Différences sociales dans les troubles de la santé mentale en population salariée : résultats issus de l'enquête Samotrace

Publié le 1 novembre 2011
Mis à jour le 6 septembre 2019

Des inégalités sociales pour les troubles de la santé mentale ont été montrées, les catégories sociales les plus défavorisées étant les plus à risque pour ces troubles. Toutefois, ces inégalités ne sont pas toujours observées et les résultats peuvent varier selon le trouble de santé mentale et l'indicateur de position sociale étudiés. Cette étude vise à explorer l'association entre la position sociale (niveau d'études et profession) et certains troubles de la santé mentale (souffrance psychique via l'échelle du GHQ28 et ses quatre sous-dimensions, symptômes dépressifs, anxieux, somatiques et dysfonctionnement social, consommation de psychotropes, consommation excessive d'alcool et statut tabagique) dans l'échantillon Samotrace composé de 6056 salariés des régions Centre, Pays-de-Loire et Poitou-Charentes. Les différences sociales observées pour les symptômes dépressifs et la prise de psychotropes, pour lesquels les salariés les moins diplômés et ouvriers avaient les prévalences les plus élevées, ne persistent pas après ajustement sur l'âge et des facteurs de risque dits classiques des troubles de la santé mentale (situation familiale, soutien social, événements de vie, antécédents familiaux de dépression). Les forts gradients sociaux observés pour le statut tabagique persistent après ajustement. Des gradients sociaux inverses persistent après ajustement pour certains marqueurs de santé mentale : les salariés les plus diplômés et les cadres sont les plus à risque pour la souffrance psychique, et notamment les symptômes anxieux, somatiques et le dysfonctionnement social, surtout chez les hommes. Cette étude suggère que les facteurs de risque classiques des troubles de la santé mentale sont distribués inégalement en fonction de la position sociale et qu'ils peuvent contribuer à expliquer au moins en partie les inégalités sociales dans les symptômes dépressifs et la prise de psychotropes.

Auteur : Murcia M, Chastang JF, Cohidon C, Niedhammer I
Santé publique, 2011, vol. 23, p. S59-73