Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail 2021

A l'occasion de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail du 28 avril 2021, Santé publique France illustre au travers de plusieurs travaux, les actions menées en termes de surveillance et de promotion de la santé en milieu du travail.

Publié le 28 avril 2021

La pandémie de Covid-19 a eu de nombreux effets sur le monde du travail et a conduit les gouvernements, les employeurs, les travailleurs et l’ensemble de la population à relever des défis sans précédent liés au virus SARS-CoV-2. L’édition 2021 de la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail a pour thème « Anticiper, se préparer et répondre aux crises - Investir Maintenant dans des Systèmes de Sécurité et Santé au Travail Résilients ».

Améliorer la santé globale des travailleurs : un enjeu de santé au travail et de santé publique

L’année 2021 est une année importante en matière de santé au travail avec  :

  • le projet de Loi prévention en santé travail qui vise à renforcer la prévention des risques et de la désinsertion professionnelle et le dialogue avec les branches professionnelles, 
  • le renouvellement du Plan Santé Travail (PST4 2021-2025). 

Les relations entre la santé et le travail sont fortes : le travail peut générer des impacts sanitaires positifs ou négatifs en fonction des conditions de travail. Les travailleurs sont exposés à des facteurs de risque et/ou à des facteurs préventifs/ressources selon leurs conditions de travail et plus généralement leurs conditions de vie. Les expositions à ces facteurs de risque (combinés et cumulés dans le temps) se traduisent par des atteintes de la santé des travailleurs avec un impact professionnel. L’ampleur de certains phénomènes (en terme de gravité et d’étendue) d’origine professionnelle constitue un enjeu de santé publique. Par ailleurs, il existe des interactions entre santé des travailleurs et environnement : la santé des travailleurs est influencée par l’environnement et la santé des écosystèmes est impactée par le travail, ce qui invite à une approche globale de type « One Health ».  

Avec la crise sanitaire de la Covid-19, les travailleurs sont soumis à des changements importants de leurs conditions et organisation de travail, avec des possibles difficultés économiques et des impacts sur leur santé mentale et physique. 

Dans ce contexte, Santé publique France s’attache à tirer des enseignements sur les besoins de décloisonnement entre santé publique et santé-travail et à tenir compte dans ses travaux d’une vision intégrée de l’environnement, combinant environnement général et environnement professionnel et d’anticiper d’autres sujets émergents soulignés par la crise sanitaire actuelle. Nous menons des activités de surveillance de la santé des travailleurs, d’alerte en milieu du travail et des activités de prévention et promotion de la santé dans les différents milieux de vie dont le milieu du travail avec le développement de plaidoyers en santé environnement travail dans une approche « One Heath » intégrant la santé des humains et des écosystèmes.

Les missions de Santé publique France en matière de santé au travail

Santé publique France mène des activités de surveillance des risques professionnels, de l’organisation du travail et des effets sur la santé par la production de données en appui aux pouvoirs publics, aux préventeurs, aux parties prenantes et partenaires sociaux via ses systèmes, études et cohortes. Nos approches croisées par expositions, par pathologies et par populations contribuent à améliorer l’environnement de travail physique et psycho-social par la prévention des risques professionnels. Pour développer ces travaux, nous nous appuyons sur un réseau de partenaires du monde du travail dont les services de santé au travail et nous portons leurs résultats vers les ministères en charge de la santé au travail et vers les opérateurs de la prévention des risques professionnels (INRS, ANACT, Cnamts, CCMSA, OPPBTP). Nous assurons également une restitution régulière aux partenaires sociaux dans le cadre notamment du Conseil d’orientation des conditions de travail (Coct) pour le régime général et des instances ad hoc du régime agricole.

Développer la promotion de la santé en milieu professionnel

Santé publique France pilote le développement de la promotion de la santé en milieu de travail pour améliorer l’état de santé et le bien-être des travailleurs, développer des modes de vie et de travail plus sains et aller vers un développement durable avec équité et justice sociale. Pour cela plusieurs partenaires seront mobilisés dans le respect des missions propres aux acteurs de santé au travail et acteurs de santé publique. Cette action sera portée dans le cadre du PST4 2021-2025.

