Surveillance de l'échinococcose alvéolaire en France : bilan de cinq années d'enregistrement, 2001-2005.

Publié le 4 juillet 2006
Mis à jour le 30 août 2019

L'échinococcose alvéolaire (EA) est une cestodose larvaire rare mais grave due au développement dans le foie de la larve d'Echinococcus multilocularis (E.multilocularis). Elle nécessite une prise en charge médico-chirurgicale, souvent encore très lourde qui ne pourrait que gagner à un diagnostic plus précoce. L'incidence annuelle dans les pays d'Europe atteint au maximum 0,74 pour 100 000 habitants (Jura suisse). Le cycle parasitaire fait intervenir des renards (mais aussi des chiens) comme hôtes définitifs et des campagnols comme hôtes intermédiaires. L'homme, hôte intermédiaire accidentel, se contamine par ingestion de végétaux crus, souillés par les fèces d'hôtes définitifs infectés ou par contact direct avec ces derniers. L'augmentation actuelle de la population des renards infectés, surveillée par l'ERZ (Entente contre la rage et autres zoonoses) et leur installation dans l'espace péri-urbain sont à l'origine de modifications épidémiologiques récentes : on assiste à un élargissement de la zone d'endémie européenne, et des cas urbains ont été rapportés. L'EA se caractérise par une latence clinique de 5 à 15 ans, et se comporte comme un cancer à évolution lente. Toutefois, des facteurs prédisposants immunogénétiques interviennent dans la susceptibilité ou la résistance à l'infection, expliquant ainsi l'existence de formes abortives. La chirurgie a longtemps été considérée comme la seule thérapeutique efficace pour l'EA. Plus récemment, l'administration au long cours d'albendazole (Eskazole®), de délivrance hospitalière pour cette indication, et le recours à des gestes de radiologie interventionnelle, ont permis d'améliorer considérablement le pronostic des formes inopérables de cette parasitose. Dans les formes dépassées, une transplantation hépatique (TH) peut être proposée. En 1997, un réseau européen a été constitué. Il a permis de répertorier 559 cas d?EA, diagnostiqués entre 1982 et 2000. L'équipe française s'est restructurée en 2003, sous la forme d'un réseau national, FrancEchino. L'objectif de ce réseau est de poursuivre la surveillance et, le cas échéant, de mettre en évidence des évolutions concernant les déterminants épidémiologiques, les aspects cliniques ou la prise en charge thérapeutique. Sa coordination est assurée, au coeur même de la zone d'endémie, par une équipe du CHU de Besançon, avec le soutien méthodologique d'un comité de pilotage scientifique et la participation de l'InVS. Nous rapportons ici les résultats des données recueillies pour les cas incidents de la période 2001-2005 et les comparons à ceux obtenus pour la période antérieure.

Auteur : Piarroux M, Bresson Hadni S, Capek I, Knapp J, Watelet J, Dumortier J, Abergel A, Minello A, Gerard A, Beytout J, Piarroux R, Kantelip B, Delabrousse E, Vaillant V, Vuitton DA
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2006, n°. 27-28, p. 206-8