Surveillance post incendie de la cathédrale Notre-Dame : pas d’augmentation significative des plombémies infantiles

A la suite de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, survenu le 15 avril 2019, et des recommandations de dépistage du saturnisme émises par l’Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France une surveillance des plombémies de l’enfant a été réalisée dès le mois de juin 2019 par la cellule régionale de Santé publique France, avec le Centre Antipoison et de Toxicovigilance (CAPTV) de Paris.

Publié le 20 juillet 2021

Sur plus de 1 200 dépistages dans des écoles des arrondissements exposés aux fumées, 13 cas de saturnisme (plombémie supérieure ou égale à 50 µg/L) ont été détectés. Les niveaux d’imprégnation des enfants résidant autour de Notre-Dame étaient proches de ceux estimés en population générale et plus faibles que ceux des enfants dépistés à Paris sur la période 2015-20181. Si les enquêtes environnementales menées autour des 13 enfants atteints de saturnisme ne permettent pas d’exclure une exposition liée à l’incendie, elles ont révélé, pour la totalité des enfants atteints de saturnisme, une source d’exposition au plomb indépendante de l’incendie.

D’avril à fin décembre 2019 : 50 fois plus de dépistages réalisés et 13 cas de saturnisme infantile détectés

Après l’incendie, un dispositif de surveillance sanitaire renforcé a été mis en place et des mesures de prévention et de gestion ont été recommandées par l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France. À la suite des recommandations de dépistage du saturnisme émises par l’ARS, une surveillance des plombémies de l’enfant a été réalisée dès le mois de juin 2019 par Santé publique France Île-de-France, avec le Centre Antipoison et de Toxicovigilance (CAPTV) de Paris. Cette surveillance consistait à décrire l’activité de dépistage entre le 15 avril et le 31 décembre 2019, les niveaux de plomb sanguin des enfants dépistés, le nombre de cas de saturnisme infantile et les sources d’intoxication identifiées pour ces derniers. Les résultats publiés aujourd’hui montrent que : 

  • Entre le 15 avril et le 31 décembre 2019, 1 222 plombémies de primo-dépistage ont été réalisées chez des enfants de 0 à 17 ans résidant dans les 1er, 4ème, 5ème, 6ème et 7ème arrondissements de Paris concernés par les recommandations de dépistage.
  • Le nombre d’enfants testés pour la première fois était 50 fois supérieur à celui enregistré annuellement sur la période de 2015 à 2018 dans ces arrondissements par le Système national de surveillance des plombémies chez l’enfant (SNSPE) du CAPTV d’Île-de-France. 
  • 83% des enfants résidant sur l’ile de la Cité et 34% résidant dans la zone de plus fortes retombées de poussières ont été dépistés.
  • Parmi les 1 222 enfants dépistés, 13 (1,5%) présentaient une plombémie supérieure ou égale à 50 μg/L, un niveau définissant le saturnisme et nécessitant une déclaration obligatoire, une enquête environnementale et des mesures de protection.
  • Les niveaux d’imprégnation des enfants dépistés autour de Notre-Dame étaient, en revanche, proches de ceux estimés en population générale chez les enfants de moins de 7 ans dans l’étude Saturn-Inf en 2009 et chez les enfants âgés de 6 à 10 ans dans l’étude Esteban en 2014-2016.

Une enquête environnementale pour identifier les potentielles sources d’exposition 

Les résultats de cette surveillance suggèrent que l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris n’est pas associé à une augmentation des niveaux de plombémie chez les enfants dans le périmètre de fortes retombées de poussières de plomb. L’identification de 13 cas de saturnisme pour lesquels d’autres expositions au plomb non liées à l’incendie ont été retrouvées, incite à renforcer la mobilisation des professionnels de santé au dépistage « habituel » du saturnisme dans l’ensemble des quartiers de Paris. L’information des familles et des propriétaires bailleurs aux risques liés aux revêtements en plomb laminé dans l’habitat ainsi que des méthodes de recouvrement pour prévenir de nouvelles intoxications est essentielle. Enfin, la persistance de sources et la connaissance d’effets démontrés du plomb à faible dose, encouragent aussi à poursuivre les efforts de réduction des expositions.
Anne Etchevers, épidémiologiste à Santé publique France Ile-de-France 

Les 13 enfants atteints de saturnisme ont été identifiés dans les 1er, 4ème, 5ème, 6ème et 7ème arrondissements. Le prélèvement de sang a été réalisé entre 33 et 214 jours après l’incendie de la cathédrale (144 jours en moyenne) et pour 50% des enfants, presque 5 mois après l’incendie. Aucune corrélation n’a été observée entre le niveau de plombémie mesuré et le délai entre la date de l’incendie et le prélèvement. Les enfants étaient âgés de 9 mois à 7 ans et fréquentaient des établissements scolaires différents ou étaient gardés au domicile ou en crèche. L’enquête environnementale menée au domicile de chaque enfant, soit 12 foyers enquêtés, a montré que :

  • Les sources d’exposition principales des enfants atteints de saturnisme, identifiées lors de l’enquête environnementale, étaient multiples (de 1 à 5 sources possibles selon les enfants).
  • Les sources de plomb identifiées sont celles retrouvées habituellement dans l’habitat ancien parisien avec une fréquence élevée de revêtements en plomb laminé sur les balcons ou terrasses des logements (10/13 cas).
  • Aucune source en lien direct avec l’incendie n’a pu être mise en évidence. 

1 chez les enfants de moins de 7 ans dans l’étude Saturn-Inf en 2009 et chez les enfants âgés de 6 à 10 ans dans l’étude Esteban en 2014-2016.

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Communiqué de presse

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