Le programme de surveillance air et santé (Psas) a 25 ans

A l’occasion de la journée nationale de la qualité de l’air du 14 octobre 2022, Santé publique France retrace, pour les 25 ans du Psas, les éléments marquants des 5 dernières années et publie en open-data les résultats de la dernière évaluation quantitative d’impact sur la mortalité à long terme au niveau régional et départemental.

Publié le 14 octobre 2022

Le Psas, un programme majeur pour aider à lutter contre la pollution de l’air

Chaque année, près de 40 000 décès sont attribuables à une exposition des personnes âgées de 30 ans et plus aux particules fines (PM2,5). La pollution de l’air a des effets avérés sur la santé et reste le premier facteur de risque environnemental en France et dans le monde, notamment dans le contexte de changement climatique et de crise énergétique que nous vivons. 

Par ses travaux, Santé publique France montre que la mise en place d’actions visant à réduire durablement la pollution atmosphérique permettrait d’améliorer la santé et la qualité de vie de la population. Grâce au programme de surveillance air et santé (Psas) et aux résultats qu’il produit depuis sa mise en place en 1997, l’Agence surveille et caractérise les effets à court et long termes de la pollution atmosphérique sur la santé, et réalise des évaluation quantitatives d’impact sur la santé (EQIS).

Cette année, le Psas de Santé publique France a 25 ans d'existence. L’occasion de revenir sur l’histoire du programme, les actions menées et les études publiées en lien avec nos partenaires nationaux et régionaux.

Les faits marquants du Psas

En 2017, Santé publique France a réalisé une présentation animée (storymap) qui retraçait l'histoire du programme et les faits marquants des 20 dernières années. Depuis, Santé publique France a poursuivi ses activités de surveillance et de développements méthodologiques. Retrouvez ci-après les éléments marquants des cinq dernières années.

La formation aux EQIS-PA : un axe fort du Psas

La formation est essentielle pour que les acteurs locaux et les collectivités puissent mettre en place des évaluations quantitatives d’impacts sur la santé de la pollution atmosphérique (EQIS-PA), outil très utile pour guider les actions visant à diminuer l’impact de la pollution de l’air. Ces EQIS-PA ont pour but d’aider à la décision vis-à-vis d’interventions destinées à diminuer la pollution. Elles permettent en effet d’estimer les bénéfices atteignables pour la santé de scénarios d'amélioration de la qualité de l'air.

En savoir plus :

Des guides et des outils pédagogiques

Santé publique France, en lien avec ses partenaires, a poursuivi son investissement dans le développement et la vulgarisation de la démarche d’EQIS-PA.

Dans cet objectif, des guides et outils ont été développés par Santé publique France en 2019 pour permettre une utilisation simplifiée par les acteurs locaux. Ces guides s’appuient sur un outil de calcul développé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’outil AirQ+, qui a été adapté au contexte français. 

Une formation personnalisée

Un accompagnement à la réalisation d’EQIS-PA par les collectivités, piloté par l’ADEME, a été mis en place. Sur deux ans, deux vagues successives de collectivités ont bénéficié d’une formation à l’EQIS-PA personnalisée. En 2022, cette formation est portée par l’EHESP avec le soutien de l’ADEME pour une phase pilote de deux ans et s’ouvre à un public plus large de chargés de mission et ingénieurs (Directions Régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL), d’Agences Régionales de Santé (ARS), d’Observatoires Régionaux de Santé (ORS), d’Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l’Air (AASQA), de collectivités territoriales (métropoles, EPCI…) ; de décideurs sur la qualité de l’air au niveau local et national ; et de bureaux d’études.

Des études multi-partenariales pour estimer les risques pour la santé et les impacts de la pollution de l’air ambiant

Afin d’enrichir les connaissances scientifiques et dans le cadre de sa mission de surveillance de l’impact de la qualité de l’air, Santé publique France développe le réseau de partenariat du Psas au niveau local/régional, national et international. En collaboration avec ses partenaires dont l’ORS Ile de France, l’Ineris, les AASQA, le Citepa et l’Aix-Marseille School of Economics (AMSE, Aix-Marseille Université, AMU), le Psas a produit ou contribué à différentes études sur le territoire français au cours des cinq dernières :

Le Psas s’implique également activement dans les initiatives scientifiques internationales, notamment en contribuant aux projets développés par l’OMS pour actualiser les indicateurs et les fonctions concentration-risque nécessaires aux calculs des EQIS-PA.

Impact de la pollution de l’air au niveau régional et départemental : nouveaux indicateurs disponibles en open data sur Géodes

Parmi ses travaux, le Psas a réalisé une évaluation du poids de l'exposition à long terme de la population aux particules fines (PM2,5) et au NO2 sur la mortalité au niveau national pour la période 2016 - 2019

Les indicateurs issus de ces travaux sont disponibles à l’échelle régionale et départementale pour la période 2016-2019 : nombre de décès et part des décès évitables, et gain d’espérance de vie par le respect des valeurs guides de l’OMS.

