Étude rétrospective des envenimations par les méduses en Guadeloupe entre 2010 et 2016 : peut-on parler de syndrome d'Irukandji ?

Publié le 20 février 2018
Mis à jour le 11 juin 2019

Introduction : en Guadeloupe, de nombreuses intoxications marines sont observées, en particulier causées par les méduses dont les piqûres peuvent entraîner un syndrome d'Irukandji (SI). L'objectif de cette étude était d'analyser les caractéristiques cliniques des SI à partir des cas d'envenimations reçus dans les services d'urgence des deux hôpitaux publics de la Guadeloupe, et de comparer les cas de SI aux cas de piqûres simples. Méthodes : tous les cas correspondant à une envenimation par une méduse ont été extraits à partir des bases de données des urgences entre le 1er janvier 2010 et le 1er septembre 2016. Le SI était défini par un contact évoqué avec une méduse et au moins un signe parmi les suivants : céphalée, nausée, anxiété, vomissements, sueurs, agitation, crampes musculaires des quatre membres, douleurs intenses lombo-sacrées ou thoraco-abdominales. Résultats : deux-cent-onze envenimations ont été répertoriées, parmi lesquelles 45,0% se sont produites entre le 22e et le 26e jour de lune des mois de juin à septembre. Quatre-vingt-quinze patients avaient un SI, dont 3 ont présenté un oedème de Quincke et 1 une décompensation cardiaque. D'autres signes cliniques ont été associés à un SI comparativement aux cas de piqûre simples : l'hypertension artérielle (51,6% vs 18,1%, p <0,001), les tremblements (32,6% vs 14,7%, p=0,0014), les paresthésies (20,0% vs 10,3%, p=0,049), les dyspnées (13,7% vs 3,4%, p=0,006) et l'intensité de la douleur selon l'échelle visuelle analogique (7,5 ± 2,6 vs 6,0 ± 2,6, p=0,001). Discussion-conclusion : dans les services d'urgences de la Guadeloupe, l'envenimation par les méduses était fréquemment associée à un SI. Celui-ci serait principalement dû à l'espèce Alatina alata, dont la périodicité de l'occurrence est corrélée aux saisons et au cycle lunaire. Si les patients présentaient une symptomatologie légèrement moins grave que celle observée dans des études australiennes, un cas de décompensation cardiaque, le premier hors du Pacifique, a été relevé.

Auteur : Boucaud Maitre D, Bouyer Monot D, Ferracci S, Pelczar S
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2018, n°. 4, p. 56-61