Surveillance de la résistance bactérienne aux antibiotiques en soins de ville et en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Mission Primo : Résultats 2022

Publié le 14 mars 2024
Mis à jour le 6 mars 2024

Introduction : La mission Primo a pour objectif de surveiller et prévenir la résistance aux antibiotiques et les infections associées aux soins, en soins de ville et en secteur médico-social. Les données nationales 2022 de résistance aux antibiotiques en ville et en Ehpad portent sur trois espèces bactériennes d'intérêt (Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae et Staphylococcus aureus). Méthode : Du 1er janvier au 31 décembre 2022, les antibiogrammes de E. coli, K. pneumoniae et S. aureus isolés de prélèvements à visée diagnostique ont été collectés dans le réseau de 1 773 laboratoires de biologie médicale (LBM) répartis sur les 13 régions de France métropolitaine, de La Réunion et de la Guyane. La mission Spares a recueilli les antibiogrammes des Ehpad des établissements de santé. Les antibiogrammes des souches isolées de patients vivant à domicile ou résidents d'Ehpad ont été inclus dans l'analyse. Les prélèvements de dépistage et des établissements de santé étaient exclus. La résistance aux antibiotiques a été comparée entre les souches sensibles et résistantes aux C3G. Les proportions de souches pan-sensibles et résistantes à un ou plusieurs antibiotiques (bactéries multirésistantes) ont été calculées. Des analyses statistiques ont été effectuées en utilisant le test de Student ou une analyse de variance. Résultats : En 2022, 791 185 antibiogrammes réalisés sur les souches des Enterobacterales isolées de prélèvements urinaires ont été recueillis par les missions Primo et Spares (dont 85,0 % de E. coli et 9,9 % de K. pneumoniae). Chez les patients vivant à domicile, 3,3 % des souches de E. coli isolées étaient résistantes aux céphalosporines de troisième génération (C3G) et 3,0 % par production de bêta-lactamase à spectre étendu (BLSE). Au sein de la population des résidents en Ehpad, la résistance aux C3G concernait 8,5 % des souches de E. coli et 7,7 % par production de BLSE. La résistance aux fluoroquinolones (FQ) chez E. coli était de 12,6 % pour les souches isolées de patients à domicile et de 18,7 % pour celles isolées de résidents d'Ehpad. Chez K. pneumoniae, la production de BLSE concernait 7,7 % des souches isolées de patients à domicile et 19,0 % de celles isolées chez des résidents d'Ehpad, tandis que 12,4 % des souches étaient résistantes aux FQ chez les patients vivant à domicile et de 24,2 % chez les résidents d'Ehpad. Cent douze souches de E. coli et 84 souches de K. pneumoniae produisaient une carbapénémase chez les patients à domicile et 16 souches chez les résidents d'Ehpad pour les 2 espèces. Chez S. aureus, 6,9 % des souches isolées chez les patients vivant à domicile (prélèvements urinaires exclus) étaient résistantes à la méticilline, et 35,2 % dans les Ehpad. Conclusion : Depuis 2017, le pourcentage de souches urinaires de E. coli productrices de BLSE s'est stabilisé en soins de ville et a diminué en Ehpad, alors que la résistance aux FQ a augmenté en soins de ville et a diminué en Ehpad. Un faible nombre d'entérobactéries productrices de carbapénémases a été isolé de prélèvements à visée diagnostique en soins de ville et en Ehpad en 2022, cependant leur augmentation est à surveiller. La fosfomycine comme la nitrofurantoïne conservaient une bonne efficacité sur les souches de l'espèce E. coli dans les deux secteurs.

Auteur : Lemenand Olivier, Thibaut-Jovelin Sonia, Coeffic Thomas, Caillon Jocelyne
Année de publication : 2024
Pages : 102 p.
Collection : Données de surveillance