 2022, les passages pour troubles de l'humeur tendent à retrouver des niveaux comparables à ceux des années antérieures contrairement aux passages pour idées et gestes suicidaires qui restent à des niveaux nettement supérieurs.  

Des études spécifiques sur la santé mentale des jeunes 

Une attention particulière a également été portée aux enfants et aux adolescents, avec l’étude Confeado dont l’objectif était de comprendre, dans le cadre de l’épidémie de COVID-19, la manière dont les enfants et les adolescents âgés de 9 à 16 ans ont vécu le premier confinement et comment celui-ci a pu avoir des conséquences sur leur bien-être.

Les premiers résultats mettaient en évidence des disparités en santé mentale, classiquement retrouvées selon l’âge et le sexe avec une santé mentale plus impactée chez les adolescents (13-18 ans) que chez les enfants (9-12 ans) et également plus impactée chez les filles que chez les garçons. 

Les résultats faisaient également ressortir une nette fracture sociale. Les enfants et les adolescents issus de familles plus vulnérables, ayant des conditions de vie plus difficiles et en situation d’isolement social ont ressenti davantage de détresse psychologique. Un manque d’activités, une augmentation du temps passé sur les réseaux sociaux et les écrans, un sentiment d’être dépassé par rapport au travail scolaire, l’infection à la Covid-19 d’un proche et l’hospitalisation suite au Covid-19 étaient des facteurs également associés à la détresse.

En savoir plus


Par ailleurs, dès le printemps 2022, sera lancée l’étude Enabee, Etude NAtionale sur le Bien-Etre des Enfants comme annoncé par le Président de la République il y a moins d’un an et officialisé par Adrien Taquet, Secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles en avril 2021. 

Enabee : une étude sur le bien-être des enfants

Au printemps 2022, Santé publique France lance, avec l’appui des ministères chargés de la Santé et de l’Education nationale et des acteurs agissant auprès des enfants (professionnels de santé, enseignants, parents d’élèves…), une étude de santé publique visant à décrire le bien-être des enfants de 3 à 11 ans, leurs éventuelles difficultés émotionnelles et d’apprentissage, les facteurs associés ainsi que le recours aux soins. Cette étude concerne 500 écoles tirées au sort, près de 30 000 enfants de la petite section de maternelle au CM2 ainsi que leurs familles et leurs enseignant.

Les résultats permettront de fournir des données populationnelles objectivées sur le bien-être et la santé des enfants, d’autant plus nécessaires en période de crise et post-crise sanitaire, afin d’orienter les politiques publiques dans les choix des stratégies et actions de prévention et de prise en charge. 

La mise en œuvre d’une telle étude d’envergure nationale nécessite une pré-enquête, dite enquête pilote, de manière à tester l’ensemble du dispositif de recueil de données, sa faisabilité, son acceptabilité et apporter les ajustements nécessaires avant la mise en œuvre de l’étude nationale prévue en mai – juin 2022. Cette étude pilote se déroule courant janvier auprès de 2000 enfants avec un recueil au sein des écoles élémentaires du 10 au 17 janvier 2022.

« J’en parle à » : une campagne pour inciter les adolescents à parler 

Dans la continuité de la campagne « En parler, c’est déjà se soigner », un dispositif spécialement adapté aux adolescents (11-17 ans) a été lancé en juin 2021 : « J’en parle à ».  Il est renouvelé jusqu’en juin 2022 avec 3 vidéos de 15 secondes diffusées sur les réseaux sociaux. Cette campagne a pour objectif de contribuer à limiter les impacts de la crise sanitaire sur la santé mentale des jeunes adolescents en les incitant à parler à un tiers de confiance et à recourir au dispositif d’aide à distance Fil Santé Jeunes

La campagne est relayée par voie d’affichage dans des lieux publics afin de toucher les jeunes n’ayant pas ou peu accès aux réseaux sociaux ou outils informatiques. 

Des dispositifs d’aide à distance pour faciliter l’accès aux ressources et aux coordonnées des professionnels de santé

Santé publique France a renforcés ses partenariats, en particulier avec Fil Santé Jeunes, un service anonyme et gratuit à destination des jeunes de 12 à 25 ans, proposant une ligne d’écoute, 0 800 235 236, accessible 7 jours sur 7 de 9h à 23h, et un site internet mettant à disposition de l’information, un forum, un tchat, et une orientation vers des structures d’aide. Des contenus spécifiques ont été créés notamment sur la thématique Covid et mal-être informant sur les signes d’alerte, les conseils pour prendre soin de soi et les ressources à destination des jeunes.

Pour faciliter l’accès à l’information et aux ressources, un espace dédié à la santé mentale pendant l’épidémie de COVID-19 a été créé sur le site internet de Santé publique France permettant de recenser les sites de référence ainsi que les dispositifs d’aide à distance, classés selon les thématiques (violence, deuil, détresse psychologique, addictions, parentalité…) et par population (enfants, étudiants, personnes âgées…). 

Repérer les signes de troubles psychiques et orienter les jeunes grâce aux modules « Premiers Secours en Santé Mentale »

Santé publique France soutient financièrement et accompagne l’association PSSM France dans l’élaboration et le déploiement de modules de formations aux premiers secours en santé mentale qui ont pour objectifs la déstigmatisation des personnes souffrant de troubles psychiques.

Fin 2021, Santé publique France a financé l’élaboration d’un module spécifique à destination des adultes qui sont quotidiennement au contact d’adolescents afin de les aider à repérer les premiers signes de troubles psychiques et d’orienter les jeunes vers une prise en charge adaptée à sa situation. Les formations au module « Jeunes » sont proposées dès le début de l’année 2022.