Imprégnation de la population française par les bisphénols A, S et F : Programme national de biosurveillance, Esteban 2014-2016

Publié le 3 septembre 2019
Mis à jour le 22 janvier 2020

Les bisphénols (A, S et F) sont des substances chimiques de synthèse principalement utilisés dans la production de polycarbonates et de résines époxy. Ces composés sont retrouvés dans la fabrication d'équipements électroniques, d'emballages alimentaires, de papiers thermiques, de peintures ou encore de vernis. Les bisphénols S et F sont utilisés depuis plusieurs années comme alternatives au bisphénol A (BPA), mais leur production reste minoritaire. Le bisphénol A est défini comme perturbateur endocrinien par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), " présumé toxique pour la reproduction " et classée comme substance très préoccupante " par l'Agence européenne des substances chimique (ECHA) et est suspecté d'être associé à de nombreuses pathologies (diabète, obésité, maladies cardiovasculaires, respiratoires, rénales, cancers). Les données concernant les bisphénols S et F font encore défauts, néanmoins certaines études montrent qu'ils jouent un rôle de perturbateur endocrinien similaire au BPA. Dans le cadre du programme national de biosurveillance, l'étude transversale Esteban a permis de mesurer pour la première fois dans la population française continentale les niveaux d'imprégnation par les bisphénols A, S et F et d'en rechercher les déterminants. La mesure des concentrations urinaires en bisphénols a été réalisée à partir d'un souséchantillon de 500 enfants et 900 adultes, âgés de 6 à 74 ans, inclus dans l'étude entre avril 2014 et mars 2016. Les bisphénols A, S et F ont été détectés dans la quasi-totalité des échantillons ; les moyennes géométriques en BPA étaient respectivement de 2,25 et 2,69 µg/g de créatinine chez les enfants et les adultes ; égales à 0,44 et 0,53 µg/g de créatinine pour les bisphénols S (BPS) et de 0,26 et 0,31 µg/g de créatinine pour les bisphénols F (BPF). L'imprégnation par les bisphénols était plus importante chez les enfants que chez les adultes. Les résultats obtenus étaient proches de ceux observés dans les pays nord-américains. La recherche des déterminants de l'imprégnation montrait une augmentation des concentrations en BPS et BPF chez les enfants avec l'achat de poissons pré-emballés et le fait d'aérer moins régulièrement son logement. Chez les adultes, l'imprégnation par les BPS augmentait avec la consommation d'aliments pré-emballés. Les associations mises en évidence dans l'étude Esteban doivent être interprétées avec précaution car les études transversales ne permettent pas à elles-seules de déterminer la causalité entre les sources d'exposition potentielles étudiées et les niveaux d'imprégnation mesurés, notamment pour les biomarqueurs d'exposition à demi-vie courte, tels que les bisphénols, dosés à partir d'un prélèvement biologique unique et ponctuel. Au vu de la règlementation et des restrictions récentes sur les limites de migration du BPA dans les contenants alimentaires notamment, de l'utilisation croissante de ses substituts, il sera important de suivre les tendances temporelles des niveaux d'imprégnation de la population française par les bisphénols A, S et F.

Auteur : Balicco Alexis, Bidondo Marie-Laure, Fillol Clémence, Gane Jessica, Oleko Amivi, Saoudi Abdessattar, Zeghnoun Abdelkrim
Année de publication : 2019
Pages : 58 p.
Collection : Études et enquêtes