L'été 2003 est le plus chaud qu'ait connu la France depuis 53 ans. Une vague de chaleur d'une intensité exceptionnelle est survenue durant la première quinzaine d'août avec des températures maximales et minimales significativement au-dessus des normales saisonnières. La vague de chaleur d'août 2003 s'est accompagnée d'une pollution par l'ozone marquée, tant en durée qu'en intensité. Plusieurs enquêtes épidémiologiques ont été mises en place en urgence avec pour objectif l'évaluation des conséquences sanitaires à court terme de la vague de chaleur. Le nombre cumulé des décès en excès d'environ 14 800 entre le 1er et le 20 août, soit une augmentation de 60% par rapport à la mortalité attendue (enquête Inserm). La surmortalité a touché l'ensemble de la France, même dans les départements où le nombre de jours caniculaires était faible. Ce résultat est corroboré par l'enquête "13 villes". Globalement, la surmortalité a concerné plus les villes que leur région respective. Ces enquêtes ont également permis une première description des caractéristiques des personnes décédées pendant la vague de chaleur. Elles montrent que ce sont les personnes âgées qui paient le plus lourd tribut et suggèrent que les personnes peu autonomes ou souffrant d'un handicap physique, ou d'une maladie mentale ont été les plus vulnérables à la chaleur. Les informations recensées auprès des autres pays européens accréditent un impact sanitaire de différentes vagues de chaleur survenues à des périodes et avec des intensités diverses en Europe occidentale durant l'été 2003. Il semble bien que la France soit le pays européen qui a été le plus touché par la vague de chaleur. Afin de pouvoir comparer le bilan de l'impact sanitaire de cet été exceptionnellement chaud entre les différents pays, une harmonisation des méthodes est indispensable, que ce soit pour la définition des indicateurs d'exposition comme des indicateurs d'effets. Une collaboration suivie entre les experts des différents pays doit être développée par l'élaboration de programmes de recherche internationaux. Devant l'ampleur de l'impact sanitaire de la vague de chaleur d'août 2003 en France, des études ou actions dans le champ de la surveillance et de l'alerte ont été mises en place. Un partenariat a été développé avec Météo France afin d'élaborer un système d'alerte opérationnel, partie intégrante d'un plan national d'actions mis en place par les autorités sanitaires pour faire face à de futures vagues de chaleur. Une analyse des données historiques de météorologie et de mortalité a été conduite dans 14 villes pour définir les indicateurs et les seuils d'alerte les plus adéquats. L'analyse de la part de la pollution atmosphérique dans les conséquences sanitaires de la vague de chaleur 2003 sera réalisée dans les mois qui viennent, dans le cadre du programme PSAS 9. Des études épidémiologiques visant à identifier les facteurs de risque de décès à domicile et en institution liés à la canicule sont en cours. La vague de chaleur d'août 2003 a eu un impact sanitaire majeur en France. Cet événement a conduit à la remise en question de notre système de santé publique dans sa capacité à anticiper ce type de crise. Les collaborations développées à cette occasion et l'ensemble des actions et études mises en place visent à alimenter la réflexion sur la mise en place de stratégies de prévention efficaces. (R.A.)
Auteur : Ledrans M, Pirard P, Tillaut H, Pascal M, Vandentorren S, Suzan F, Salines G, Le Tertre A, Medina S, Maulpoix A, Berat B, Carre N, Ermanel C, Isnard H, Ravault C, Delmas MC
La Revue du praticien, 2004, vol. 54, n°. 12, p. 1289-97