Mener des investigations en entreprises, notamment dans le cadre d’événements inexpliqués

Pour répondre le plus efficacement possible une organisation est mise en place dans chaque région impliquant les agences régionales de santé, les directions régionales de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités et les services de pathologies professionnelles et environnementales des CHU. Une réflexion est à l’étude pour inscrire cette expertise dans le cadre d’un dispositif structuré santé travail-environnement. 

S’adapter aux enjeux environnementaux et sociétaux

Crise sanitaire, changement climatique, inégalités sociales et vulnérabilités territoriales…), Santé publique France adapte ses activités aux enjeux environnementaux, sociétaux et à l’évolution du monde du travail . A titre d’exemple :

  • L’adaptation de nos systèmes de surveillance pour étudier l’impact de l’épidémie de Covid 19 sur la santé des travailleurs (cohortes Coset MSA et indépendants, MCP).
  • La mise en place d’une démarche de plaidoyers en santé environnement travail dans une approche « One Health », pour promouvoir, sur la base des données probantes, des changements comportementaux ou systémiques favorables à la santé, dans différents milieux de vie intégrant notamment celui du travail. 
  • Une collaboration avec nos partenaires internationaux  dans le cadre de l’Association internationale des agences de santé publique (IANPHI) dont Santé publique France assure le secrétariat pour que le changement climatique devienne une priorité des politiques de santé publique. Objectif  : dégager une position sur le réchauffement climatique et de la promouvoir dans le cadre de la COP 26. 

Articuler nos travaux avec la stratégie nationale

Santé publique France veille à ce que ses travaux soient développés en articulation avec les différents plans et stratégies nationaux (Plans Santé Travail et stratégie santé MSA, stratégie nationale de santé, plan national santé environnement, stratégie décennale de lutte contre le cancer, programme national nutrition santé, stratégie nationale sport santé bien-être, programme national de lutte contre le tabac, plan national de mobilisation contre les addictions, feuille de route santé mentale et psychiatrie…).

Participer à des projets européens

Par ailleurs, Santé publique France participe également à des projets européens pour harmoniser les pratiques en matière de biosurveillance professionnelle (projets HBM4EU et PARC).

Quelques exemples de nos travaux

 

Programme de surveillance des maladies à caractère professionnel

Santé publique France s’est engagée à produire des indicateurs fiables et portant à la fois sur les expositions professionnelles et sur les principales pathologies en lien avec le travail. Les données épidémiologiques obtenues grâce au dispositif MCP sont des éléments indispensables pour aider les différents acteurs de la prévention (Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail, Caisse régionale d’assurance maladie, Comité régional de prévention des risques professionnels…) à définir et à élaborer des actions de prévention prioritaires sur des pathologies, des professions ou des secteurs d’activité particuliers, dans le cadre de plans régionaux tels que le Plan régional santé travail (PRST) ou le Plan régional santé publique (PRSP). 

Programme COSET

Le programme Coset est un dispositif longitudinal de surveillance de la santé en relation avec le travail. Il concerne toutes les situations professionnelles en France. Coset s’intéresse à des problématiques de santé variées (problèmes musculaires et articulaires, problèmes cardio-vasculaires et respiratoires, cancer, santé mentale...) et à tous les types de conditions de travail. Les résultats obtenus contribueront à améliorer la connaissance des liens entre conditions de travail et santé dans la population active en France et à proposer des recommandations en matière de prévention dans le monde du travail.

Surveillance des mésothéliomes en France : bilan des 20 ans de surveillance du Programme national de surveillance du mésothéliome pleural

Sur la période 2015-2016, 1 100 nouveaux cas de mésothéliomes pleuraux sont survenus en France annuellement dont 27% chez les femmes. Malgré l’interdiction de l’usage de l’amiante en 1997 et du fait de l’effet différé de 30 à 40 ans entre la 1ère exposition et la survenue d’un mésothéliome, l’incidence du mésothéliome pleural continue à augmenter en France et cette augmentation est encore plus marquée chez les femmes (doublement du nombre de nouveaux cas en 20 ans) que chez les hommes. Il est essentiel de renforcer les actions de prévention ciblées sur les expositions contemporaines à l’amiante, tant auprès des travailleurs et des jeunes en formation, des professionnels de santé que de la population générale et d’accroitre les actions d’information sur les possibilités de recours aux dispositifs de reconnaissance médico-sociale existants.

