Les troubles auditifs observés en milieu professionnel sont majoritairement attribués à l'exposition au bruit seul et ne prennent pas en compte une possible implication d'autres agents, tels que certaines substances chimiques. La réglementation française pour la prévention des risques professionnels d'exposition au bruit impose notamment à l'employeur, lors de son évaluation des risques, de prendre en considération les risques sur la santé résultant d'interactions entre le bruit et des substances ototoxiques d'origine professionnelle. Le CES VLEP de l'ANSES a mené une expertise méthodologique afin d'identifier les recommandations qu'il pouvait faire dans ce domaine. Il ressort de la revue de la littérature scientifique que l'association entre l'exposition professionnelle à certaines substances chimiques et une altération de la fonction auditive n'a été suggérée que récemment et que les données sont rares et souvent équivoques. Malgré ces limites, l'examen des données animales et épidémiologiques ont conduit les experts à recommander notamment : l'introduction d'une mention " ototoxique " signalant un risque d'atteinte auditive en cas de coexposition au bruit et à une substance agissant sur l'audition même avec une concentration en dessous des limites d'exposition recommandées afin que les préventeurs mettent en place des mesures appropriées ; l'attribution de cette mention aux substances chimiques pour lesquelles il existe un certain niveau de preuve sur leur éventuel effet ototoxique en cas de coexposition au bruit. L'application de ces dispositions aux substances déjà expertisées par le CES VLEP en matière de valeurs limites d'exposition professionnelle conduit à recommander une mention " ototoxique " pour le styrène, le toluène et le monoxyde de carbone.(R.A.)
33e Congrès National Santé Travail Lille 2014, Lille, 3-6 juin 2014
Auteur : Brunet D, Cointot M, El Yamani M, Comité d'experts spécialisé VLEP
Archives des Maladies Professionnelles et de l'Environnement, 2014, vol. 75, n°. 3 Suppl., p. S17
