Ce frelon asiatique qui fait si peur : quoi de neuf en urgence ?

Publié le 1 juin 2015
Mis à jour le 11 juin 2019

Objectif : le Frelon asiatique (Vespa velutina) (Vv) est un hyménoptère asiatique signalé pour la 1re fois en France dans le Lot-et-Garonne en 2004 [1]. Depuis, Vv progresse d'environ 100 km par an vers le Nord et l'Ouest. En 2013, l'espèce avait colonisé 62 départements, soit plus de 50 % du territoire français. Un premier rapport de toxicovigilance sur Vv a été publié en 2009 [2]. L'étude présente refait le point sur la situation en métropole entre 2009 et 2013. Méthodes : deux sources de données ont été étudiées en vue d'établir un bilan sanitaire des envenimations par hyménoptères sur le territoire national de 2009 à 2013 (période de surveillance d'avril à octobre) : le système de surveillance sanitaire des urgences et des décès (SurSaUD®/Oscour®) et le système d'information commun des centres antipoison (Sicap). Résultats : dans les données SurSaUD®/Oscour®, les pics estivaux entre 2009 et 2013 étaient de 308 à 889 cas par semaine, correspondant à 2,8 à 3,5 cas pour 1 000 passages aux urgences toutes causes confondues. Dans Sicap sur la même période, 2 816 piqûres d'hyménoptères ont été rapportées aux CAPTV avec des pics hebdomadaires estivaux de 37 à 56 cas d'envenimation, soit 24,5 à 33,8 piqûres pour 1 000 cas d'exposition tous agents confondus. Il existe une très étroite corrélation entre les données SurSaUD®/Oscour®et les données Sicap avec un rapport de 10 environ entre les 2 sources de données. Au niveau national dans Sicap, 202 cas graves de piqûre d'hyménoptère ont été recensés de 2009 à 2013, soit 7,2 % du nombre total de cas. Les manifestations cliniques rapportées pour ces cas graves étaient : oedème facial/Quincke (37,6 %), urticaire (36,6 %) et choc anaphylactique (23,8 %). Parmi les 2 816 cas d'envenimation par hyménoptères, 540 cas (19 %) faisaient mention d'une piqûre de frelon sans en préciser l'espèce et 135 cas (5 %) faisaient mention d'une piqûre de frelon asiatique. Une augmentation des cas associés aux piqûres de frelons asiatiques est mise en évidence (n < 10 cas en 2009 vs n > 30 depuis 2011), mais attention au biais de notoriété. De 2009 à 2013, 71 cas graves de piqûres par frelons sur un total de 202 cas graves (35 %), dont 17 en lien avec des frelons asiatiques, ont été recensés depuis 2009 dans le Sicap, soit moins de 25 cas par an. Sur ces 5 ans, 4 décès l'agent " frelons asiatiques " ont été recensés dans Sicap, l'espèce ayant été formellement identifiée pour un seul de ces dossiers. Deux décès datent de 2011 (femme de 59 ans et homme de 65 ans en Aquitaine) et les 2 autres de 2012 (femme de 68 ans en PACA et homme de 54 ans en Pays-de-Loire). Ces 4 décès ont tous été liés à un choc anaphylactique. Trois des patients avaient des antécédents connus d'allergie aux venins d'hyménoptères : elles auraient donc pu développer des complications suite à une piqûre par un hyménoptère autre qu'un frelon asiatique. Conclusion : entre 2009 et 2013, un nombre stable de piqûres d'hyménoptères a été recensé dans le Sicap et par le réseau Oscour®. L'incidence annuelle des cas d'envenimation est restée constante, malgré l'extension de Vv au niveau national. Pendant les 5 années d'étude, les cas graves liés à des frelons (dont Vv) sont restés peu fréquents (moins de 25 cas/an) et les décès recensés par les CAPTV sont rares. Les piqûres par des frelons asiatiques ne semblent pas constituer un sur-risque de gravité par rapport aux piqûres par d'autres espèces d'hyménoptères.

23e congrès SFTA et 53e congrès STC, Arcachon, 2-5 juin 2015

Auteur : Viriot D, Sinno Tellier S, de Haro L
Toxicologie Analytique et Clinique, 2015, vol. 27, n°. 2, supplément, p. S30