La participation à des projets de recherche

Le Psas contribue à des projets de recherche. Le dernier en date est  le projet CEPEM (caractérisation des épisodes de pollution et évaluation des mesures mises en place), financé par l’ADEME, dans le cadre de l’appel à projets PRIMEQUAL #1862C0011 (programme de recherche inter-organismes pour une meilleure qualité de l'air), et coordonné par l’INSERM (UMR-S 1136). Le projet CEPEM a pour objectifs : 

  • axe 1 :  mieux comprendre les particularités épidémiologiques des épisodes de pollution en France, 
  • axe 2 : évaluer les politiques de lutte contre la pollution durant les épisodes de pollution à Paris,
  • axe 3 : évaluer des mesures à une échelle temporelle plus longue visant des modifications urbaines plus durables, notamment en recensant les mesures mises en place dans la durée pour réduire la pollution liée au trafic et aux mobilités en France.

Le Psas a participé aux axes 1 et 3.

Une extension des villes du Psas depuis sa création

Les travaux du Psas sont menés sur l’ensemble du territoire métropolitain grâce au développement de la modélisation de l’exposition par l’INERIS mais également au niveau local en collaboration avec les AASQA. Le Psas a ainsi démarré avec 9 villes, il compte aujourd’hui 22 villes françaises dont deux en outre-mer -représentant plus de 15 millions d'habitants-, ce qui permet de prendre en compte la diversité de l'exposition à la pollution de l'air en France.

Villes participants au Psas

Villes participantes au Psas en 2022

Les perspectives à venir du Psas

Du fait des conditions climatiques, des politiques de réduction des émissions et de l'évolution possible des sources émettrices, les risques pour la santé liés à la pollution de l'air sont susceptibles de changer. Le Psas va continuer à assurer le suivi de ces évolutions et leurs impacts sur la santé, en lien avec d’autres programmes d’intérêt à Santé publique France et d’ailleurs, pour répondre au mieux aux attentes sociétales et protéger l'état de santé de la population.

Dans les travaux à venir, en 2023, on peut citer notamment la réalisation d’une EQIS-PA pour estimer l’impact de la pollution de l’air ambiant sur la morbidité, et la mise à jour des guides de Santé publique France sur la base des nouvelles connaissances développées dans le cadre des projets de l’OMS.

A l’avenir, le Psas s’oriente vers une approche intégrée d’évaluation des impacts sur la santé en lien avec différents facteurs environnementaux incluant la pollution de l’air ambiant, la chaleur, le bruit, l’accès aux espaces verts et la mobilité. Pour ce faire, Santé publique France coordonne une étude pilote avec les collectivités de Rouen, Lille et Montpellier. 

Plus d’informations sur l’histoire du Psas

Visuel de la vidéo de présentation du programme de surveillance air et santé

En complément du Psas, des travaux à venir sur l’impact sanitaire de la qualité de l’air intérieur

Plus récemment, Santé publique France a étendu ses activités à l'impact sanitaire de la qualité des environnements intérieurs.

Dans le cadre de la Campagne Nationale Logement 2, une collaboration a été signée en 2019 entre Santé publique France et le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, en tant qu’opérateur scientifique et technique de l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur (OQAI). Cette campagne a pour but d’évaluer la qualité de l’air dans les logements français et notamment son évolution depuis la première campagne nationale menée en 2003-2005. Un volet « santé/perception », piloté par sante publique France, a été adossé à cette nouvelle campagne afin de mieux connaitre le lien entre la qualité de l’air intérieur et la santé des habitants. Les premiers résultats sont attendus pour 2023. 

En parallèle, des travaux sont en cours pour étudier la pertinence et la faisabilité d'appliquer la démarche d’EQIS dans et autour des établissements scolaires. Ce travail vise à identifier les données nécessaires pour mettre en œuvre une telle démarche appliquée aux écoles mais aussi à obtenir une première estimation du bénéfice d'une amélioration de la qualité de l'air de ces établissements sur l'asthme de l'enfant. Un premier rapport sur le sujet sera publié au début de l’année 2023.  

Les résultats de ces travaux sont d'autant plus attendus qu'ils interviennent dans un contexte où la crise sanitaire liée à l’épidémie de COVID-19 a mis en lumière l’importance des gestes d’aération de ventilation des locaux comme moyen de lutte contre la propagation du virus. Ils permettront ainsi de renforcer les données mettant en évidence qu’au-delà des enjeux infectieux, assurer une bonne qualité de l’air des espaces clos est nécessaire pour la santé et le bien-être de tous.