Enquête sur les pratiques de biosurveillance des expositions professionnelles en France

Cette enquête conduite en 2019 auprès d'une quarantaine de personnes de services de santé au travail, de laboratoires et de personnes expertes en toxicologie et biométrologie des expositions professionnelles montrent que les risques chimiques en entreprise sont encore souvent sous-évalués, en particulier dans les petites entreprises. La biosurveillance des expositions professionnelles reste d'un usage marginal dans les pratiques du médecin du travail au regard des expositions chimiques des travailleurs en France. 

Implication de Santé publique France au sein du projet HBM4EU pour développer une biosurveillance environnementale et professionnelle européenne

La Commission européenne a initié le programme de recherche HBM4EU (Human Biomonitoring for Europe) sur la période 2017-2021 pour développer la biosurveillance en Europe et harmoniser les pratiques existantes afin de rendre opérationnel cet outil à l’échelle du continent. En tant que pilote du programme national de biosurveillance, Santé publique France est fortement impliquée dans HBM4EU. 

Travailleurs salariés et non-salariés en France entre 2007 et 2015 : identification de différences professionnelles

Cette étude décrit l’évolution entre 2007 et 2015 des populations de salariés et non-salariés en France et leurs différences d’exposition aux poussières de farine, de céréales et au formaldéhyde à partir du croisement des données de recensement de la population avec trois matrices emplois-expositions du programme Matgéné. Cette étude met en évidence des différences d’exposition selon le statut du travailleur et montre que la population non salariée, qui est en progression en France sur la dernière décennie, est proportionnellement plus exposée que la population salariée. Ces résultats peuvent aider à orienter la prévention en ciblant les secteurs et les expositions professionnelles encore préoccupants, notamment pour la population non salariée non suivie par la médecine du travail. 

La santé mentale des travailleurs

Les maladies et troubles liés au travail, comme la souffrance psychique et l'épuisement professionnel, ont un lourd impact sur la santé publique en France. S’ils sont un fardeau important, les expositions aux facteurs de risque professionnels et les troubles et maladies associées sont évitables, grâce à des mesures préventives adaptées.

Survenue ou évolution de la lombalgie chez les travailleurs selon la situation de travail pendant le confinement, à partir des données de l'étude CovipPrev

Avec le premier confinement mis en place en mars 2020 pour lutter contre l'extension de l'épidémie de Covid-19, l'organisation professionnelle de la plupart des Français a fortement été modifiée, avec notamment des interruptions de travail, un déploiement massif du télétravail et des augmentations ou diminutions du rythme de travail. Il a été montré que cette situation de travail pendant le confinement était associée à un risque accru de survenue d'une lombalgie pour les nouveaux télétravailleurs et pour les travailleurs ayant continué à travailler à l’extérieur du domicile avec un rythme plus soutenu que d’habitude.Le déploiement de mesures de prévention est nécessaire pour réduire ce risque de lombalgie chez les travailleurs. 

Actions de promotion de la santé en milieu du travail

Lutter contre la sédentarité des télétravailleurs 

Depuis le début de la crise sanitaire, les risques liés au manque d'activité physique et à la sédentarité ont été accrus, notamment en période de confinement, du fait de la très forte réduction des opportunités de pratiquer une activité physique dans le cadre des loisirs, du travail ou des déplacements.

Mois sans tabac en milieu de travail

Depuis 2016, l’opération Mois sans Tabac propose à des organisations partenaires de relayer des messages de prévention du tabagisme auprès de leurs bénéficiaires ou collaborateurs via des partenariats et des outils spécifiques. En 2018, un bilan a été réalisé, il porte sur l’implication des entreprises dans l’opération. En 2019 et en 2020, cette implication s’est maintenue : en 2019, 1277 entreprises ont passé commande sur le site « Partenaires » de Mois sans Tabac, et celles-ci étaient 701 à le faire en 2020, malgré un contexte sanitaire peu propice.